mardi 10 mai 2016

Destruction de la femme moderne

Par Lucien SA Oulahbib 

Quand et, surtout, comment a-t-elle été détruite ? Sans doute en même temps que la démocratie la liberté l'égalité des chances, la politesse, l'amitié, l'amour, la parité homme/femme lorsque cette dernière n'est pas moderne c'est-à-dire juste équitable collaborative…
Tous ces acquis civilisationnels devenus universaux depuis peu sont aujourd'hui violemment attaqués sous nos yeux par l'hypocrite égalitarisme anti-moderne en réalité avec son différentialisme culturel toute cette grimace cruelle en creux écoulant les temps révolus, toute cette ombre morbide voilant le côté sombre de ceux qui savent pourtant de quel coté du manche ils sont (et qui peuvent faire pression pour assouvir leur soif de prégnance, même si l'on est socialiste ou écologiste...).
Toute cette sculpture, teigneuse, surgit, façon art contemporain, sous des traits à la fois très
moraux (sus aux riches) et très métaphysiques (théorie de la confusion des sexes et des rôles). Cette monstruosité en réalité se construit, de plus en plus, à l'ombre des niches politiques en fleur incrustées dans les alcôves mielleuses d'un pouvoir de plus en plus cynique qui envoûte ("cela va mieux") et assaille jusque dans les entrailles des ascenseurs au nom du féminisme…
Une société néo-oligarchique et ploutocratique consumériste en diable déploie donc sa toile de plus en plus totalitaire, masquée toujours bien entendu par cette façade "républicaine" avec fronton pompeux ("fraternité"…) et rouge à lèvres, drapeau officiel de plus en plus réduit à un néo puritanisme (de pure forme) celui d'une frugalité sectaire vouant aux gémonies tous les atours distingués de la séduction séculaire émanant de l'altérité des métiers, des rôles, des sexes. Même la Terre est sommée de s'y plier.
Gabrielle Cluzel montre bien par exemple que le lent travail séculaire visant à considérer la présence féminine comme d'une importance spécifique, de plus en plus cruciale universellement parlant, ne date pas des années 60 puisqu'elle plonge, au delà de l'amour courtois -celui d'Abélard et Eloïse, vers cette époque du Christ défendant Marie-Madeleine, huilant les pieds de la supposée pécheresse, refusant de "lui jeter la première pierre".


Cette destruction de la femme moderne, associant justice et liberté, et que diagnostique également Eugénie Bastié, ne se perçoit plus seulement dans l'inégalité quantitative persistante des conditions (ainsi la parité chez les élus et dans les salaires n'est toujours pas atteinte) mais aussi, et plutôt même, dans la détérioration qualitative de la condition féminine, opérée, ce qui est par contre nouveau, par celles-là mêmes qui prétendaient l'améliorer.
En effet, la somme des acquis qualitatifs péniblement accumulés y compris dans et contre les sociétés dites "patriarcales" se détruisent sous nos yeux à l'aulne de cette ambition technicienne néo-communiste visant à égaliser opiniâtrement hommes et femmes comme l'on égalise les pieds d'une chaise avant de s'assoir dessus, avant de les effacer peu à peu sous nos yeux dans leur spécificité sexuelle et psychologique par cette "théorie du genre" confondant, exprès, leurs rôles sociaux évolutifs et leurs différences psychologiques et physiologiques.


Ainsi, par un paradoxe inouï, la supposée "libération sexuelle", a rendue plus dépendante voire même esclave les femmes à la nécessité de précariser leurs liens affectifs (la passion d'un instant au détriment de l'amour durable) sous peine de paraître "réac" (même l'idée de "couple" est sujette à caution) tandis que les hommes se voient sommés de donjuaniser leur performance érotique alors que même "Gainsbarre" avait avancé que "l'amour physique est sans issue" laissant ainsi entendre que la saturation de la relation réduite au seul appétit sexuel articulé à un effet de pouvoir (le "baiser utile" ou la prostitution tacite) entraîne nécessairement une lassitude et un cynisme s'auto-alimentant par une consommation insatiable de corps différents qui sont autant d'impasses ou de fausses portes d'un train fantôme (et non plus d'un tramway) nommé désir.
La dite émancipation a créé un donjuanisme absolu de type sadien (l'objet du désir, Justine, doit être détruit(e) à la fin) dont profite surtout les hommes, même si certaines femmes ont pu légitimer également une tendance amazone supposée mais en réalité bien plus fantasmée. Or, toute liberté sans son affinement visant à la qualité des sentiments, peut se réduire, comme l'a montré pourtant l'humanisme des poètes de la Pléiade, à une quantité d'excitations allant d'un appât du gain effréné à ce tableau de chasse bien connu depuis les temps immémoriaux étalant bien plus des proies passives que des conquêtes réelles en réalité.
Même les femmes se voilant désormais de la tête aux pieds n'y changeront rien puisque leur prétention à faire miroiter une exclusivité à celui qui les choisirait n'arrêteront pas cette tendance forte à les réduire encore plus au rôle de trophées ou de prothèses (tentant de pallier à cette fatalité par des selfies ou auto-portraits numériques éperdus).
Que s'est-il passé ? Comment se fait-il se demande Gabrielle Cluzel, que le fait de tenir une porte pour laisser passer une femme, se lever dans le transport public dès sa présence, porter ses lourds paquets, ait été effacé parce que "sexiste", au profit d'une agressivité sourde envers elle, sommée de répondre aux avances de plus en plus crues indexées à la coquetterie de sa toilette, agressivité émise en particulier par certains mâles (en politique ou en "paix" religieuse) ayant depuis longtemps identifiés une femme élégante et séduisante cheveux, libres, au vent, à une femme légère pour ne pas en dire plus ?…
La réponse offerte par certaines municipalités, en Allemagne par exemple, suite sans doute au viol collectif à Cologne le 31 décembre dernier, consiste à proposer un wagon uniquement féminin ! Ce qui n'est pas pour déplaire à certains voyant ainsi leurs analyses confirmées sur la nécessité d'effacer la présence féminine dans nos rues. D'autres comme Catherine Haas, à la suite de l'affaire Baupin, en appelle à remettre au goût du jour les ABCD de l'égalité alors que ceux-ci sont précisément une arme contre l'altérité, réduisant les corps à des "care" indifférenciés stockés avec morgue dans la morgue sociale que devient notre société aseptisée, transformée en handicapé(e)s assisté(e)s corps aux pièces de plus en plus interchangeables sous perfusion étatique.
Le corps féminin serait donc seulement un objet de puissance, une effigie, qu'il s'agit de cacher, voiler, par "pudeur" alors qu'une femme seyante mettant en valeur ses atours bien plus par esthétisme et joie de vivre que seule volonté d'attiser la volupté mâle n'aurait ainsi pas le droit d'être libre sauf si elle s'offre le plus vite possible la sommant même de se débarrasser de toute entrave comme un enfant "non désiré", l'avortement tenant lieu de contraception de fait souligne Gabrielle Cluzel.
D'où les dégâts démographiques, pouvant être compensés par un solde migratoire positif s'empressent d'affirmer les démographes officiels ; sauf que même les "gains" de ce solde deviennent aléatoires puisque les secondes et troisièmes générations de femmes immigrées diminuent elles aussi les enfantements, incitant dans ce cas à élargir encore plus la recherche de femmes plus soumises comme l'a montré Michèle Tribalat, allant ainsi chercher au "bled" celles dont le voile promet "la" fidélité et le métier de boniche gratuite ; mais cette soumission reste bien factice en réalité, laissant plutôt après multiples séparations une multitude d'enfants sans foyer stable, susceptibles dans ce cas d'être enrôlés dans ces discours haineux avançant que l'Algérie en 1830 était une puissance aussi forte que l'Allemagne comme la propagande FLN l'édifiait en son temps. Aujourd'hui les mêmes ou quasiment avanceront que la Palestine était une puissance du même acabit en 1947…
Si l'on s'en tient aux conséquences démographiques du "suicide" occidental à base d'avortement tenant lieu de contraception n'est-ce pas là, en creux, le fond des débats entre les mondialistes multiculturalistes et les protectionnistes racialistes les premiers sommant le monde de venir avec bras et ventre (oubliant l'âme) et les seconds en appelant seulement à la résistance contre le "grand Remplacement" alors que cette défensive s'avère bien peu efficace en réalité ?
Ne serait-il pas déjà possible (en plus des redéfinitions de diverses politiques publiques) qu'une vigoureuse politique familiale de type collaborative avec accompagnements et crèches d'entreprises (remises à la mode chez Google, Facebook…) par ailleurs défalquées sur l'impôt puissent pallier à la fois à une politique contraceptive basée surtout sur l'avortement et à la fois à une politique de regroupement familial inconsidérée puisqu'elle se fait sur des bases  racialistes/communautaristes en réalité ?…
Mais toutes ces questions sont les nouveaux tabous d'une même classe politique et intellectuelle standardisée mondialement qui préfère les brandir quand il s'agit de faire peur, tout en les cachant fébrilement comme la poussière sous le tapis en période électorale, tout en dénonçant la paille populiste dans l'oeil de ceux qui dénoncent leur propre poutre si vermoulue qu'elle fait maintenant vaciller tout l'édifice français, européen, occidental, mondial, la condition de la femme moderne en premier lieu.
Le 10/5/2016 

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