Puisque les anciens
présidents de la République sont à la mode, j’aimerais rappeler à notre
souvenir celui qui reste à mes yeux le plus admirable de l’histoire de
la Ve : Georges Pompidou, à tort négligé, mais qui aura occupé l’Élysée
durant l’équivalent d’un quinquennat. La lecture de ses lettres et
notes, récemment éditées par son fils Alain, témoigne de qualités que
l’on aimerait voir réunies chez ses successeurs. Tentons de les résumer.
Une
vraie culture. De l’hypokhâgneux dissertant sur ses problèmes
existentiels au président échangeant de longues lettres avec François
Mauriac, en passant par l’esthète amoureux de Vasarely, Pompidou
apparaît comme un homme de lettres et de goût, un homme doté de pensées
de derrière, pour reprendre l’expression de Pascal, qui lui permettaient
d’observer avec un certain recul les chicaneries politiques. Son style
est classique mais vif, un peu à la manière de Morand. Quel autre
président aurait pu écrire : « Je suis en marge du bonheur » ? Quel autre aurait lutté contre ses ministres et leur administration pour défendre les arbres sur les routes nationales ?
Un esprit moderne. À 20 ans, Pompidou disait de Barrès : «
Il a raison au fond de montrer que la culture déracine mais,
précisément, c’est son avantage, à mon humble avis, et rien n’est plus
odieux que le particularisme. » Ce déracinement, Pompidou l’a vécu
dans sa passion pour l’art moderne, mais aussi et plus profondément dans
son intérêt pour la technologie et le nouvel art de vivre qu’elle
définissait. Voies rapides, TGV, Airbus, villes nouvelles, écologie :
Pompidou s’est efforcé d’accompagner la modernité avec une foi dans le
progrès et un courage visionnaire qu’on aimerait retrouver dans les
débats actuels.
Une authentique compréhension des mécanismes
économiques. Pompidou reste jusqu’à aujourd’hui le seul président de la
Ve à avoir eu une réelle expérience dans le secteur privé, comme
directeur général de la banque Rothschild, où il s’est notamment occupé
d’industrialisation de l’Afrique. Il en tira une compétence économique,
en s’employant sur le plan extérieur à abaisser les tarifs douaniers, et
sur le plan intérieur à promouvoir la concurrence, dans la lignée des
travaux de Jacques Rueff. « L’expérience montre que les réformes qui vont contre la réalité économique échouent toujours », écrit-il. Certains feraient bien de s’en inspirer…
Un
antisocialisme total. Pompidou assume, bien plus clairement que de
Gaulle, son hostilité à la doctrine socialiste. “Débarrasser la France
des communistes”, s’assigne-t-il déjà comme objectif après la guerre. Il
n’aura de cesse de dénoncer l’endoctrinement idéologique dans les
universités et de déplorer les biais marxisants des manuels d’économie
et de philosophie. Sa perplexité devant l’évolution de Mitterrand prête à
sourire : « Il suffit de le voir pour se rendre compte qu’il n’est pas socialiste »…
Le
non-interventionnisme. Pompidou possédait cette sagesse exceptionnelle
pour un dirigeant : savoir ne pas faire. Il appliqua cette stratégie du benign neglect, ce souci de règles simples et peu nombreuses, à tous les domaines. L’économie : libérale. La presse : «
C’est la presse qui doit créer elle-même les conditions de sa morale,
puisque jamais ni la loi ni la justice françaises n’ont été capables de
trouver un moyen terme entre la censure et la pire licence. » Et même… la sécurité routière : « La complication recherchée à plaisir dans la signalisation sous toutes ses formes est une cause supplémentaire d’accidents. » Ainsi Pompidou témoignait-il d’un humanisme, respectueux de l’individu et de ses choix.
On a souvent attribué à Pompidou cette jolie phrase : « Cessez d’emmerder les Français ! » Qu’elle
soit ou non apocryphe, il est certain qu’il a toujours cherché, par son
action, non pas à changer la vie de ses concitoyens, mais à la
faciliter. Tâche peut-être moins exaltante, mais ô combien plus subtile
et exigeante !
Après avoir tenu pendant 2 années des réunions destinées à intéresser des organisations à ce que pourrait être un "Nouveau Logiciel". Je me propose maintenant de donner quelques pistes sur ce qu'il conviendrait de faire. Alternativement je placerai quelques messages de nos amis des associations et Think Tanks libéraux.
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