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Infatigable
! C’est l’un des adjectifs qui caractérise le mieux Xavier Niel. Ce
milliardaire dont la réussite est connue n’a pas l’intention de
s’arrêter à Free. Son nouveau projet le prouve. Baptisé 42,
en référence à Douglas Adams, le patron d’Iliad, maison-mère de Free et
Free Mobile, a décidé de créer un institut de formation plutôt original
qu’il financera à hauteur de 50 millions d’euros. Gratuite et sans
prérequis scolaire ou universitaire, cette école a l’ambition de former
1000 codeurs chaque année.
Pour y accéder, les candidats doivent
avoir entre 18 et 30 ans. Ils peuvent dès maintenant passer des tests en
ligne pour une présélection de 4000 candidats qui seront formés l’été
prochain à raison de… 15 heures d’enseignement par jour ! Un second tour
sera ensuite réorganisé pour en retenir un millier qui démarreront le
cursus dès novembre prochain pour une formation de trois à cinq ans.
Le 42 sera installé dans un immeuble du
17e arrondissement de Paris dont les locaux (4200 mètres carrés) sont en
cours d’aménagement. Le bâtiment sera équipé d’iMac, un par élèves, et
sera accessible aux élèves 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. L’école
sera pilotée par quatre personnes, Xavier Niel, Nicolas Sadirac, Kwame
Yamgnane et Florian Bucher, et un effectif de 42 personnes sera chargé
de l’enseignement.
Pour Xavier Niel, les ministres parlent, et lui agit
Pour Xavier Niel, ce projet n’est pas un nouveau business, bien au contraire. « Ce modèle où l’on crée des écoles pour s’enrichir est obsolète. Il date des années 80. » Pour le patron d’Iliad, il s’agit d’éviter que la France continue de baisser dans les nouvelles technologies. « Trouver des talents devient une véritable quête », affirme M. Niel. «
Aujourd’hui, dans le codage, 70 % des entreprises françaises n’arrivent
pas à recruter. C’est le seul secteur industriel à vivre cela. »
Et, quand on lui demande pourquoi il ne monte pas ce projet avec les pouvoirs publics, Xavier Niel est direct : «
Seul le privé peut faire quelque chose. Les pouvoirs publics tentent de
sauver ce qui ne l’est pas et en attendant rien de concret ne se passe.
» Il a aussi réagi aux propos des ministres Fleur Pellerin et
Arnaud Montebourg, qui l’ont récemment qualifié de passager clandestin
des nouvelles technologies, en faisant allusion au lancement de Free
Mobile. « Eux, ils parlent, moi j’agis ! »
Une pédagogie participative pour libérer la créativité
Nicolas
Sadirac, un ancien de l’Epita et l’un des maîtres d’œuvre du projet 42,
en dit plus sur le fonctionnement de ce qu’il nomme un « endroit
pédagogique », une expression qu’il préfère à « école ». «
Nous ne sommes pas là pour apporter une connaissance, d’ailleurs ce
concept n’a plus d’importance. Nous nous orientons sur une pédagogie
participative destinée à libérer la créativité des élèves. » Pour
ce développeur, cette méthode est à rapprocher au logiciel libre dont
l’évolution repose sur une communauté. « C’est comme le peer-to-peer,
tout le monde est à la fois utilisateur et acteur ».
Pour le moment, aucun responsable
politique n’a réagi au lancement de ce projet. Ni le ministère de
l’Éducation Nationale, ni celui de l’enseignement supérieur, ni même
celui du redressement productif n’ont fait de commentaires positifs ou
négatifs.
Seul Patrice Dumoucel, fondateur de
l’Epita, présent dans la salle au milieu des journalistes, s’est permis
quelques commentaires. S’il salue l’initiative, il émet des réserves sur
une formation qui ne délivre aucun diplôme. « Comment vont faire
ces jeunes pour faire valoir leurs compétences auprès des recruteurs ?
Les grandes entreprises recrutent sur diplôme et pour faire un master,
il faut avoir le bac. » Il estime aussi que Xavier Niel puisse
faire dans l’éducation ce qu’il a fait dans les télécoms avec Free
Mobile. Si Xavier Niel accepte ces remarques, il signale que, selon lui,
« il faut changer ce paradigme ».
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