Par Lucien SA Oulahbib
Les prétentions des idéologues sinon à la mode du
moins énoncés tels montent dorénavant aux extrêmes faute de prise sur le réel,
sur ce qui "est" sensible pour des millions de personnes (sensations
diffuses et aussi très précises d'insécurité culturelle, politique,
économique…). Ainsi autant nier pour eux encore plus celles-ci plutôt que de se
remettre en cause.
Loin de se demander par exemple pourquoi l'Afrique a bien du mal à se
développer alors que l'Asie fait bien mieux (toutes choses égales par ailleurs)
il convient de mettre en cause d'abord la (dé)colonisation, -surtout refuser
d'admettre que le colon blanc n'est pas l'inventeur de la domination
(masculine) générale et en particulier (l'esclavage) jusqu'à reprocher
pour finir à autrui ce que l'on est devenu en vue d'extirper de soi ce que
l'Histoire a enfanté en soi, comme si le passé d'avant la colonisation était
pétri d'une authenticité existentielle telle qu'il faudrait à tout prix le
ressusciter.
Il y a là des ferments d'ultranationalisme à rebours qui ne sont pas le
seul apanage des "blancs déclassés ou revanchards" et qui viennent se
cristalliser (comme dans les années 60 et les années 30…) dans l'idée qu'un
retour aux "ancêtres" qui permettrait de "retrouver la grandeur
de leurs racines" comme si celles-ci pouvaient garantir la possibilité de
maîtriser un présent si honni.
La montée aux extrêmes de ce que l'on peut appeler le post-tiers-mondisme
anti-moderne totalitaire d'un côté et le courant
identitaire anti-moderne, totalitaire, anti-assimilationniste et
remigrationniste de l'autre côté est telle qu'ils en viennent, aux
avant-gardes, à sombrer à la fois dans la nostalgie d'un passé soit
pré-colonial soit prémoderne, passé magnifié et aux défauts toujours exogènes
ou psychiques (critique de la "mollesse" supposée quelle soit
"bourgeoise" pour les uns, "métèque, rationaliste" pour les
autres) jusqu'à balayer ce que la modernité et la colonisation ont pu apporté
de "positif", réfutant jusqu'à sa dimension critique alors que
celle-ci charrie aussi des analyses et des comportements qui remettent
précisément en cause l'idée d'une supériorité en soi d'une ethnie sur une
autre, d'une civilisation sur une autre, d'un modèle de développement sur un
autre. La critique "du" capitalisme mondialisée est née en Europe,
pas ailleurs.
Il est vrai cependant que sur certains points, il est possible de
soutenir que notre civilisation européenne