Comment peut-on soutenir des factions, à gauche, n'ayant comme seule horizon au pis de nous faire revenir à 1793 au mieux de nous transformer en Venezuela version contemporaine ? Tandis que d'autres officines, à droite, rêvent au grand retour d'avant 1789 (qui a précisément amené à…1789) sans parler de toutes les autres écuries rouges/noires/brunes rêvant, elles, au Grand Soir sans autre forme de procès ?
Une analyse viable de ce qui permet actuellement la croissance de ces factions ne peut se satisfaire d'une découpe, intéressante cependant, façon Emmanuel Todd stipulant que la décomposition globale des sociétés issus de "la" mondialisation financiarisé articulée au vieillissement de la population rend bien plus difficile l'éclosion de révolutionnaires de plus de quarante ans, ce qui impliquerait qu'un tel phénomène ne puisse aller bien loin au-delà des esbroufes rhétoriques battant le pavé à défaut d'autre chose.
Sauf qu'en France autre chose se joue expliquant que ce soutien factieux peut tout de même déboucher sur quelque chose bégayant la Terreur, surtout si le bras armé provient de leurs enfants et petits-enfants désirant, eux, le déclassement (tel ces Bernanos, petits-fils, avides d'affrontements sans
queue ni tête), rêvant de 1848, 1871, 1968 pour oublier l'effondrement de 1940 ou l' envie démesurée d'en découdre, en soi, provenant, à gauche, des déclassés idéalistes à la Ruffin provenant de la lumpen intelligentsia post culturelle nourrie au sous-marxisme et hugolisme du bourdieuisme/foucaldisme (la violence, l'envie, ne sont que le produit de la "domination") et provenant, à droite, d'une sous-aristocratie post Chateaubriand et Maurras d'un côté, d'une sous-bourgeoisie de robe, d'État, et d'affaires, de l'autre, n'ayant pas encore compris pourquoi 1789 a eu lieu pas plus que 1940 et 1958, pourquoi sont-ils autant sur la défensive, pourquoi leur connivence pétainiste pour certains n'a pas été relativisée par la connivence "goulaguienne" de Lénine à Pol Pot alors que la première sert de prétexte pour masquer la seconde (avec comme conséquence l'impossibilité de voir un jour le FN être légitimé, même hyper dédiabolisé par un programme économique ultra-colbertiste).
Nous voilà entre deux feux. Ni la gauche et ses extrêmes ne sont à même de saisir qu'il n'y a pas d'égalité et de fraternité sans liberté pourtant bien placé en premier dans la devise malgré l'ordre alphabétique. Ses tenants se targuent de récuser ce premier rang sous le prétexte que les régimes de liberté ne sont pas parfaits. Mais c'est là reproduire une vision scientiste des choses qui reste persuadée de cette possibilité absolue de pouvoir résoudre les problèmes une fois pour toutes alors qu'ils sont permanents tout comme le conflit l'injustice ce qui nécessite une lutte permanente pour maintenir l'interaction stable entre les trois notions de la devise républicaine socle à vrai dire de l'universalité morphologique des droits humains (voir mon livre Être et vérité, seconde partie, 2016).
De même, ni la droite et ses extrêmes ne sont capables de comprendre qu'il ne suffit pas de se parer de légalité pour devenir légitime (c'est à vrai dire identique pour la gauche) ou qu'il faille se résigner à ce que la protection du Bien Commun se limitât à un aspect contractuel alors qu'il s'agit aussi de maintenir en dynamique et non pas seulement en statique une société d'individus, ce qui implique d'intervenir au-delà du contrat et dans le respect des instances autonomes gardiennes des contre-pouvoirs parce qu'il s'agit de continuer à conserver les acquis, même s'il s'agit aussi de les affiner ; ce qui distingue là la notion de conservation de celle de réaction car cette dernière refuse l'affinement, l'évolution, à la différence de la conservation du moins positive qui veut juste que les acquis soit préservés parce qu'ils permettent la persistance en stance d'une culture, d'un peuple.
Ceci implique d'ailleurs que la réaction puisse être aussi de gauche quand elle refuse toute évolution, par exemple dans l'organisation du travail, ou dans l'idée de préserver des acquis civilisationnels comme l'intégration assimilatrice ; mais la droite peut l'être également réactionnaire sur ces deux plans on le sait un peu plus, surtout lorsqu'elle ne voit pas ou ne veut pas voir que l'évolution peut aussi toucher des acquis ce qui implique d'en proposer d'autres pour compenser, par exemple le droit de cogestion, à savoir le fait que les salariés puissent être juridiquement en participation plus active du côté du capital ; surtout si on leur demande plus de responsabilisation au sein de la division du travail, d'une part, et tout en sachant, d'autre part, que celle-ci quand elle s'avère inégale au niveau national et international, peut mettre à mal la devise ce qui implique d'en réduire au plus vite le déséquilibre, ce qui ne se fait toujours pas, d'où la montée en puissance des réactions de gauche et de droite appelées pompeusement "populisme".
S'agit-il de se satisfaire de ce ni-ni à défaut d'autre chose ? Certes, non, mais le fait déjà de voir ce que l'on ne veut pas, ce que l'on veut conserver, ce que l'on doit affiner, est déjà un pas essentiel vers ce que j'ai appelé la condition néo-moderne…
Le 23/9/2017
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