samedi 7 novembre 2015

Philippe Simonnot : « Le communautarisme gay met en danger la République »

6 novembre 2015 par les4v dans La Une
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Philippe Simonnot, pourquoi ce livreLa rose et le brun, sur les relations ambiguës entre l’homosexualité et le nazisme ?
Philippe SimonnotTout d’abord la perte de repères illustrée récemment par le « mariage pour tous » en France m’a profondément impressionné.
Ensuite, j’ai voulu donner une suite à Juifs et Allemands : Préhistoire du génocide (Éd. PUF, 1999) où je posais l’énigme effroyable de ce pays, l’Allemagne, qui était un nouvel Israël pour beaucoup de Juifs Allemands, alors qu’il était en train de devenir la Première Puissance mondiale, avant d’aboutir à l’horreur que l’on connaît. Ce revirement inouï s’explique à mon sens par trois facteurs : 1) l’arrivée massive des Juifs de l’Est par centaines de milliers fuyant les pogroms russes (ce qui a profondément déséquilibré la relation judéo-allemande ; 2) la Déclaration Balfour (2 novembre 1917), qui annonçait que le gouvernement de Sa Majesté britannique voyait d’un œil favorable l’implantation d’un foyer national juif en Palestine, pour rallier les Juifs du monde entier du côté des
Alliés, alors que le centre du sionisme à l’époque était Berlin ; du même coup les Juifs allemands sont devenus des traîtres en puissance pour l’Empire germanique ; 3) la défaite allemande de la Première Guerre mondiale, et le bouc émissaire tout trouvé : les Juifs. Mais je n’avais pas épuisé le sujet – loin de là ! Il fallait encore explorer la dimension sexuelle du nazisme, et notamment sa dimension homosexuelle.
Êtes-vous homosexuel vous-même ?
« Si vous vous étiez déclaré homosexuel, j’aurais publié votre livre », s’est exclamé un éditeur qui a refusé le manuscrit. Je suis anarchiste et donc contre toute censure a priori. Beaucoup d’homosexuels prétendent monopoliser la parole sur l’homosexualité. Cela n’a pas de sens. Je trouve d’ailleurs insensé de discourir sur ce sujet en tant qu’homosexuel ou en tant qu’hétérosexuel. Aujourd’hui, avant de prendre la parole, on doit faire l’aveu de sa sexualité. Nous sommes à une époque de confession publique obligatoire.
Y aurait-il un rapport entre l’homosexualité et le totalitarisme ?
L’homosexualité peut y conduire. Parce qu’elle est le culte du même, la négation de la femme, de l’altérité, de la reproduction… culte qui avait été porté par les mouvements de jeunesses allemands comme le Wandervogel (« oiseau migrateur »), et qui a ensuite été repris par les Jeunesses hitleriennes. L’homosexualité conduit aussi à un antisémitisme virulent à cause de l’interdit biblique pesant sur « l’abomination de l’abomination », c’est-à-dire la sodomie. Elle conduit aussi à un antichristianisme tout aussi violent à une époque où les chrétiens respectent l’interdit biblique. Ce que je trouve inquiétant dans la situation d’aujourd’hui, c’est la négation progressive de la sacralité et de l’unicité de la personne humaine. Le critère pour échapper au totalitarisme, c’est bien la reconnaissance de la valeur absolue de chaque être humain.
Hitler était-il homosexuel ?
Sur la sexualité d’Hitler, je ne me prononce pas. C’était sans doute un pervers, au sens freudien du terme, mais je ne vais pas au-delà. En tout cas, Il était capable d’exploiter les faiblesses des autres, notamment sur le plan sexuel même s’il était permissif en matière de mœurs.
Aurait-il pu être qualifié de « gay friendly » comme on dirait aujourd’hui ?
Jusqu’en juin 1934 et la Nuit des Longs Couteaux, certainement ! Hitler a même soutenu Ernst Rohm quand il était attaqué par la gauche pour ses mœurs homosexuelles affichées. Wilhelm Reich, le prophète de la « révolution sexuelle », qui a conduit en France à Mai 68, s’est complètement trompé en faisant du nazisme un produit de la répression sexuelle. Au contraire, comme l’a très bien vu Herbert Marcuse à l’époque, la libéralisation sexuelle fut un des moteurs du nazisme.
L’incarnation de cette symbiose entre homosexualité et nazisme, serait-ce Ernst Röhm, le chef homosexuel des Sections d’Assaut ?
Pour beaucoup de nazis, La véritable révolution, c’était lui. Il est étonnant que les homosexuels du monde entier n’en aient jamais fait, à l’instar des néo-nazis, un martyr de leur cause. Car il fut assassiné par Hitler parce qu’homosexuel. Il n’existe pas de biographie de Röhm digne de ce nom. Et pourtant, c’est un personnage central de cette tragédie. Pour certains néo-nazis d’aujourd’hui, Hitler a trahi le nazisme en assassinant Röhm, qui, lui, était vraiment national-socialiste.
L’article 175 du code pénal allemand , hérité de la Prusse était très sévère pour les homosexuels…
C’est comme la prohibition de l’alcool : ça multiplie les alcooliques ! L’article 175 a développé tout un marché de la délation, du chantage, et toute une réflexion sur la nature et les causes de l’homosexualité. L’essayiste allemand Hans Blüher, totalement ignoré en France,a eu le coup de génie de faire de l’homo-érotisme une théorie de l’État. Ça a marché puisqu’il est venu combler une faille de la pensée libérale, incapable de fonder l’Etat. Hitler s’est servi de cette théorie pour instituer le Troisième Reich.
Ne craignez-vous pas qu’un tel livre vous donne une réputation de « dangereux homophobe d’extrême droite » ?
Il remet en cause le néo-paganisme. Il est donc très mal accueilli par toute la frange de l’extrême droite païenne, de plus en plus puissante. J’ai été chroniqueur au Monde pendant 15 ans : je vois mal comment on pourrait me qualifier d’extrême droite ! Je suis libertarien, et économiquement parlant anarcho-libéral. Je trouve que le programme économique de Marine Le Pen est une folie furieuse : elle fait du national-socialisme, quand Mélenchon se contente de faire du socialisme populiste. Le mélange du nationalisme et du socialisme est une recette miracle; ça marche ! L’économiste que je suis est en faveur du rétablissement de l’étalon or, donc vraiment à l’opposé de la pensée d’une économie surveillée par l’Etat. Hitler était opposé à l’étalon. Or les démocraties de la planche à billets le sont aussi, et ce n’est pas un hasard.
Quelles leçons pour la France d’aujourd’hui ?
Avec le mariage gay, Hollande a perdu une partie du vote musulman qui l’avait porté au pouvoir. Car l’homosexualité est l’un des arguments majeurs de l’islam contre les « mécréants ». Le « triomphe » légal actuel de l’homosexualité donne par conséquent du grain à moudre à l’islamisme.
On est dans une démocratie, et le droit est en train de dériver vers n’importe quoi. On a une Constitution… mais qui garde la Constitution ? « Quis custodiet ipsos custodes? » écrivait Juvénal. Quel gardien va garder le gardien ? Et si l’on trouve ce gardien, qui le gardera ?
Le danger que nous fait courir cette revendication identitaire multiple, c’est qu’on accorde le droit à celui qui remporte la majorité du moment. Or, on ne peut pas se régler sur celui qui est le plus fort, car la force est toujours relative et temporaire et Il faut trouver des principes intangibles du droit, les « lois non écrites » comme disait Antigone. Dans cette situation, le terrain est propice à l’arrivée d’une guerre civile entre ceux qui profitent du système et les outsiders, les exclus, les chômeurs des banlieues, les musulmans, les paysans. Le communautarisme du même avec le même est mortifère et met en danger la République. La guerre civile a déjà commencé.
Entretien initialement paru dans l’hebdomadaire France catholique.

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