Par
Lucien SA Oulahbib r
Pour un certain candidat, celui du macrocosme, elle
n'existerait pas, pour d'autres la culture française serait "poly", "multi"
; j'avais essayé le terme "pluri" (à opposer au "multi"
trop ambigu et surtout fragile) au sens d'indiquer une diversité des sources et
de ses apparences.
Mais ce préfixe de "pluri"
n'est au bout du compte pas satisfaisant parce qu'il ne se démarque pas
pleinement du multi et du poly en vue d'indiquer qu'au-delà de sa pluralité la
culture française est une au sens d'être plus homogène que
naguère y compris dans sa langue, si jeune si l'on réfléchit bien (à peine 500
ans) et surtout dans son adhésion quasi-contemporaine à divers principes
morphologiques fondamentaux dont la laïcité qui la forme déjà
constitutionnellement.
Aussi convient-il de parler de la culture française, puisque, par sa
négative, un candidat
nous y invite, il suffit presque de se démarquer de lui
pour mieux la saisir, même si certaines choses qu'il avance en fait cependant
aussi partie, comme le principe d'autonomie élargie octroyé aux institutions et
aux rouages du Service public, cet Intérêt Commun.
Qu'il existe plusieurs "familles"
de pensée, plusieurs interprétations, sensibilités, oui disait déjà Barrès, du
moins celui d'après 14, mais le fond reste le même entremêlé de divers passés
et souches qui en fusionnant donnent malgré les tâtonnements et les errances
une profondeur de champ singulière ; certes, sa manière d'être au monde reste
basée sur beaucoup de points communs avec d'autres cultures comme le désir
d'affirmation et de préservation des liens avec les souvenirs communs qu'ils
soient locaux régionaux nationaux.
Mais il existe aussi une spécificité
française s'approchant plus de cette recherche transcendantale visant la
découverte d'un universel humain le plus digne et le plus confortable pour
l'épanouissement du plus grand nombre. Qu'il soit citoyen ou pas. D'où le conflit
d'ailleurs, permanent depuis les Grecs au fond entre ceux qui lui appartiennent
et ceux qui viennent s'y greffer.
Cette spécificité place au centre du
monde savoir être et savoir vivre ; pas seulement un devoir
être, aussi un esprit, une gouaille caustique et fine, bien moins rude
peut-être que l'esprit anglo-saxon, et plus léger certainement que l'esprit
allemand ou russe, ceux-ci étant plus mystiques tragiques ; mais un esprit pas
assez léger cependant au sens d'être trop monotone pour un Rousseau qui préférait
au clavecin bien tempéré l'opéra italien plus bariolé.
Il existe en tout cas un art de
vivre à la française, nombre d'auteurs surtout étrangers le clament pourquoi en
douter ?… Le débat autour de la Solidarité vient l'exprimer. De même que celui
autour de la citoyenneté. De là le dilemme qui traverse bien plus la campagne
présidentielle qu'on ne le dit.
S'agit-il de fondre la France dans
un ensemble plus grand, l'Union Européenne, en attendant un ensemble plus
grand, une démocratie mondiale unifiée ? Ou s'agit-il de refaire France au sens
de rendre plus homogène encore sa texture, resserrer les rangs de ses fibres la
raffermir qu'elle devienne non seulement désirable mais belle c'est-à-dire
sublime telle cette flamme de la liberté brûlant aux abord de New-York une
nouvelle ville nouveau monde celui de l'individu non seulement émancipé mais
s'affinant avec ses pairs dans sa famille ses réseaux, une France qui ne serait
pas seulement un hexagone mais au coeur d'une toile s'étendant au monde comme ce monde ?
Ajoutons avant de trancher en ces
deux options que refaire France c'est certainement refuser l'Union Européenne
telle qu'elle est, mais cela ne veut pas dire refuser l'Europe et le monde ;
lorsque par exemple je disais dans un autre billet qu'il aurait été possible
d'accepter le deal allemand sur l'homogénéité budgétaire, cela ne voulait pas
dire qu'il fallait pour autant sacrifier notre spécificité française, bien au
contraire cela nous aurait permis d'être plus exigeant sur les accords de
Schengen…
Au fond, s'il fallait trancher, je
pencherai plutôt pour la seconde option, sans pour autant abandonner l'idée que
l'on se trompe de débat en croyant qu'il s'agit seulement de parler d'ouverture
ou de fermeture, mais plutôt d'ouverture et de fermeture : on ouvre et l'on ferme selon les moments et
les besoins ; pourquoi ne pas avoir un budget commun de la défense (4 porte
avions) et en même temps une agriculture indépendante permettant que nous
puissions vendre aux quatre coins du monde avec un super Amazon ? Voilà le deal
aussi avec les GAFA : si vous optimisez fiscalement alors vous investissez
aussi pour aider au rayonnement français. Vendre du Camembert aux quatre coins
du monde, ne pleurons pas sur le coût carbone, infime au niveau aérien, et puis
les progrès en solaire et en hydrogène permettraient une hybridation moins
dépendante de l'hydrocarbure…
Nous avons beaucoup de choses à
apprendre, mais aussi à donner, enseigner, vendre. La francophonie est notre
futur, 274 millions aujourd'hui,
plus de 700 millions bientôt ; que ladite "Algérie" (inconnue avant
1830, pas plus que "la" Palestine d'ailleurs) n'y participe pas
formellement en dit long sur le degré de progression encore à atteindre (alors
que ce pays a bien plus de racines culturelles communes via le latin qu'avec
l'Arabie …) du moins si nous sommes capables d'éviter le double écueil de ceux
qui nous réduisent à une statistique (le fameux 1% de Giscard) et ceux qui
veulent nous imposer un art de vivre qui n'est pas le nôtre au sens où il n'a
pas été forgé dans les casseroles de la cuisine symbolique française ; il ne
suffit donc pas d'agiter des casseroles pour savoir la faire…
La culture française, et sa soeur
cadette, la francophone, est jeune et en devenir. Du moins si l'on sait se
secouer des puces qui nous vampirisent. Des puces également bien françaises et
qui n’ont toujours pas compris pourquoi nous avons perdu en 1789, en 1815 et en
1940….
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