Selon la Commission européenne, le déficit de la France sera, en l’état, encore de 3,9% en 2014 et le niveau des dépenses publiques devrait passer à 57% du PIB contre 56,7% prévus à l’automne 2012, ce qui prouve que l’Etat ne baisse pas ses dépenses. Dans ces conditions et pour atteindre les 3% de déficit public en 2014, il manquerait 20 milliards.
Bercy conteste ces chiffres et prétend que 10 milliards suffiront eu égard aux mesures déjà prises. En réalité,
Bercy envisage des impôts déguisés, notamment en introduisant de la progressivité dans le paiement de divers prix, tarifs ou allocations.
Car les impôts continueront d’augmenter. François Hollande a
lui-même reconnu le 23 février qu’il faudrait « des économies et
subsidiairement …des prélèvements supplémentaires ». Mais la lettre de
cadrage pour le budget de 2014 n’a annoncé que 1, 5 milliards d’euros de
baisse des dépenses de l’Etat, ce qui sera notoirement insuffisant. La
réalité est que de nombreuses mesures fiscales ne donnent pas les
résultats escomptés. Le gouvernement aurait dû nous écouter ; il aurait
su qu’au-delà d’un certain niveau, l’impôt tue l’impôt, qu’en taxant
exagérément les entrepreneurs et les consommateurs, on atteint la
vitalité de l’économie et par la même on réduit l’assiette fiscale et
donc le produit de l’impôt. Il est confirmé par exemple que la taxe sur
les transactions financières rapportera en 2013 de l’ordre de 600
millions au lieu des 1600 attendus. Après la hausse des cotisations sur
les emplois à domicile, la masse salariale des particuliers employeurs a
baissé de 1,8% en 2012, réduisant d’autant l’assiette des cotisations.
Le gouvernement veut donc frapper encore avec une nouvelle taxe à 75%
des hautes rémunérations.
Les impôts déguisés
Et puis il envisage d’autres impôts nouveaux qui prendront cette
fois la forme de réduction de revenus pour les familles aisées, les
retraités… Il continuera de s’inscrire ainsi dans la spirale infernale
selon laquelle plus d’impôt génère moins de recettes fiscles qui
conduisent à augmenter les impôts qui…
D’ores et déjà le gouvernement et les partenaires sociaux se sont
entendus pour prélever plus sur les cotisations et donner moins aux
cotisants. C’est le sens de l’accord intervenu sur les retraites
complémentaires - AGIRC, ARCCO – qui augmenteront d’un point de moins
que l’inflation au cours des trois prochaines années tandis que les
cotisations seront rehaussées de 0,1point en 2014 puis à nouveau en
2015. Mais ce bricolage ne fait que reporter de quelques années la
faillite qui guettait l¬¬¬es caisses, la seule solution de long terme
consistant à passer de la retraite par répartition à la retraite par
capitalisation. C’est non seulement nécessaire, mais c’est possible
comme l’ont démontré dans leurs excellents ouvrages Jacques Garello et
Georges Lane (Futur des retraites et retraites du futur, tomes 1, 2 et 3
à commander chez Contribuables associés 42 rue des Jeuneurs, 75002
Paris ou sur Amazon).
Le gouvernement veut encore trouver 2,2 Milliards d’euros en trois
ans pour équilibrer la branche famille de la Sécurité Sociale en
divisant par deux les allocations servies aux plus riches ou en limitant
encore le plafond du quotient familial. D’ailleurs certains à l’UMP
proposent eux-mêmes que les allocations familiales soient plafonnées
(Xavier Bertrand aux Echos les 1er et 2 mars). Le Patronat a lui-même
proposé que, pour le redressement des retraites, les cadres soient mis à
contribution plus que les autres salariés.
Mais ça n’est pas tout. Le gouvernement aurait voulu que désormais
chacun paie son gaz ou son eau en fonction de sa consommation. Sus aux
gros consommateurs.
L’égalitarisme par les prix
Une soixantaine de parlementaires ont déféré au Conseil
constitutionnel la loi du 11 mars 2013 visant à préparer la transition
vers un « système énergétique sobre » et portant diverses dispositions
sur la tarification de l'eau et sur les éoliennes. Ils visaient en
particulier l’article 2 mettant en place un dispositif de bonus-malus
sur les consommations domestiques d'énergies. Ils estimaient, à juste
titre que ce bonus/malus était un nouvel impôt et aurait du être adopté
comme tel. Ils relevaient aussi que la loi portait atteinte à la liberté
individuelle et au droit au respect de la vie privée des consommateurs
qui auraient dû déclarer des informations personnelles : choix de leur
mode de chauffage, nombre de personnes au foyer et, en particulier,
nombre de mineurs en garde alternée. Enfin, ils observaient que le
dispositif de bonus-malus créait une rupture d'égalité eu égard à la
situation individuelle et professionnelle des personnes, à l'habitation
et au mode de chauffage
Par sa décision n° 2013-666 DC du 11 avril 2013, le Conseil
constitutionnel a jugé que l'article 2 de la loi méconnaissait le
principe d'égalité devant les charges publiques et l’a donc censuré,
ainsi que, par voie de conséquence, les autres dispositions de la loi
qui en étaient inséparables.
Mais le Conseil a rejeté les autres griefs et jugé conformes à la
Constitution le 1° du paragraphe I de l'article 14 de la loi, ainsi que
les articles 24, 26 et 29. Il faut donc craindre que l’annulation de
l’article 2 n’ait été prononcée que pour des raisons techniques, tandis
que le principe même de tarifs différenciés suivant les consommateurs
serait admis puisqu’il inspire les autres articles. Le Conseil ouvrirait
ainsi la porte à un socialisme insidieux, à une progressivité
généralisée et à une égalisation des conditions par les prix. Et bientôt
sans doute faudra-t-il payer son pain en fonction de ses revenus pour
être tous égaux …dans la misère.
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