Posted On 02 août 2014
Je ne sais ce que Binyamin Netanyahou a en tête présentement. Je sais qu’il prend en compte tous les paramètres d’une situation âpre et complexe.
Je sais que c’est un homme d’une immense qualité, l’un des très rares hommes d’Etat dans l’époque présente, et je ne doute pas qu’il prendra les décisions les plus optimales. Il a réussi jusqu’à présent à contourner tous les pièges tendus par Obama et Kerry. Je ne doute pas qu’il continuera dans cette voie.
Israël, pour le moment, n’a pas perdu la guerre, mais Israël n’a pas gagné.
Gagner la guerre pour Israël implique de soupeser les options disponibles, et de choisir la bonne. Je ne veux pas douter que Binyamin Netanyahou choisira la bonne option.
Reprendre Gaza serait envisageable, mais, je pense, ne sera pas envisagé. Des opérations terrestres reprenant tout Gaza seraient très coûteuses en vies humaines, et Israël a déjà perdu bien trop de soldats en raison d’une politique de retenue (que je pense absurde). Reprendre Gaza impliquerait aussi qu’Israël gère Gaza et une population arabe gorgée de haine par des années de propagande intensive, ce qui serait complexe et coûteux. Reprendre Gaza impliquerait, en outre, qu’Israël soit confronté à des pressions internationales qui se
démultiplieraient et deviendraient vite intenables.
Détruire les tunnels et les armes du Hamas, et laisser au pouvoir un Hamas affaibli est une option parfois évoquée : c’est l’option que soutiennent certains en Israël. C’est aussi (doit-on le dire?) l’option que soutiennent les ennemis d’Israël. Quand bien même Israël dirait être victorieux, ce ne serait, de fait, pas une victoire d’Israël, mais, de facto, une défaite. Un Hamas affaibli trouverait tôt ou tard les moyens de reprendre des forces. Un Hamas affaibli ne serait désarmé que provisoirement : quand bien même Israël obtiendrait le contrôle strict des frontières de Gaza, ce contrôle serait tôt ou tard contourné, et des pressions internationales s’exerceraient rapidement pour que ce contrôle soit allégé (comme il l’a déjà été dans le passé, avec les résultats qu’on voit), voire aboli. Un Hamas affaibli mais pas éliminé serait, qui plus est, un Hamas qui se présenterait comme « victorieux », ce qui serait dramatique.
Eliminer le Hamas, totalement, est dès lors la seule option envisageable. C’est même une option impérative.
J’entends énoncer ici pourquoi .
- Un Hamas non éliminé et se présentant comme « victorieux » serait non seulement un Hamas qui pourrait reprendre des forces et n’être désarmé que provisoirement : ce serait aussi un Hamas devenu un « symbole » de « résistance » qui, en tant que « symbole » de « résistance », en viendrait à incarner la « lutte » du « peuple palestinien », avec les risques d’embrasement à même de résulter. Ce serait, en supplément, un « symbole » à même de renforcer la vague islamique qui déferle présentement sur tout le monde musulman et qui menace, outre Israël, tous les pays sunnites du « statu quo » : l’Egypte de Sissi, l’Arabie Saoudite, la Jordanie, les émirats (sauf le Qatar). Eliminer le Hamas est, pour Israël, la seule et unique façon d’empêcher le Hamas de se présenter comme « victorieux », et de devenir un symbole, avec toutes les conséquences à même de découler d’une « victoire » du Hamas.
- Un Hamas non éliminé réintégrerait sans doute un gouvernement de l’Autorité Palestinienne (c’est ce que souhaitent l’administration Obama et l’Europe), et se trouverait vraisemblablement retiré dans d’assez brefs délais de la liste des organisations terroristes tenue par les Etats-Unis et l’Europe : l’administration Obama et l’Europe ont déjà reconnu un gouvernement Fatah Hamas, et diraient que le « réalisme » implique de reconnaître la « réalité ». Le Hamas n’aurait pas même à changer de position ou d’objectifs. Il aurait gagné ainsi, en ayant agressé Israël, un surcroît de légitimation. Eliminer le Hamas est, pour Israël, la seule et unique façon d’éviter ce surcroît de légitimation que quête le Hamas.
- Un Hamas non éliminé aurait d’autant plus d’opportunités de se renforcer que (ce doit être vu, même si c’est inquiétant) les Etats Unis risquent fort de basculer. Les sondages sont alarmants. L’administration Obama pourrait bien avoir fait passer les Etats Unis dans une autre phase de leur histoire, où ils seront moins favorables à Israël, et plus « ouverts » aux ennemis d’Israël et à l’islam. Le soutien à Israël aux Etats Unis est très majoritaire chez les électeurs républicains, mais désormais nettement minoritaire chez les électeurs démocrates. Il est très majoritaire chez les gens âgés de plus de trente cinq ans (et, d’ailleurs, bien plus chez les hommes que chez les femmes qui sont, en moyenne, plus à gauche et plus « pro-palestiniennes »), mais minoritaire chez les gens de vingt cinq à trente cinq ans, et très minoritaire chez les gens de dix-huit à vingt cinq ans. Le soutien à Israël est aussi très minoritaire chez les Noirs et chez les Hispaniques, et les Hispaniques représentent une proportion croissante de la population américaine. Il est très probable que succèdera à Obama un Président (sans doute une Présidente) démocrate, aux options assez anti-israéliennes. Israël a intérêt à faire ce qui peut être fait maintenant, car plus tard, cela pourrait devenir plus difficile. Dès lors que l’Europe s’islamise et redevient antisémite, Israël doit se donner le temps de nouer de nouvelles alliances. La seule façon pour Israël de se donner du temps est d’ôter au Hamas dès à présent toute possibilité de se renforcer. Eliminer le Hamas est la seule et unique façon d’éviter toute possibilité que le Hamas ait la possibilité de se renforcer.
- Un Hamas non éliminé empêcherait Israël de se tourner vers la menace stratégique stratégique majeure qui pèse sur Israël : la vague islamique qui déferle. Le Hamas n’est que l’un des fragments de la vague. Un Hamas « victorieux », « symbole » de « résistance », renforcerait la « lutte » du « peuple palestinien », renforcerait la vague islamique. Un Hamas « victorieux » obligerait Israël à consacrer du temps et des moyens supplémentaires pendant les mois et les années à venir à la question « palestinienne », tout en rendant la vague islamique elle-même plus dangereuse et féroce, alors qu’Israël doit pouvoir se consacrer aussi pleinement que possible à la vague islamique, et s’efforcer dès maintenant de rendre celle-ci moins dangereuse et moins féroce. La seule façon pour Israël de se donner les moyens de se consacrer aussi pleinement que possible à la vague islamique, et de rendre celle-ci moins dangereuse et moins féroce dès à présent, est d’éliminer le Hamas.Parce que le Hamas fait partie intégrante de la vague islamique, parce qu’il fait partie de ce qui menace, outre Israël, tous les pays sunnites du statu quo, Israël peut compter présentement sur leur appui tactique. Ceux-ci sont, pour l’heure, bien plus hostiles à l’islam radical que ne le sont les Etats Unis d’Obama et l’Europe. Cela crée pour Israël une immense opportunité qui peut et doit être utilisée.L’élimination du Hamas, impérative pour Israël, se trouve être aussi impérative pour les pays sunnites du statu quo : une telle conjoncture est sans précédent.Israël doit éliminer le Hamas. Et Israël peut éliminer le Hamas.
Comment cela peut-il être effectué ? En continuant à détruire les tunnels, bien sûr. En continuant à détruire l’armement du Hamas et des autres groupes islamiques à Gaza. En asphyxiant Gaza, qui ne peut recevoir d’approvisionnement d’aucun côté, et à qui Israël peut fournir un minimum de vivres et de médicaments, mais rien d’autre (cela s’appelle mener une guerre d’attrition).
En n’acceptant, cela va de soi, dans le cadre de négociations aucune des demandes du Hamas et aucun interlocuteur du Hamas.
Une opération massive contre les dirigeants du Hamas présents à Gaza, terrés dans un bunker sous l’hôpital Shifa devrait aussi être envisagée, et je ne veux pas douter qu’elle est envisagée : les dirigeants du Hamas sont prêts à faire tuer autant d’Israéliens qu’ils le peuvent et à faire tuer aussi autant d’Arabes de Gaza qu’ils le peuvent. Ils sont même prêts à sacrifier tous les enfants et nourrissons de Gaza pour que cela permette à des journalistes complices de prendre des photos sanglantes. Ils ne sont pas prêts à mourir. Nul plus qu’eux me mérite de mourir. Si le Hamas est frappé à la tête, il tombera.
Il sera difficile d’éviter, comme interlocuteur, l’Autorité Palestinienne, mais Israël devra dire que son interlocuteur est l’Autorité palestinienne version Fatah, sans le Hamas. Je ne doute pas que c’est ce qu’Israël fera.
L’Autorité palestinienne sans le Hamas pourrait alors revenir au pouvoir à Gaza. Ce serait un pis aller.
Il resterait à Israël à négocier les conditions concrètes de ce pis aller.
Israël pourrait poser des conditions drastiques à l’Autorité palestinienne. Le cas échéant, les pays sunnites du statu quo accepteront ces conditions. Le danger principal pour eux est l’islam radical, et ils comptent sur Israël pour faire face.
Ceux qui sont à même de faire pression pour qu’Israël n’impose pas des conditions trop drastiques sont ceux qui s’efforcent présentement de sauver le Hamas : l’administration Obama et l’Europe, clairement alliés du Hamas.
Nous sommes dans une configuration inédite et sans précédents : des pays arabes sunnites sont bien plus hostiles à l’islam radical que ne le sont les Etats Unis et l’Europe. Et ces pays arabes sunnites sont davantage prêts que les Etats Unis et l’Europe à voir Israël écraser l’islam radical.
Etrange époque. Ou, dois-je le redire : effroyable époque. Que reste-t-il de la civilisation occidentale ?
Voir les Etats Unis sous Obama, et l’Europe s’efforcer de sauver et de renforcer une organisation terroriste génocidaire se réclamant d’idées très proches de celles du national socialisme, et se tourner contre le pays du peuple juif, moins de soixante dix ans après la shoah est un spectacle qui me révulse absolument.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.
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