par fondapol, le
Le cap sur l’Espagne semble être le meilleur pari à faire sur la sortie de crise de l’Europe à moyen terme. En effet, depuis un an environ, le pays tire les premiers fruits d’une rigueur intelligente que, nous Français, nous contentons d’évoquer sans jamais l’avoir seulement commencée, ni pensée. Les coûts salariaux unitaires ont baissé de 5 %. La réduction des salaires et des prestations sociales a comprimé les importations et a augmenté le volume des exportations. Ainsi la balance des transactions courantes est passée de - 9,6 % à - 1,1 % entre 2009 et 2012, et devrait atteindre l’équilibre cette année.
Mais les investisseurs internationaux affluent vers le pays qui offre une fiscalité avantageuse, notamment au niveau des charges sociales pour les salariés, qui s’élèvent à 6,4 % contre 20 % en France. L’industrie automobile est à la pointe de ce mouvement. En février, l’usine Nissan de Barcelone a reçu un investissement de 120 millions d’euros pour augmenter sa capacité de 80.000 véhicules par an. Ford a transféré la production de ses Mondeo de Genk en Belgique, où l’usine sera fermée, à Valence tandis que PSA a décidé d’accroître ses moyens de production dans son usine de Vigo tout en rationalisant son outil industriel en France. Sur les douze derniers mois, 1 milliard d’euros a été investi dans ce secteur qui emploie directement ou indirectement 12 % de la main-d’oeuvre du pays.
Au fur et à mesure de l’assainissement des bilans bancaires, l’investissement sera de mieux en mieux financé, entraînant la montée en gamme de la production nationale. Le mouvement pourrait encore aller plus vite avec la confiance et l’aide de l’Europe. Voilà quelques jours, l’Allemagne et l’Espagne ont signé un accord pour aider au financement des PME espagnoles, la banque publique d’investissement allemande, KfW, octroyant à son homologue espagnole 800 millions d’euros de prêts à faible taux d’intérêt.
Les effets du plan de réformes espagnol doivent nous interroger. Certes, le modèle de redressement fondé sur l’augmentation des exportations ne fonctionne effectivement que si ces dernières permettent de « surcompenser » la baisse de la demande intérieure. Et s’il conduit, à court terme, à une prédation des marchés extérieurs le rendant inapplicable partout en même temps, il nous invite a minima à penser de manière beaucoup plus radicale notre plan de réformes économiques. La maxime de Blaise Pascal « Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà » n’est définitivement plus d’actualité.
Par Robin Rivaton, membre du Conseil scientifique de la Fondation pour l’innovation politique, auteur deLibérer le financement de l’économie, Relancer notre industrie par les robots et LE KAPITAL. Pour rebâtir l’industrie avec Christian Saint-Etienne.
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