Après la chute du communisme en 1989, il a fallu de nombreuses années aux pays anciennement communistes pour se débarrasser des rigidités étatistes et pour réformer leurs économies exsangues. L’une des premières mesures adoptées a été l’abandon du concept de la lutte des classes, qui servait de socle au socialisme marxiste dans ces pays. C’est un peu ce que devrait faire la France aujourd’hui si elle veut réformer son économie.
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, notre pays s’appuie sur le paritarisme, qui s’apparente en fait à une forme de lutte des classes qui ne dit pas son nom avec, d’un côté, le patronat et, de l’autre, les syndicats. Mais l’inconvénient du paritarisme, c’est qu’en réalité il a complètement rigidifié les relations sociales, en bloquant toute
vraie réforme économique. Les organisations patronales ont les mains liées et n’arrivent pas à faire entendre leurs voix, tandis que les syndicats, qui ne représentent en réalité qu’un pourcentage ridicule de- fonctionnaires et d’agents publics, s’opposent systématiquement à tous changements, afin de préserver un statu quo qui les avantage.
L’exemple le plus flagrant de cet échec est celui de notre système de retraite. Aucune vraie réforme n’a été menée depuis que le régime par répartition existe en France. Au nom du paritarisme, les syndicats se sont opposés à tout changement du système en bloquant tout ce qui pouvait être considéré comme dangereux pour eux-mêmes, - c’est à dire les employés du public. Pire encore, au nom du même paritarisme, ils se sont introduits dans les conseils d’administration des caisses de retraite des salariés du privé et, là encore, ils se sont opposés farouchement à toute velléité de réforme ! Les récents déboires des caisses complémentaires de l’AGIRC et l’ARRCO ont surgi également de là... Peut-on oublier que lors de la soi-disant réforme des régimes spéciaux de retraite, ces derniers avaient puisé dans les caisses complémentaires pour combler un peu leurs propres trous financiers !?
Au nom de la « solidarité » et de la fameuse « soulte » mise en place après l’adossement des régimes spéciaux au régime général, les caisses de l’AGIRC-ARRCO, comme la CNAV, ont ainsi été obligées de verser des « compensations » à ces régimes déficitaires. On estime à plus de 5 Mds d’euros par an, les sommes qui ont été déboursées, alors que les Caisses du privé étaient déjà en grandes difficultés financières ! Et tout cela, bien entendu, sans aucune contre-partie ! Cette ponction n’est pourtant pas étonnante, car, au nom du paritarisme, des syndicalistes issus de la fonction publique et des entreprises publiques siègent dans les Conseils d’administration des caisses complémentaires du privé ... Il s’agit de membres, dont la retraite n’est nullement concernée par ces caisses, mais qui tentent de prélever un peu de l’argent qui reste.
Est-il normal que bien qu’il s’agisse de la Caisse des salariés du privé, et toujours au nom de ce paritarisme, le Directeur et la Président du Conseil d’administration de la CNAV (Caisse nationale d’assurance Vieillesse) soient fonctionnaires !?
Il faut rappeler ici que les fonctionnaires n’ont pas de Caisse propre, car leur retraite est prise en charge à 70 % par l’Etat, c’est-à-dire par les contribuables.
La fin du paritarisme à la française signifierait le début des réformes dont la France a tellement besoin... Plusieurs pays étrangers ont compris depuis longtemps que les vraies réformes ne peuvent pas être menées par ceux qui vivent abusivement d’un système. Au Royaume-Uni, Margaret Thatcher avait été obligée de museler les syndicats et d’imposer le vote secret afin de pouvoir réformer son pays. En Suède, la réforme des retraites du début des années 1990 s’est faite sans les syndicats, qui ont été écartés de la table des négociations. Tous les partis étaient en effet d’accord sur la nécessité de cette réforme, mais seuls les spécialistes et les techniciens ont été conviés autour de la table.
Puisque le gouvernement ne craint pas d’utiliser l’article 49.3 de la Constitution, pourquoi ne s’en servirait-il pas pour sauver vraiment la France !?
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