Par
Lucien SA Oulahbib
Crésus était-il
"néo-libéral" ? On pourrait le croire à l'écoute de la sauce
idéologique ambiante. Après tout, les Francs, et autres Vandales sont désormais
perçus comme des "migrants" et chaque ouragan donne l'impression que
le terme vient d'être inventé.
La richesse visée pour elle-même a
toujours existé et Aristote la critiquait déjà avec le terme de "chrématistique".
Certes l'idée de nouveauté se soutient malgré tout par le fait que la
spéculation est devenue électronique et mondiale, mais à part cela, celle-ci,
dans son tourbillon babylonien et son remugle balzacien, n'est non plus
aucunement nouvelle.
Aussi en revient-on plutôt et encore
une fois au problème des limites internes et externes à apporter au désir
d'être débridé. D'autant que ce dernier transcende les structures sociales et
leurs conflits multiformes et permanents comme il a été toujours
vu dans l'Histoire. Et même les supposés tenants de la "table rase"
ont tous échoué à le contrer. Ils ont seulement jeté le bébé avec l'eau du bain
en détruisant également les freins ou contre-pouvoirs (syndicats
indépendants,
justice libre et protégée, loi anti-trust, participation au
capital…) qui avaient été confectionnés au fil du temps contre cette soif
insatiable de puissance et ce au profit d'une centralisation bureaucratique du
pouvoir qui a plutôt envenimé les choses comme on le sait.
Rien en réalité ne peut échapper à la
corruption dès qu'il y a une matérialisation, serait-elle la plus en rupture,
car celle-ci produit à terme des effets concentriques tels qu'ils attirent les
opportunistes (souvent maquillés en saints) ; ils perturbent alors les processus
de contrôle en interne ceux-ci étant en effet vite annihilés par la
bureaucratie naissante.
La seule possibilité, surtout pour la
puissance publique, consiste à préserver la liberté d'entreprendre et la
solidarité en faisant en sorte de créer les conditions d'une éthique du partage
volontaire via la mise sur pied de systèmes de cogestion, et de création de
fondations diverses et variées qui sont loin d'être des "oeuvres
charitables" mais de réels leviers d'aide à la création et à l'égalité des
chances effective comme on le voit dans les pays où cet effort n'est pas
méprisé par la néo-aristocratie d'État.
Mais sommes-nous capables d'entendre
ces choses ? Pas sûr pour certains qui n'ont de cesse d'attendre le
"grand soir", vision romantique vite culbutée pour d'autres par le
désir du "chamboule tout " espérant que cela "craque"
jusqu'aux freins brisés.
Et pourtant ! La destruction visée
pour elle-même n'est que le pendant de la spéculation cherchée pour elle-même ;
elles se rejoignent souvent dans les alcôves chics des salons interlopes je
t'aime moi non plus lorsque la puissance est aimée pour elle-même ou
le « vaut mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron"
cela rapporte plus et déjà cette richesse symbolique qu'apporte l'écharpe de député
quand bien même dit-on des âneries, un brouillard tel, difficile à couper au
couteau sauf pour certains qui s’en donnent à coeur joie…
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