Ils veulent « la liberté, sinon rien ». Leur devise ? « Vie, liberté, propriété ». Les Libertariens débarquent en France. Nouvelles de France a rencontré Stephane Geyres, leur président.
Pourquoi avoir lancé Les Libertariens en janvier 2013 ? Selon vous, le libéralisme n’est pas représenté en politique, aujourd’hui en France ?
Notre groupe des fondateurs a bien décidé fin 2012 de lancer Les Libertariens qui depuis ont été en effet enregistrés comme parti en janvier (notre nom officiel est donc le Mouvement des libertariens). Nous considérons que le libéralisme authentique est totalement inconnu et incompris en France et que, c’est exact, aucune offre politique cohérente n’existait à ce jour, alors que le libéralisme libertarien n’est pourtant rien de
moins que l’avenir de l’Homme.
Pourquoi ne pas avoir tenté l’entrisme dans un grand parti (UMP, MoDem…) ?
L’entrisme ? Tout libertarien vous dira qu’il est inconcevable. Tous les partis se voulant libéraux l’ont démontré, il est vain de tenter d’influencer des partis qui ne sont pas conçus pour le bonheur des peuples mais pour celui de leurs élites. À moins d’être déjà célèbre et connu du public, vouloir faire gagner la liberté ne peut se faire que de l’extérieur du système.
Qu’est-ce qui vous différencie du Parti libéral démocrate, sur le fond comme sur la forme ?
Le PLD se veut un « gentil parti », mais il est et sera incapable de pousser les mesures profondes dont notre société a besoin et que nous proposons. Déjà sur le fond, il s’affiche à la fois libéral et démocrate alors que ces deux concepts sont incompatibles, la société libre de demain n’ayant rien de démocratique. En effet, qu’est-ce que la démocratie sinon l’oppression des minorités par la majorité ? Le PLD a l’avantage de faire un peu avancer les idées libérales dans le domaine économique, mais sinon il s’inscrit dans la continuité du système actuel. Or c’est le système qui est en cause, pas seulement la politique économique.
Un parti de plus… diront certains. En quoi le Mouvement des libertariens n’est pas un parti comme les autres ?
Nous – et bien d’autres libertariens – avons longtemps hésité avant de créer ce parti. Car pour nous, un parti est synonyme de prise de pouvoir et c’est justement du pouvoir que nous nous méfions. Nous ne voulons pas prendre le pouvoir, mais qu’il soit rendu aux citoyens. Incohérence apparente donc. Mais en France, rien ne se passe hors du système. La preuve, vous vous intéressez à nous parce que nous entrons dans le jeu partisan. Notre objectif est donc de venir perturber ce jeu. Ouvertement. Nous serons le caillou dans la chaussure – du PLD notamment, et de tous les autres.
Quels sont vos objectifs électoraux ? Vos projets à court et moyen terme ?
Nous préparons notre présence électorale. Mais elle est destinée à montrer que l’empereur est nu, que les autres candidats ne sont pas à la hauteur des enjeux, qu’ils ne disent pas la vérité ou simplement qu’il ne comprennent pas la crise et ses causes.
Il est encore trop tôt pour dévoiler nos plans qui, pour être franc, sont encore en préparation. Mais disons que nous serons partout où les élections sont peu coûteuses et partout où nous pensons pouvoir renverser les baronnies en place.
« Vouloir faire gagner la liberté ne peut se faire que de l’extérieur du système »
Comment expliquer le fait que le libéralisme a si mauvaise presse en France en 2013 ? Est-ce pour cela que vous avez pris l’appellation « libertarien », moins connotée ?Je ne sais si vous avez lu Libres !, paru en septembre 2012 et écrit par 100 libéraux – votre rédaction en a un exemplaire (Nouvelles de France de décembre 2012 a interrogé les auteurs de Libres !, ndlr). Un de ses articles a pour titre : « 94% des journalistes de gauche ? » – je crois qu’il y a là une des causes évidentes.
Le libéralisme, qui est pourtant né en France avec les Lumières, subit depuis l’après-guerre un lent mais très efficace travail de sape, au point que plus personne ou presque n’en connait les principes. Pourtant, c’est très simple : il n’y a pas de philosophie politique plus humaniste que le libéralisme authentique. Mais celui-ci suppose une place minimale voire nulle laissée à l’État bureaucrate, et celui-ci ne l’entend pas de cette oreille. Alors il nous fait croire à une monstruosité.
Le terme de libertarien vient du terme anglo-saxon « libertarian ». C’est un moyen d’affirmer que nous ne sommes pas des libéraux au seul sens économique, mais aussi et surtout au sens politique, c’est-à-dire que nous voulons un retour à l’état strictement régalien. Voire au-delà.
Si vous arriviez au pouvoir, quelles seraient vos 5 premières mesures ? La croissance sans fin de l’État providence n’est-elle pas, partout, inéluctable ? Le refuser, n’est-ce pas aller contre le sens de l’Histoire ?
Le sens de l’histoire n’est pas celui annoncé par Marx, c’est celui qui va vers la liberté des peuples. L’État-nounou gargantuesque est en train d’approcher l’apoplexie, il va tomber comme un fruit pourri de l’arbre et l’histoire reprendra sa marche lente mais sûre en laissant derrière elle ce « détail ».
Imaginez cinq mesures phares – mais qui vous dit que les nôtres se limiterons à celles-ci ? Suppression du statut de fonctionnaire ; suppression du code du travail ; impôt unique et identique pour tous quelque part entre 10 et 15% des revenus (tout autre impôt étant supprimé) ; retrait de l’État de toutes ses participations dans des entreprises, quelles qu’elles soient ; suppression de tous les monopoles publics.
La crise que nous vivons actuellement est-elle une opportunité pour faire connaître et comprendre le libertarianisme aux Français ?
La crise est en effet une lame qui va aller grandissant et qui portera nos idées, en France comme partout d’ailleurs. Déjà Ron Paul, aux États-Unis, a fortement perturbé les dernières élections américaines, nous faisons le pari que ce sera aussi le cas en Europe.
Je fais, par exemple, le pari qu’Alain Madelin va tenter de revenir – et c’est très bien. Mais il ne va pas assez loin et surtout il est trop teinté, il fait parti du système. Les citoyens ont besoin de sang neuf.
Finalement, quel intérêt auraient nos lecteurs à adhérer aux Libertariens ?
Adhérer aux Libertariens, c’est un acte simple. Pas besoin de chercher de raison bien compliquée : Si vos lecteurs croient que ce système les étouffe, s’ils pensent que la crise n’est pas leur faute mais celle des politiques et des banquiers, s’ils pensent qu’ils se débrouilleraient bien mieux sans toute cette paperasse et ces bureaucrates, s’ils pensent qu’ils paient trop d’impôts, ils trouveront chez nous un discours à leur mesure : Les Libertariens ne veulent pas prendre le pouvoir, mais vous le rendre.
Vous direz que c’est populiste ? Il est en effet temps de s’occuper du peuple. C’est notre seule ambition.
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