Récession, perte de vitalité et europessimisme | Les leçons de Schumpeter
Vendredi, 8 Février, 2013
Le
8 février 2013 marquera le 130e anniversaire de la naissance de Joseph
Aloïs Schumpeter. Originaire de la Vieille Europe, cette grande
intelligence est l’une des expressions du « génie de l’Occident ». Tant
pour l’analyse et l’interprétation des maux qui affectent les économies
européennes que pour imprimer une nouvelle direction à une histoire
ouverte, sa relecture s’avère féconde | Par Jean-Sylvestre MONGRENIER,
chercheur associé à l’Institut Thomas More
A
ses débuts, la crise économique déclenchée par la chute de Lehman
Brothers et le krach boursier du 15 septembre 2008, avait été l’occasion
d’un grand happening sur la victoire finale de Keynes et des
néo-keynésiens (contre Milton Friedman et l’Ecole de Chicago) et même le
retour de Karl Marx. Las. Les politiques de relance alors préconisées
et la vision d’un Etat omniscient, omnipotent et bienveillant sont
venues se fracasser sur le mur des dettes souveraines. Cette crise
globale a mis en évidence le décalage entre les structures
politico-économiques européennes (l’Etat-providence) d’une part, le
nouvel état du monde et l’affirmation des économies émergentes d’autre
part. Aussi la relecture de Schumpeter s’impose-t-elle. Conjuguant
théorie et histoire, politique et psychologie, ses analyses vont au fond
des choses ; elles peuvent féconder les situations et imprimer une
nouvelle direction.
Le
plus éprouvant dans la période est sans doute cette bonne conscience scientiste
et technocratique qui reste persuadée qu'avec cet État issu du changement de
civilisation promis par Aubry et Taubira (entre autres), il n'y aurait plus
jamais de vente de cheval en lieu de boeuf, plus jamais de chômeur immolé, plus
jamais de licenciement, et bien au contraire du travail pour tous, de la
protection pour tous, et déjà du mariage pour tous, ce qui est bien la preuve
que cela avance dans la bonne direction…