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e mathématicien français Laurent Lafforgue est récemment intervenu lors de la commission d’enquête sur le service public d’éducation, au Sénat le 2 avril 2015. Il fustige l’état de l’enseignement en France, affirmant n’avoir plus confiance en l’école « républicaine » et ne plus fonder son espérance que sur l’existence « de petits îlots d’instruction et de transmission des connaissances, grâce au travail d’instituteurs ou de professeurs isolés » (cf. plus bas). Pour lui, il faudrait « accorder la priorité absolue à la lecture, à l’écriture, à la grammaire, et à tout ce qui assure la maîtrise de notre langue » et « développer l’apprentissage de la littérature, des mathématiques et des sciences, où l’on raisonne vraiment, où l’on démontre, et du latin et du grec, qui, mieux que toute autre discipline, forment l’esprit. »
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l défend aussi l’idée d’une laïcité entendue comme la non-imposition de leurs convictions par les professeurs. S’il constate que l’amour du savoir est encore présent en France, il reste pessimiste : il a fallu des décennies pour détruire notre excellente école française, il faudra des décennies pour la rebâtir. Selon lui, l’école mathématique française elle-même,
malgré son actuelle excellence, est en danger, car « les jeunes scientifiques n’ont plus la formation littéraire, philosophique et fondée sur les humanités classiques dont bénéficiaient leurs aînés depuis des siècles. Ils deviennent de bons techniciens de la science mais il leur manque la capacité de recul et de réflexion conférée par cette formation. »
Vous pouvez retrouver la vidéo et la retranscription (fournie par le Sénat) de son intervention ci-dessous.
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Mme Françoise Laborde, présidente. – Nous recevons M. Laurent Lafforgue, mathématicien, titulaire de la médaille Fields – il n’y a pas de prix Nobel de mathématiques – et membre de l’Académie des sciences. Cette audition sera captée et diffusée en direct. Elle fera également l’objet d’un compte rendu.
Ancien élève de l’École normale supérieure, vous êtes agrégé de mathématiques. Chargé de recherche au CNRS puis directeur de recherche en 2000, vous êtes nommé, la même année, professeur à l’institut des hautes études scientifiques (IHES). En 2002, vous recevez la médaille Fields, notamment pour vos travaux sur la théorie des nombres et de la géométrie algébrique, ce qui illustre la vivacité remarquable de la recherche mathématique fondamentale en France. L’année suivante, vous êtes élu membre de l’Académie des sciences. Parallèlement à vos travaux mathématiques, vous vous intéressez aux questions éducatives. En 2005, vous êtes nommé au Haut Conseil de l’éducation (HCE), instance dont vous démissionnerez quelques jours plus tard.
M. Laurent Lafforgue. – Sur demande !
Mme Françoise Laborde, présidente. – Vous êtes l’auteur, avec Liliane Lurçat, chercheuse spécialiste des questions pédagogiques, d’un ouvrage intitulé La Débâcle de l’école : une tragédie incomprise, issu d’un colloque organisé en 2006 par le Comité laïcité République sur le thème « Refonder l’école de la République ». Vous y comparez l’état actuel de l’école avec celui de l’armée française en 1940 et mettez en avant la responsabilité des instances dirigeantes de l’éducation nationale. Quelle est votre analyse de la situation actuelle de l’institution scolaire ? Comment refaire de l’école le creuset de notre République ?
Conformément à la procédure applicable aux commissions d’enquête, M. Laurent Lafforgue prête serment.
M. Laurent Lafforgue, mathématicien, titulaire de la médaille Fields, membre de l’Académie des sciences. – Vous l’avez dit : je n’enseigne pas, et n’ai jamais enseigné dans une école, un collège ou un lycée. L’école m’intéresse d’abord pour ce que ma famille et moi lui devons. Deux de mes grands-parents étaient ouvriers, l’un était artisan et la quatrième fut mère au foyer. Aucun n’avait suivi d’études supérieures, ni même fréquenté le lycée. Trois sur quatre avaient commencé à travailler à l’âge de douze ans, mais avaient obtenu leur certificat d’études primaires et parlaient et écrivaient parfaitement le français. Mes deux parents ont fait des études supérieures, chacun étant le premier de sa famille à en faire. Ils sont devenus ingénieurs, mais avaient reçu au lycée une excellente éducation littéraire. Mon père y avait même appris le latin et le grec, ce qu’il évoque encore aujourd’hui avec une grande émotion, comme la majorité des scientifiques âgés que je connais. Mes deux frères et moi-même sommes devenus scientifiques : deux comme chercheurs en mathématique, l’un comme professeur en classe préparatoire. Nous avions tous trois étudié au lycée le latin, qui a joué un rôle majeur dans notre formation intellectuelle.
Je ne fais plus confiance à l’école dite républicaine, à laquelle toute ma famille et moi-même avions tellement cru, pas plus qu’à l’école privée sous contrat, qui a malheureusement suivi le même chemin.
Je me suis publiquement engagé sur la question de l’école il y a une dizaine d’années, lorsque je me suis rendu compte que cette école à laquelle ma famille et moi devions tant, et que nous avions tant aimée, était en voie de destruction rapide. Ayant pris connaissance avec effarement des programmes et des évolutions de contenus et de méthodes d’enseignement, et ayant mené ma propre enquête en examinant des manuels et en recueillant le témoignage d’instituteurs, de professeurs et de parents d’élèves, j’ai d’abord pensé que ce qui se passait était tellement absurde qu’il suffirait de prononcer quelques phrases de bon sens pour que tout le monde se mette d’accord et que l’école se reconstruise. Depuis, j’ai totalement perdu cette illusion. Je ne fais plus confiance à l’école dite républicaine, à laquelle toute ma famille et moi-même avions tellement cru, pas plus qu’à l’école privée sous contrat, qui a malheureusement suivi le même chemin.
Ma seule espérance est désormais que subsistent, ici et là, au milieu du désastre général, de petits îlots d’instruction et de transmission des connaissances, grâce au travail d’instituteurs ou de professeurs isolés, dans des écoles publiques ou privées sous contrat, qui restent fidèles à la cause de l’instruction, de la transmission, et font tout ce qu’ils peuvent dans un environnement institutionnel hostile, ou bien dans des écoles hors contrat, qui sont aussi rares que leurs ressources et leurs moyens mais qui maintiennent vivante la petite flamme de la transmission grâce au dévouement d’instituteurs et de professeurs qui consentent de lourds sacrifices pour exercer leur noble métier conformément à leur conscience.
L’état dans lequel plus de cinquante ans de politique destructrice – à mon avis – ont mis l’école publique et les écoles privées sous contrat est tel qu’employer à leur propos l’adjectif « républicain » déconsidère la République. Pour faire aimer la République, il conviendrait plutôt de rétablir dans les écoles publiques un enseignement de qualité, qui rende l’école digne de respect. En mai 1968, les jeunes avaient brûlé des universités, mais n’avaient incendié aucune école. Cela montre bien que malgré leur révolte, ils respectaient l’école qu’ils avaient connue et qui leur avait donné les moyens de parler, d’écrire et de penser, donc de critiquer, voire de se révolter mais aussi de reprendre à leur compte un héritage. En 2005, au contraire, les émeutiers des banlieues ont incendié des dizaines d’écoles : quoique manquant des mots et des moyens de juger – qui ne leur avaient pas été donnés – ils sentaient confusément que la nouvelle école qu’ils avaient fréquentée ne les avait pas nourris comme elle aurait dû le faire et comme elle avait nourri les générations précédentes.
Si vous souhaitez que l’école de la République soit aimée de nouveau, rétablissez des enseignements qui nourrissent. Accordez la priorité absolue à la lecture, à l’écriture, à la grammaire, et à tout ce qui assure la maîtrise de notre langue. Développez l’apprentissage de la littérature, des mathématiques et des sciences, où l’on raisonne vraiment, où l’on démontre, et du latin et du grec, qui, mieux que toute autre discipline, forment l’esprit.
Sachez toutefois qu’un tel objectif, même avec la meilleure politique du monde, ne pourrait être atteint qu’après des décennies d’efforts, en remontant à contre-courant la pente qui a été dévalée depuis des décennies.
Mme Françoise Laborde, présidente. – Voici un exposé très clair de votre vision de l’école ! C’est un plaidoyer pour l’école d’autrefois, dont vous estimez qu’elle a subi une débâcle. Vous êtes pessimiste, puisque vous jugez qu’il ne sera pas facile de remonter la pente…
M. Laurent Lafforgue. – En effet !
M. Jacques Grosperrin, rapporteur. – Nous sommes fiers de vous recevoir. La nostalgie n’est pas forcément réactionnaire : il y a dans le passé des leçons utiles. Votre point de vue trouvera peut-être un écho plus rapide que vous ne le pensez : nous nous sommes trop éloignés des principes fondateurs de l’instruction au profit d’un pédagogisme qui a chassé les contenus. Malgré les travaux de la commission Stasi, la définition même de la laïcité et ses implications à l’école continuent de faire débat. Dans l’article intitulé « La laïcité, la République et l’école », vous distinguez cinq définitions de la laïcité… Quel sens doit avoir la laïcité et quelle doit être sa place à l’école ? Vous indiquez dans ce même article que l’école du savoir a disparu au profit d’une école à laquelle on aurait « fixé comme mission première de faire partager les valeurs de la République ». L’école peut-elle ou doit-elle être le vecteur des valeurs républicaines ? Si oui, sous quelle forme, avec quelle pédagogie ? Quelles mesures pourraient être prises pour lutter contre ce que vous appelez la débâcle de l’école ?
M. Laurent Lafforgue. – Le mot « laïcité » est fréquemment invoqué sans être défini. Or il peut prendre des sens très différents. Je crois d’abord qu’il signifie que les professeurs ne doivent pas chercher à imposer leurs convictions aux élèves. L’école doit nourrir l’esprit et lui fournir des nourritures intellectuelles qui le rendent critique. C’est en se confrontant à des pensées riches, en découvrant des éléments de comparaison, qu’on acquiert l’esprit critique. Le rôle de l’école, républicaine ou non, n’est pas de faire adhérer à telle ou telle valeur.
Typiquement, l’apprentissage du latin ou du grec favorise la confrontation avec des auteurs anciens, issus d’une civilisation très différente et aux modes de pensée très différents.
Je ne suis ni réactionnaire ni conservateur. Ceux qui ont fait la Révolution française – à laquelle vous êtes peut-être plus attachés que moi – étaient pétris de latin et avaient constamment à l’esprit la République romaine. C’est grâce aux éléments de comparaison que leur avait fournis l’école qu’ils ont pu critiquer l’ordre politique et social dans lequel ils vivaient, et même le remplacer. Je ne plaide pas pour une révolution ou pour un ordre imposé, mais pour la liberté : il s’agit de transmettre les moyens de la liberté intellectuelle. Cela ne va pas sans risque : la génération suivante peut en faire un usage imprévu.
Tel est, pour moi, le sens de la laïcité. Mon père cite souvent l’exemple de son professeur de philosophie en Terminale, communiste convaincu, qui avait consacré une partie importante de l’année à l’étude de Charles Péguy. Bel exemple de laïcité ! Nous devrions toujours préciser dans le débat public quel sens nous donnons à ce mot, comme aux « valeurs républicaines » qu’on invoque souvent avec autorité. Comprennent-elles le respect du savoir ? L’amour du savoir ne se décrète pas, il résulte de la pratique. Il faut proposer aux jeunes un savoir stimulant, enrichissant, si on veut qu’ils le respectent. Ce fut le cas de mes grands-parents, puis de mes parents, qui nous ont transmis ce goût. Mes grands-parents, qui avaient commencé à travailler à 12 ans, avaient un respect infini pour le savoir et ont regretté toute leur vie de n’avoir pas étudié davantage. Ils n’ont pas pu apprendre à leurs enfants ce qu’ils ne savaient pas, mais avaient toute confiance en l’école républicaine, de même que mes parents.
Cette confiance, je ne l’ai plus. La perdre fut un déchirement pour moi comme ce le fut pour des millions de personnes, dont j’exprime ici la voix. Après ma démission forcée du HCE, j’ai reçu des centaines, des milliers de messages de professeurs, de parents – voire de grands-parents – d’élèves, d’étudiants, notamment dans les IUFM. À ces derniers je conseillais de faire semblant d’acquiescer jusqu’à leur titularisation, mais d’enseigner ensuite selon leur conscience. Ces messages illustrent à la fois l’ampleur du désastre et le fait que tout n’est pas perdu : l’amour du savoir n’a pas disparu des esprits en étant renié par les institutions. Grâce à la transmission familiale, il subsiste. J’ai même rencontré des jeunes qui avaient aussi peu reçu, sur le plan intellectuel, de leur famille que de l’école, et qui l’éprouvaient – ce qui, à mon sens, tient du miracle. L’école publique n’a pas à faire un catéchisme de valeurs républicaines mais à transmettre de bonnes nourritures intellectuelles.
Pour cela, il faut étudier les classiques, qui nous mettent en contact avec d’autres manières de penser. Nous avons trop tendance à juger notre époque supérieure à celles qui l’ont précédée. C’est peut-être vrai, mais encore faut-il avoir les moyens de faire la comparaison. De plus, mieux connaître notre culture, littéraire et scientifique, répond aussi à la haute idée que s’en fait le reste du monde.
Le problème n’est pas un problème de moyens ou de structure, c’est un problème d’état d’esprit.
Que faire ? Un ministre de l’éducation nationale m’a déjà posé la question. Je lui ai répondu : rien. Ce n’est pas d’action dont nous avons besoin. Le problème n’est pas un problème de moyens ou de structure, c’est un problème d’état d’esprit. Oui, j’ai fait la comparaison avec la débâcle de 1940. Lorsqu’une armée est en déroute, comme l’est actuellement notre école, la première chose que le général doit faire, c’est de rendre courage par la parole. J’ai donc conseillé au ministre de sillonner la France pour tenir de beaux discours consacrés à la valeur du savoir, afin de remobiliser ses troupes et de favoriser le retour du bon sens.
Hélas ! Quand je lui ai fait remarquer que le site Internet du ministère comportait des erreurs de français, il m’a répondu que cela n’avait aucune importance. Homme d’écrit et de parole, il négligeait l’écrit et la parole… Pourtant, puisque vous m’interrogez sur les valeurs républicaines, il suffit de consulter les discours tenus à la Constituante ou à la Convention pour être saisi par le contraste avec la manière de s’exprimer de nos hommes politiques actuels, à commencer par le Président de la République et son prédécesseur, que mes grands-parents auraient été choqués d’entendre.
M. Jean-Claude Carle. – Vos propos sévères sont renforcés par le fait que vous affirmez tout devoir à l’éducation nationale.
M. Laurent Lafforgue. – Absolument.
M. Jean-Claude Carle. – Vous dites n’avoir plus confiance en l’école républicaine. Vous constatez que l’apprentissage de la langue doit avoir la priorité. Que faire ? Augmenter le nombre d’heures qui lui sont consacrées ? Réformer la pédagogie ? Pour respecter le savoir, les jeunes doivent être en mesure de l’appréhender. Vous dites que le goût du savoir persiste dans les individus en dépit de la perversité du système.
M. Laurent Lafforgue. – Chez certains individus…
M. Jean-Claude Carle. – Oui, les ministres devraient faire de plus beaux discours. Comment remonter la pente ? Le savoir est la seule chose qui augmente quand on le partage. Si vous aviez trois mesures à nous proposer, quelles seraient-elles ?
M. Laurent Lafforgue. – Augmenter le nombre d’heures d’enseignement du français serait bienvenu. C’est pourtant un mathématicien qui vous le dit ! La maîtrise de la langue est en effet la première condition de l’apprentissage des sciences, de nombreux témoignages de mes collègues l’attestent. Pour comprendre, par exemple, un énoncé comme « Soit un triangle ABC… » ou des expressions comme « abaisser une perpendiculaire », il faut avoir un rapport à la langue plus réfléchi que le simple rapport instinctif au langage courant. C’est pourquoi l’apprentissage du latin et du grec a joué un tel rôle, pendant des siècles, dans la formation des scientifiques de toute l’Europe. Or il n’a cessé, depuis des décennies, d’être dévalorisé. Il est désormais question de l’intégrer dans un enseignement à l’intitulé incompréhensible, ce qui serait une catastrophe. J’ai pu constater hier lors d’une conférence sur la mécanique quantique, qui est une branche majeure de la physique, et dont les applications économiques sont considérables, que la moyenne d’âge était d’environ 70 ans : la relève n’est pas là ! C’est dramatique. La maison brûle ! Et il n’y a pas d’espoir de remonter rapidement la pente. Il faudrait d’abord une prise de conscience. Ensuite, les mesures de bon sens s’imposeront d’elles-mêmes.
Moi qui ignorais jusqu’à l’existence des écoles hors contrat, j’en suis amené à concentrer mon énergie à les soutenir. La présentation, par le fondateur d’une école de ce type, de son programme, m’a frappé par son bon sens. Pourquoi faut-il des écoles spéciales pour entendre ces choses ? Je ne le comprends pas. J’ai des amis qui vivent dans le Sud de la France, où ils élèvent cinq enfants. Malgré mes mises en garde, qu’ils ont reçues avec scepticisme, ils les ont mis à l’école, la meilleure du département. J’ai vu, année après année, monter leur inquiétude, et j’ai constaté moi-même, lors de mes visites, les dégâts des méthodes semi-globales, qui sont encore largement pratiquées : en CE2, l’aîné ne savait pas lire. Les parents ont fini par fonder une école, il y a dix-huit mois, en s’associant avec d’autres parents. Les résultats sont là : en un an, leur fils a appris à lire, et il lit désormais beaucoup. Cette école fonctionne pourtant avec des moyens dérisoires, avec deux classes mélangeant plusieurs niveaux et tenues par une institutrice et une mère de famille armée de son seul bon sens. J’ajoute que ces amis ne sont pas des intellectuels : ils tiennent un commerce de fruits et légumes !
M. Jean-Claude Carle. – Comment expliquez-vous le succès des mathématiciens français qui, comme vous, font honneur à notre pays ?
M. Laurent Lafforgue. – C’est un héritage. L’école mathématique française s’est reconstituée miraculeusement après la Seconde Guerre mondiale et se perpétue depuis. Elle illustre l’importance de l’inertie en ce domaine. Notre école primaire était sans doute, il y a cinquante ans, la meilleure au monde. Il a fallu des décennies pour la détruire. Inversement, même avec la meilleure politique du monde, il faudrait des décennies pour la reconstruire. À vrai dire, j’ai aussi des inquiétudes pour l’école mathématique car les jeunes scientifiques n’ont plus la formation littéraire, philosophique et fondée sur les humanités classiques dont bénéficiaient leurs aînés depuis des siècles. Ils deviennent de bons techniciens de la science mais il leur manque la capacité de recul et de réflexion conférée par cette formation. Résultat : si les scientifiques n’ont jamais été aussi nombreux, leur créativité s’est effondrée.
À cet égard, comme dans d’autres domaines, le relais est pris par l’Asie où, dans des pays comme le Japon, le Vietnam ou la Chine, l’éducation nous paraîtrait réactionnaire, alors qu’elle permet la modernité. Au Japon, par exemple, les élèves apprennent tous à compter sur un boulier, ce qui n’empêche pas ce pays d’être en pointe dans l’électronique : la première éducation n’a pas pour finalité de préparer à un métier. L’enseignement primaire ne doit pas obéir aux mêmes principes que l’enseignement supérieur. Faute d’avoir respecté cette règle de bon sens, nous devons enseigner à l’université des éléments qui auraient dû être assimilés en primaire !
Mme Françoise Laborde, présidente. – Merci. Nous essaierons d’insuffler, par notre rapport, un peu de bon sens ! »
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