Pour trouver 50 Mds d’euros d’économies pour la période 2015-2017, Bercy prévoit une baisse de 15 % des dépenses de fonctionnement des ministères (hors retraites) pendant trois ans. Ce qui revient à 5 % d’économies par an. Ces réductions ne concernent pas les ministères « prioritaires » comme l’Armée, l’Intérieur, la Justice, l’Education nationale et la Culture. Passons outre sur le fait qu’il ait ménagé l’Education et la Culture, deux ministères dont les gaspillages et les mauvais résultats font partie des sujets les plus couramment abordés dans les Rapports de la Cour des Comptes, et arrêtons-nous sur les économies à réaliser. Nous sommes loin du compte, ne serait-ce qu’en
comparant avec ce qui s’est fait dans d’autres pays, comme le Canada et le Royaume-Uni.Canada : les budgets de certains ministères ont baissé de 60 %
Au Canada, on a lancé, au début des années 1990, une série de réformes - drastiques, au moment où, en 1990, la dette de l’Etat s’élevait à plus de 70 %, tandis que le pays connaissait sa 22ème année consécutive de déficit budgétaire ! A titre de comparaison, la dette de la France s’élevait en fin 2014 à 95 % du PIB, tandis que le budget de l’Etat français était en déficit depuis… 35 ans ! Pour remédier à cette situation, la cure d’économies pour les ministères canadiens s’est située entre 35 % et 60 % de baisses des dépenses de fonctionnement en trois ans : 4 fois plus qu’en France ! Au total, le volume de la fonction publique a diminué de 23 % en trois ans !
France (2015) | CANADA (1990) | |
Dette publique (en % du PIB) | 95 % | 70 % |
Déficit public (nombre d’années consécutives) | 35 | 22 |
Baisses dépenses de fonctionnement des ministères sur 3 ans | 15 % | 35-60 % |
Dès l’élection de David Cameron en 2010, le Royaume-Uni avait mis en place un véritable programme de réduction de la dépense publique pour rétablir la situation des finances à la suite de la crise économique de 2009. Comme on peut l’observer sur le graphique ci-dessous, les dépenses publiques britanniques atteignaient 49,7 % du PIB en 2009, puis ont diminué tous les ans jusqu’à atteindre 44,4 % en 2014. Pendant la même période en Allemagne, la dépense publique est passée de 47,4 % à 43,9 % du PIB. Seule la France a connu une trajectoire à peu près inverse : la dépense publique avoisinait les 56,5 % en 2009, et est descendue à 56 % en 2011, pour remonter jusqu’à 57,2 % en 2014.
Royaume-Uni : jusqu’à 30 % de baisse des dépenses dans les ministères
S’il est vrai que la croissance du PIB français a été inférieure en moyenne pendant cette période à la croissance allemande et à la croissance britannique, la rigueur ou le « sérieux budgétaire », invoqués par tous les gouvernements français depuis le début de la crise économique, ne se traduisent pas du tout dans les statistiques de la dépense publique. Aucun véritable effort de réduction de la dépense publique n’a encore été réalisé ! C’est pourquoi la France devrait prendre exemple sur le Royaume-Uni, dont le programme de consolidation budgétaire élaboré pour la période 2010-2018 a déjà porté ses fruits, comme nous allons le montrer.
Le plan d’austérité de George Osborne, le ministre des Finances britannique, a consisté pour 82 % en - coupes dans la dépense publique, notamment avec l’aide d’un plan de suppression de 400 000 emplois dans le secteur public et d’une réduction des budgets dans la quasi-totalité des ministères, à l’exception de ceux de la Santé et de l’Aide publique au développement, qui ont été épargnés pour satisfaire la promesse de campagne du parti conservateur.
L’effort de consolidation budgétaire pour la période 2010-2018 est évalué à 185 milliards de livres sterling (256 milliards d’euros). Cela représente 54 milliards de livres sterling (75 milliards d’euros) de plus que le programme de consolidation original présenté en 2010-2011 par la Chancellerie de l’Echiquier (le ministère des Finances britannique), en raison d’une reprise économique tardant à arriver, qui n’a pas permis de réduire le déficit budgétaire aussi rapidement que prévu.
Si ce programme de consolidation du budget britannique consistait en une augmentation- des impôts de 18 %, l’essentiel de l’effort portait sur la dépense publique, notamment sur les dépenses de rémunération du personnel public, sur les dotations aux collectivités locales, et sur le budget des ministères. Les principaux ministères concernés par ces coupes budgétaires drastiques étaient le ministère de la Justice, le ministère de l’Intérieur et le ministère des Affaires étrangères, comme on peut l’observer ci-dessous. Les ministères de l’Education et de la Défense ont également subi des baisses de dépenses, mais moins importantes...
En regard des efforts canadiens et britanniques, les économies préconisées par la France sont ridicules ! Notre pays montre, une fois encore, son aversion pour de vraies réformes. Une attitude qui ne fera que prolonger la terrible crise économique qui le frappe !
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