Dans un article publié dans le Financial Times, un des anciens conseillers du Premier ministre britannique, David Cameron, écrit que « moins d’Etat est un devoir moral pour un décideur politique ». En effet, l’IREF a montré que les baisses des dépenses dans les ministères britanniques mises en place par le premier ministre David Cameron sont 6 fois plus importantes que celles préconisées par le gouvernement français.
Après la suppression de plus de 400 000 fonctionnaires, les dépenses publiques britanniques représentent aujourd’hui 41 % du PIB contre 56 % en France. Mais ce qu’on sait moins en France c’est que toutes ces suppressions de postes de fonctionnaires n’ont pas été forcément suivies de licenciements secs mais aussi de reclassements dans le privé. Exactement comme le ferait une entreprise sur le marché. Car réformer l’Etat c’est continuer à proposer des services sans en avoir le monopole.
De nombreuses administrations ont donc sous-traité leurs missions ou les ont
privatisées. . Ces cinq dernières années, plusieurs secteurs publics, dans le secteur social, une grande partie de l’école, les services pénitentiaires et la gestion des prisons ont été confiés au secteur privé. De même pour ce qui est du placement des chômeurs, le personnel du Département Work & Pensions en charge de l’emploi a un statut privé. Ces changements ont donc été suivis le transfert du personnel public dans le giron privé. Une façon d’assurer la continuité du service de manière plus efficace. De telles réformes ont déjà été faites dans d’autres pays. En Suède, la plus grande majorité des administrations sont des organismes privés ou semi-privés avec des employés sous contrat privé. Même la collecte de l’impôt est sous-traitée en Suède alors que le Bercy suédois emploie seulement quelques centaines de « fonctionnaires » contre 150 000 en France. En Autriche aussi, ceux qui sont en charge du placement des chômeurs travaillent avec un statut de commercial. Leur mission est de « faire du chiffre » en trouvant du boulot aux chômeurs ! Lors des réformes faites au Canada dans les années 1990, de nombreuses missions des administrations ont été cédées au secteur privé et certaines mêmes supprimées comme le département de l’industrie. Durant trois ans (1993-1996), la taille de la fonction publique a diminué de 23 % (47 000 postes ont été supprimés) et les salaires ont été gelés pendant 6 ans. Environ 14 000 fonctionnaires ont été licenciés, 12 000 ont été invités à partir en préretraite, 8 000 sont allés dans le secteur privé, 2 700 redéployés dans d’autres secteurs publics et les autres (environ 10 000) ont naturellement pris leur retraite et n’ont pas été remplacés. On a donc poussé les fonctionnaires des ministères (certains ont même été obligés de baisser leur budget de 35 % en une année) vers le privé. Il est donc possible de privatiser les missions de l’Etat.
Malheureusement, on en est loin en France. Les dernières statistiques (INSEE) ont même montré que l’Etat continue à grossir et que le transfert de ses services vers le privé n’est pas pour demain. Pourtant, il s’agit vraiment d’un devoir moral.
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