Ecrit le 21 août 2014 à 0:22 par Christian Vanneste dans Poing de vue
Puisque le Président n’a plus que le sport pour lui apporter de bonnes nouvelles, empruntons le langage sportif pour lui dire qu’il est au tapis et qu’il ferait mieux de jeter l’éponge. Les Français sont 85% à ne plus faire confiance au pouvoir pour redresser la barre. A ce niveau, le seul choc salutaire serait le départ ! Malheureusement, une opposition divisée, engluée dans ses mesquines ambitions, sans projet sérieux ni bilan exemplaire, peut profiter de la comparaison, sans susciter l’enthousiasme d’un changement prometteur. Le chômage n’en finit pas de grimper. La croissance est en berne. Les tableaux économiques n’offrent qu’une collection de déficits. Notre paysage politique est le cimetière des promesses mortes et des espérances déçues. Un pays pour se relever a besoin d’un moteur d’ordre psychologique : la confiance, et la source en est tarie.
Si la situation n’était pas aussi triste, il y aurait des raisons de rire, car nos dirigeants ne se contentent pas d’être nuls, ils sont ridicules. Concentrés, déterminés, mobilisés, ils ne vont rien
lâcher et poursuivre une politique qui ne donne aucun fruit et que les Français ne perçoivent même pas. Comment croire un Chef de Gouvernement qui, le regard inflexible, dit qu’il est « hors de question » de changer, alors même que les socialistes n’ont cessé de bouger en tous sens sans rien changer d’essentiel depuis dix ou quinze ans ? Critique systématique de la politique gouvernementale lorsqu’ils étaient dans l’opposition, suppression des mesures votées par la majorité précédente, mais alourdissement insensé d’une fiscalité déjà trop pesante, puis revirement devant l’étendue de dégâts, allègement des charges des entreprises, réduction de la dépense publique… Après une droite incapable de faire une politique de droite tout en s’en faisant accuser, on a une gauche obligée de renoncer à une politique de gauche tant celle-ci est suicidaire pour le pays et qui se trouve empêtrée dans un mélange de mesures contradictoires et insuffisantes. Le temps perdu par la France dans ce salmigondis politicien est terrible. La production industrielle s’est effondrée. Le commerce extérieur souligne le recul catastrophique de notre compétitivité. La consommation illusoirement maintenue par la redistribution et une monnaie surévaluée apparaît ici comme un placebo plus que comme un remède.
Alors, à défaut de faire monter la pression dans la chaudière économique, le gouvernement met la pression sur le patronat qui doit prendre ses responsabilités, et le patronat retourne la pression sur le pouvoir qui n’en fait pas assez. Comme toujours, dans notre cher pays, au lieu de mesures concrètes, on développe le débat conceptuel. Pas de pétrole, mais des idées. Le problème est que nos idées valent de moins en moins sur le marché et que le pétrole s’achète toujours avec des devises qui ne se mettent pas au fronton des mairies. On assiste donc à de doctes échanges sur l’offre et la demande. Le Medef est pour l’offre. Moins de charges, une main d’oeuvre renforcée par l’apprentissage, l’expansion des entreprises favorisée par le lissage des seuils, l’ouverture du dimanche pour développer la consommation, le bâtiment et la rénovation thermique pour accroître l’activité. Ces propositions suscitent immédiatement deux réactions. D’abord, l’impression d’un disque rayé, d’une musique déjà entendue et à laquelle on ne croit plus. L’apprentissage à l’allemande, les « gazelles » de Dutreil, l’ouverture dominicale, la prime au photovoltaïque, ces deux dernières mesures ne favorisant pas nécessairement les produits locaux et les deux autres heurtant l’idéologie de nos syndicats archaïques, ont peu de chances de voir le jour ou d’apporter des résultats perceptibles. De toute manière, la gauche de la gauche est vent debout contre : elle veut bien sûr une relance de la consommation, une politique de la demande, taxer davantage les ménages et les entreprises, augmenter la dépense publique sans se soucier des 3% ni de la dette puisque les taux d’intérêt sont bas, bref, distribuer une richesse qu’on ne produit plus mais qu’on va exporter en achetant les produits des autres.
Ce débat qui arrive avec vingt ans de retard appelle deux questions. Pourquoi un enseignement dont nous étions assez fiers, avec de grandes écoles, comme Sciences Po et l’ENA censées former notre élite politique, produit-il la droite, ce qu’on savait déjà, mais aussi la gauche les plus bêtes du monde, capables de gâcher tous les atouts d’un pays où Dieu serait heureux comme disent les Allemands… s’il n’était pas gouverné d’aussi pitoyable manière ? Comment espérer relever le pays sans un choc, un véritable séisme, qui nous libérerait de ces encombrants incapables ? La démission du Président ? La fin de la zone Euro ? On peut rêver : c’est la seule façon de refuser ce cauchemar très réel d’un pays qui s’enfonce dans le déclin et la médiocrité. Alors que nos nageurs vont briller et seront reçus sans doute à l’Elysée, c’est la France qui se noie !
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