" (…) Moins mal reçu que ses commissaires, il lui arrivait néanmoins d'essuyer des rebuffades. Comme devant ces métallos moscovites auxquels, à bout d'argument, il lança :
— Préférez-vous le retour des blancs ?
Un vieil ouvrier, les mains et le visage noircis de cambouis, s'avança tout près de Lénine, si près que ce dernier recula de quelque pas.
— Revienne qui voudra, s'écria l'homme menaçant. Revienne qui voudra ! Les blancs, les noirs ou le diable en personne, pourvu qu'ils nous débarrassent de vous ! (…) (in La mémoire des vaincus, Michel Ragon, Le livre de poche, pp.215-216)
À la place de "retour des blancs" nous avons aujourd'hui la menace, classique, du "retour de la droite" d'un Hollande ou plus classique encore le slogan de " l'extrême droite aux portes du pouvoir" d'un Valls. Mais le désir "ouvrier" (populaire) reste le même : comment se débarrasser d'une élite qui a failli, qui faillit, qui faillira de plus en plus tout en marmonnant : "après moi le déluge" ?…
Cette "élite" (mérite-t-elle d'ailleurs ce nom tant elle est si médiocre ?…) a certes disparu du
ciel des idées ; mais, telles ces étoiles mortes dont la lumière nous parvient encore, ses figurines donnent encore des interviews, publient, gesticulent, reçoivent des médailles, font des condoléances à chaque meurtre (qu'elle a elle même facilité par son inaction) et quelques-unes de ses marionnettes veulent même se présenter aux présidentielles (par dizaines maintenant)…
Sauf que, n'en déplaise au "ça va mieux" du futur candidat à la primaire de la BAP ("Belle Alliance Populaire" : vous ne rêvez pas) concoctée par les communicants PS, il s'avère que la France reste classée 22ème en classement IDH (qualité de vie), elle n'est pas dans les 20 premières parmi les nations en matière de PPA, la Californie vient de lui passer devant en classement PIB (la France est donc maintenant au 7ème rang) et pourtant les élites françaises se vantent de plus en plus de la supériorité de leur modèle "hérité de la Résistance" (qui a bon dos…).
Le hic étant que même ses opposants officiels comme le FDG et le FN veulent non seulement le restaurer mais le renforcer parlant de "casse sociale" lorsqu'il s'agit de le transformer alors que cette "casse" pour le moment est précisément effectuée par tous ces partisans d'un modèle venezuelien non dit puisque c'est bien en défendant l'étatisation plutôt qu'une réelle démocratisation que la caste au pouvoir issue du CNR et ayant coopté les néo-bolcheviks version mélenchonienne, aggravent en réalité la situation en sus des entraves induites par les rapports de force en effet de plus en plus défavorables au sein de l'UE et avec les USA (voir la façon dont Boeing taille des croupières à Airbus sur le marché iranien libéralisé).
Les étatistes de tous bords, loin de rectifier ces faits ne feront que les aggraver en réalité ; un Mélenchon chaveziste ne se voit certes pas encore en Trotski écrasant un futur Kronstadt s'il arrivait au pouvoir (sans oublier la trahison envers Makhno) mais il promet tout de même de "rendre gorge à la finance" (et l'on est toujours le bourgeois de quelqu'un) il espère arriver au pouvoir au gré de circonstances encore improbables mais toujours possibles en politique puisque la décomposition accélérée de la situation amènera certainement l'éclosion tous azimuts d'initiatives individuelles et collectives qui se verront corsetées par une coalition introuvable d'étatistes de tous bords prêts à tout sacrifier et tout d'abord la démocratie puisqu'ils prétendent parler au nom d'une volonté supérieure celle d'une République qu'ils pensent incarner alors qu'ils en sont les principaux fossoyeurs (toujours soutenus par les "idiots utiles" de service comme les appelait Lénine riant aux éclats avec ce bon mot nous dit Michel Ragon dans son livre sur cette fumisterie que fut la révolution russe).
Il en est de même aussi aux USA en particulier lorsqu'il s'agit de faire croire que le contrôle des armes pourrait porter un frein à l'islam radical alors que celui-ci a frappé en France, pays peu enclin au port d'armes : cherchez l'erreur.
En fait les USA en particulier, l'UE en général, n'arrivent pas à admettre que l'islam radical c'est l'islam en marche, ce qui peut faire peur, à ne pas confondre avec phobie remarque un chercheur israélien du centre de recherches Rabin/Sadate parce que le premier terme est basé sur des faits tandis que le second s'appuie uniquement sur des représentations.
Prenez par exemple cette énième sourate souvent mis en avant par les bonimenteurs et leur main de loup pétrie de farine :
29:46: Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d'entre eux qui sont injustes. Et dites : "Nous croyons en ce qu'on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même , et c'est à Lui que nous nous soumettons".
Observez que cette bonne intention en terme de "discussion" a certaines limites puisque ceux qui sont déclarés "injustes", terme soumis à interprétation, sont écartés, et qu'il y a confusion ensuite dans les termes : 1/ ce n'est pas le même "Dieu" puisqu'il n'y a pas de soumission dans la Bible si l'on en croit par exemple le livre 2 verset 19 de la Genèse où il est bien indiqué qu'Adam choisit ses propres noms pour désigner les animaux alors que dans le coran il les récite. Par ailleurs l'envoie de Jésus signifie que le péché originel a été racheté au sens où les descendants d'Adam et Eve peuvent vivre la Terre à leur convenance s'ils savent vivre en même temps au sein de la Jérusalem Céleste…
Certes, l'on peut rétorquer que dans le verset précédent l'on parle de "Livre", mais est-ce bien la Bible ? Eh non ! Du moins si l'on en croit le verset qui le suit immédiatement :
29: 47 : C'est ainsi que Nous t'avons fait descendre le Livre (le Coran). Ceux à qui Nous avons donné le Livre y croient. Et parmi ceux-ci, il en est qui y croient. Seuls les mécréants renient Nos versets .
D'où la logique implacable qui s'enclenche : si le "Livre" c'est le "Coran" alors Juifs et Chrétiens ont mal lu, ont dévié, d'où la nécessité de rectifier le tir par l'envoi d'un nouveau "messager" et déjà de ne pas les prendre comme "alliés":
5.51 Ô les croyants! Ne prenez pas pour alliés les Juifs et les Chrétiens; ils sont alliés les uns des autres. Et celui d'entre vous qui les prend pour alliés, devient un des leurs. Allah ne guide certes pas les gens injustes.
On peut certes considérer que tout cela n'est que "littérature" au sens de ne pas le prendre en son sens "littéral" telle est la position d'un Obama and Co. Sauf que c'est un présupposé qu'il est possible de ne pas partager parce que la délimitation est sujette à interprétation précisément, et elle est même contraire au 1er Amendement de la Constitution américaine sans parler de la déclaration des droits de l'Homme au sens où l'on peut "croire" ce que l'on veut.
Donc le débat n'est pas là, mais bel et bien dans le contenu même coranique qu'il s'agit de contester, critiquer comme d'ailleurs certains forums de leur obédience le font (supra) or ce n'est pas fait de manière massive par les institutions qui tentent de définir arbitrairement un bon et un mauvais islam alors qu'il s'agit de le prendre en bloc et de l'analyser en son fond au regard des principes universaux de la liberté d'être de penser et d'entreprendre.
Nous sommes bien loin de cette stratégie de l'esprit alors que celle aujourd'hui dominante a échoué puisque malgré les grandes leçons données y compris à la chaire d'universités musulmanes illustres rien n'y fait, les assassins agissant au nom de l'islam pullulent, même si parfois ils le font maladroitement et/ou de manière factice.
Au fond nous sommes comme dans Rhinocéros de Ionesco : on admet bien qu'il y a quelques rhinocéros (et encore : certains ne parlent que de "terroristes") mais nos "Logiciens" se demandent toujours s'il s'agit de rhinocéros d'Asie ou d'Afrique, et puis comme ils ne sont pas "majoritaires" alors…rien ne presse…
En réalité, nous avons en face une pseudo-élite bâclée, avortée, morte-vivante volontaire, à force de lire que vie et liberté ne sont que des concepts bourgeois à dé(cons)truire,et, donc, que seul l'être pour la mort compte comme le disait Blanchot, le maître de Foucault et Derrida, maître mot énoncé à la suite de Heidegger ayant lu à la façon de Lénine la conception hégélienne du "négatif" c'est-à-dire la lutte perpétuelle des contraires excitée en permanence ou l'extension permanente du domaine de la lutte, ce qui fait que lorsque l'on n'est pas d'accord alors on est considéré comme (néo)réactionnaire ; lisez les interventions de Lénine dans les rendus des quatre premiers congrès du PCUS pour vous rendre compte : il cherche son contraire qu'il classe à droite ou à gauche de lui, puis il attaque le droitier comme réactionnaire et celui à sa gauche comme infantile, résultat : il a toujours raison, comme Robespierre, que lui et Trotski admiraient, tout comme Mélenchon, tandis que son ex-parti le FdG réclame une rue Robespierre à Paris.
Cet absolutisme de fait permet alors l'alliance objective avec l'islam en marche (meeting avec Ramadan soutenu par Autain par exemple) paradoxalement soupçonneuse si on la dénonce pourtant tel qu'elle est, ce qui est bien dialectique cependant les contraires apparents se rejoignant en réalité en bonne chimie politique comme il a été vu en Iran avec la bénédiction de Foucault.
Pourtant, cette élite, en fille de Lénine et surtout de Trotski, reste si persuadée d'avoir raison qu'elle empêche toute pensée contraire au mainstream dominant de se manifester en particulier dans les endroits où elle peut toujours puissamment nuire comme dans les médias, à l'Université, dans les maisons d'édition. En ce sens elle est foncièrement totalitaire, tout comme Lénine et Trotski lorsqu'ils font leur coup d'État alors qu'ils étaient minoritaires à la Douma, alors qu'ils agissent à l'encontre de la doctrine marxienne stipulant que les structures politiques ne surgissent qu'en adéquation avec le développement donné des lois historiques dont l'état atteint par les forces productives est la manifestation pratique ; ce qui en clair signifie que le processus historique aurait charrié peu à peu au sein des soviets ouverts à tous les organes adéquats au développement inégal des forces sociales et économiques en action (observons que les marins de Cronstadt sont morts sous les balles des versaillais bolcheviks avec le slogan "des soviets sans bolcheviks").
Mais ce respect des rythmes historiques, qui traversait les mouvements socialistes révolutionnaires et anarchistes de type "conseilliste" (Max Bloch) et luxembourgiste, a été balayé par ces néo-aristocrates que furent les léninistes bivouaquant au Kremlin avec leurs anarchistes qui leur servirent la soupe (comme dans "Nuit debout" aujourd'hui ou en soutenant Mélenchon) sous le prétexte qu'ils sont contre "l'État" ; ces derniers en effet ne virent pas que ceux-ci détruisaient celui-ci pour mieux construire le leur, en pis, puisqu'il ne reposait plus sur la condensation historique des acquis comme le disait Nicos Poulantzas, mais la pure coercition légitimée par leur seule représentation personnifiée en la police politique que fut la Tchéka. Voilà ce que nous prépare les néo-bolcho français dont les nervis font déjà la loi dans les manifs et les quartiers tenus par leurs "alliés" de l'islam….
La police est à bout, les commerces comme les banques et les agences de voyage sont constamment caillassées voire brisées lors des manifs par les nervis alter-totalitaires, la police ne tiendra donc pas des années ainsi, surtout lorsque la droite reviendra, puisque les néo-bolcho sèment la peur voire la phobie tel un Filoche (qui enfle d'ailleurs à se faire plus gros que le boeuf) or, sans même penser à l'autre extrême, les plus exposés s'armeront également, fatalement, et l'on va alors tout droit vers des affrontements majeurs comme le pense en effet Ivan Rioufol. Il faut donc désormais s'y préparer, physiquement également…dans ce grand maelström tourbillonnant que devient la France, déjà dans certains endroits…
Le 21/6/2016
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