jeudi 3 mars 2016

Croissance exponentielle des contre-vérités

Par Lucien SA Oulahbib 

En France, selon les pourfendeurs actuels de la future loi (mort née?) sur le travail (loi sinon inutile du moins secondaire parce que le coût des cotisations sociales annule les gains de productivité) et aussi selon les adeptes du "duo" Piketty/Sanders aux USA , les "inégalités" seraient telles que nécessairement les milliardaires auraient dû se multiplier, or il n'en a rien été, au contraire, puisqu'ils seraient, parait-il, moins nombreux que l'année dernière (-16) et, surtout, auraient gagné moins d'argent (- 570 milliards de dollars) leur fortune cumulant selon Forbes à "6.480 milliards (de dollars)".
Patatras ! on s'aperçoit également qu'en les supprimant cela ne comblerait pas les 26 000 milliards de dollars de dette publique américaine, et certainement pas les 200 000 milliards de dollars de la dette publique mondiale (en 2014).
Les statistiques seraient-elles quelque peu manipulées concernant le lien entre accroissement des inégalités et accroissement des richesses d'une part ? Accroissement des inégalités et accroissement des fortunes privées d'autre part ? Il semble bien que oui. Car le concept (flou) d'inégalité est autrement biaisé en réalité, surtout si l'on fait fi de cette recommandation de Raymond Boudon insistant sur le fait qu'il faut différencier entre inégalité légitime et inégalité illégitime.
Partons tout d'abord de son côté biaisé : prenons l'exemple (déjà cité dans ma Théorie rénovée du service public) d'une nouvelle boulangerie s'installant dans telle rue et qui
produit de "bonnes" marchandises en ce sens qu'elle attire de plus en plus de clientèle. Quelles en sont les conséquences ? Au moins deux : son bénéfice net peut croître beaucoup plus que l'ensemble des commerces de la même rue d'une part, ce surplus peut accroître les différences de revenus entre tous les habitants de la rue ; conclusion statistique : il y a bien eu un accroissement des inégalités de revenus…
Il "faut" donc augmenter les impôts sur cette boulangerie afin par exemple d'aider les autres boulangeries si elles ont perdu des clients (ce qui n'est pas nécessairement le cas)  et par "solidarité" en général afin de "partager" les richesses, peu importe si certains ont fait l'effort ou pas d'aller au bout de leur potentiel, à partir du moment où il est posé en axiome fondamental le problème des "héritiers"… Comme s'il suffisait d'être né avec une cuillère d'argent dans la bouche pour réussir…sa vie…(qui ne se réduit pas à posséder une Rolex…). Comme si taxer lourdement les droits de succession comme il se fait particulièrement aux USA avait "réduit" ces fameuses "inégalités", ou encore comme si revenir à la taxation à plus de 80% les hauts revenus façon Roosevelt et parti travailliste après guerre avait empêché les émeutes des années 80 aux USA et la faillite économique et sociale de l'Angleterre avant Thatcher.
En fait cette si sèche conclusion statistique est illégitime parce qu'elle s'appuie sur un constat uniquement arithmétique et non pas économique encore moins politique. Autrement dit il n'est pas possible de lire n'importe comment un résultat statistique comme l'a démontré Raymond Boudon par sa thèse (Analyse mathématique des faits sociaux, Plon, 2012) dans l'indifférence générale…Pourtant certains continuent à faire croire que la richesse des uns viendrait majoritairement d'une spoliation des autres (antienne vendue à foison encore malgré la faillite du communisme et la conversion chinoise et russe à l'économie de marché). Sauf que d'autres chiffres disent le contraire expliquant que la misère recule de plus en plus dans le monde (hors pays en guerre et sous dictature) et que les pays choisissant l'économie de marché comme ceux indiqués ci-dessus mais aussi l'Inde et d'autres encore (en Afrique, Amérique latine, Asie…) vont de mieux en mieux, ce qui ne veut évidemment pas dire que tout va bien dans le meilleur des mondes…
Autre contre-vérité : il suffirait concernant les migrations forcées actuelles d'ouvrir les frontières de l'Europe pour que tout se passe bien du moins moralement alors que déjà cette contrée n'est pour rien dans cette arrivée effrénée de populations fuyant l'islam réel en guerre interne et en implosion généralisée. S'agit-il pour autant de ne rien faire ? Non, mais c'est bel et bien une affaire mondiale qui doit être prise en charge par l'ONU et que cela doit donc être débattu au Conseil de Sécurité en intégrant aussi bien sûr les camps en Turquie au Liban et en Jordanie.
En fait, s'il faut admettre que la Chancelière allemande a du cran (alors qu'elle était vouée aux gémonies à propos de la Grèce par les ultra-gauchistes) elle, et ses alliés, font la même erreur que les libéraux des années 20 lorsque le président américain Wilson était persuadé qu'il suffisait de rétablir l'Allemagne dans son assise économique pour calmer sa rancoeur politique alors que celle-ci possède des racines spécifiques. Il en est de même pour les partisans "no borders" ou du moins persuadés qu'ouvrir les frontières serait déjà un pas fondamental en oubliant que les migrants n'ont pas seulement des bras et des capacités de reproduction démographique, mais aussi une culture qu'ils ne veulent pas tout simplement réduire à un folklore, même s'il semble bien que les dernières vagues de réfugiés sont également des réfugiés culturels en ce sens qu'ils fuient la répression morale en Afghanistan, en Iran, en Irak, en Afrique du Nord, et pas seulement la guerre et la faillite économique et politique.
Or, comment intégrer toute cette population avec un savoir faire obsolète ou gangrené par les thèses relativistes qui considèrent toute volonté d'indiquer des principes intangibles en matière de respect des femmes et du droit à la neutralité de l'espace public comme étant "discriminants" comme le prétend sans rire le dernier rapport de la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance ?….
Certes, celui-ci met en évidence quelques incidents, bien plus xénophobes que racistes, sauf qu'il les met en équivalence avec des attaques, létales, authentiquement racistes contre les juifs français : il y a une différence à maintenir entre un tag sur une mosquée et une balle dans la tête d'un enfant, différence que certains ne veulent pas faire, et ce n'est pas exagéré de le dire, puisque dans ce rapport, s'il est par exemple question en matière d'antisémitisme de la manifestation "jour de colère" où des cris "mort aux juifs" furent en effet entendus, pas un seul crime létal anti-musulman n'est à relever en France.
En définitive, tant que la classe politico-médiatico-intellectuelle reste la même, véhiculant toutes ces contre-vérités dans les médias, les circuits scolaires, juridiques, économiques, qu'elle domine (s'alimentant des fonds publics pour les promouvoir) il ne sera pas possible de sortir de la crise morale, politique, économique, sociale, culturelle, sociétale, dans lesquelles nous sommes, cela va même s'accentuer, et comme l'Histoire avance souvent par le mauvais côté comme l'indiquait Marx, il est à parier que tant que la France, l'Europe, l'Occident, le monde moderne et civilisé, ne se prendront pas une porte, rien ne se passera ou si peu…


Le 3/3/2016     

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