Article rédigé par IREF le 11 Apr 2013
La proposition de l'IREF
Voici lancée une nouvelle et grande offensive contre les
paradis fiscaux. Mais il y aura exil fiscal aussi longtemps que l’impôt
sera confiscatoire et arbitraire, comme c’est le cas en France. Ne
ferait-on pas mieux de proposer une amnistie fiscale? Beaucoup d’exilés y
seraient sensibles compte tenu de la police fiscale qui s’organise au
niveau européen.
L’affaire Cahuzac a été rapidement (et habilement) récupérée par
les socialistes (et aussi une partie de la droite) pour dénoncer
l’existence des paradis fiscaux. Pour ces idéologues malins, le plus
important c’est l’évasion et l’exil fiscal : bien plus important que les
mensonges d’un ministre du Budget, grand donneur de leçon aux
contribuables français. Il faudrait donc renforcer la lutte et, comme le
propose le député socialiste Yann Galut qui dirige le Groupe du travail
à l’Assemblée, élargir même l’assiette de l’ « exit tax » aux
successions et traquer les « faux exilés fiscaux ».
Monsieur le député devrait d’abord savoir que s’il existe des
paradis fiscaux, c’est parce qu’il y a aussi des enfers fiscaux. La
France en fait partie. Il devrait aussi être informé de la typologie de
ceux qui partent. Comme l’a montré Jean-Philippe Delsol, alors que les
départs pour des raisons fiscales ont été probablemnet multipliés par 5
depuis environ 1 an, le profil des exilés a aussi changé. Il s’agit
plus désormais d’entrepreneurs assez jeunes, pas forcément très riches
mais qui choisissent d’installer leur affaire dans un autre pays. Taxer
et réglementer encore plus ne servira strictement à rien contre ces
gens-là. Au contraire, cela provoquera encore plus de départs. Non, ce
qu’il faut, c’est s’attaquer aux vraies causes de l’exil fiscal, la
forte imposition.
C’est ce que vient de proposer un groupe de députés de l’UMP dans
une Proposition de loi déposée le 28 mars dernier. Il s’agit de la mise
en place d’un dispositif d’amnistie fiscale pour permettre aux capitaux
français partis à l’étranger de revenir dans l’économie. En s’appuyant
sur l’exemple italien, les députés proposent une taxe forfaitaire à 5 %
sur les capitaux rapatriés, et aussi une franchise d’impôt pour ses
capitaux réinvestis dans la création ou la reprise d’entreprises
françaises. En Italie, le même dispositif lancé en 2010 a permis le
rapatriement de plus de 104 Milliards d’euros.
Certes, cette proposition n’a hélas sans doute guère de chance
d’aboutir. L’IREF, par l’intermédiaire de Jean-Philippe Delsol, a
cherché à être constructif et plus réaliste peut-être. Car en dépit de
niveaux déraisonnable d’imposition en France, beaucoup de Français qui
ont des comptes en Suisse ou ailleurs depuis des générations seraient
prêts à les régulariser si la procédure proposée etait simple, rapide
et non confiscatoire alors qu’aujourd’hui ces détenteurs de comptes à
l’étranger n’osent plus s’aventurer dans ces démarches, après que Bercy
ait supprimé l’anonymat et fermé l’accès à sa cellule dédiée à cet
effet.
Jean Philippe Delsol propose que toute régularisation engagée dans
l’année soit traitée dans un court délai et à un coût forfaitaire égal à
50% des revenus (intérêts, dividendes, plus values) réalisés sur ces
comptes depuis 2006, sans pénaliser ceux qui ont géré leurs avoirs au
travers de sociétés ou ceux dont les comptes ont fait l’objet de
donations ou succession. Une telle mesure pourrait rapporter des
milliards d'euros. car malgré un taux élevé qui démontrerait à l'opinion
que ça n’est pas un cadeau, cette solution apaiserait de très
nombreuses familles soumises à la pression de l’administration française
autant que des banques et pays étrangers.
En même temps, le gouvernement pourrait annoncer qu'au-delà d’une
période d’un an, il appliquerait strictement les amendes égales à 5% par
an des capitaux étrangers, ce qui serait extrêmement incitatif au
moment où par ailleurs le Luxembourg et l’Autriche annoncent qu’ils vont
mettre en œuvre des procédures d’échange de renseignements
automatiques, ce qui obligera la Suisse à le faire, elle aussi, sans
tarder.
Comme en Italie, le budget français profiterait mieux de telles
mesures concrètes que de hausses d’impôts ou de réglementations
stériles. Les impôts n’ont pas de vocation moralisatrice ; ils ont
pour but de rapporter au budget de l’Etat l’argent nécessaire à ses
besoins. La moralité serait d’ailleurs qu’il y ait moins d’impôts tant
ceux-ci deviennent attentatoires à la propriété et à la liberté des
individus. Et si tel était le cas, il y aurait sûrement moins d’argent à
l’étranger.
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