lundi 23 février 2015

Un emploi public créé détruit 1.5 emploi dans le secteur privé


par Marc Lassort

M. Macron, maintenant il faut s’attaquer aux vraies rentes : l’Etat et la fonction publique !

On conçoit bien l’urgence de la situation française par le recours du gouvernement à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire passer en force la loi Macron. Mais si la réforme des professions réglementées, la libéralisation du travail le dimanche et du transport par autocars sont nécessaires et souhaitables, cela ne revient qu’à engager la responsabilité du gouvernement sur un ensemble de réformettes, qui vont certes dans le bon sens en s’attaquant à des rentes et à des privilèges, mais qui représentent malgré tout une opposition assez timide... En fait, pour relancer l’emploi marchand, la production et la consommation, la priorité du gouvernement devrait plutôt s’orienter vers le véritable fléau français que constituent le fardeau de la dépense publique, le poids de la fonction publique dans l’économie et la dépendance des organismes parapublics et privés vis-à-vis du financement public.

En 2013, l’administration publique employait 5,60 millions d’agents publics au sens strict au service de l’État, des collectivités territoriales et de la fonction publique
hospitalière, en incluant les contrats aidés ; ce qui représentait un peu plus de 20% de la population active.
Par comparaison, la moyenne de l’OCDE est à 15,5%, l’Italie se situe à 14%, l’Allemagne et la Suisse à 11%, et le Royaume-Uni à 9,5%. Il n’en reste pas moins vrai que si la France se place à environ 5 points au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE, cette classification de la fonction publique exclut les employés qui ne relèvent pas directement de la fonction publique, mais qui sont payés par les administrations publiques sans pour autant disposer du statut de la fonction publique ; ou sans être engagés dans un contrat de droit privé avec l’État. En conséquence, ces chiffres sur la fonction publique omettent donc de comptabiliser les effectifs des organismes parapublics : EDF, GDF, Pôle emploi, SNCF, La Poste, CNRS, Banque de France, etc. Il s’agit de salariés du secteur privé rémunérés par de l’argent public, notamment dans le milieu associatif ; ainsi que certains secteurs marchands bénéficiant de subventions importantes, comme le secteur agricole.
La part totale des effectifs de la fonction publique, du secteur parapublic, des entreprises publiques et des organismes privés à financement public, est égale à 25,4% par rapport à l’emploi total, alors que l’emploi privé hors du service public est de 74,6% (source SIASP, Insee). Toutefois, cette classification exclut de nombreux secteurs marchands qui bénéficient de subventions importantes, ainsi que les associations qui dépendent d’un large financement public, tels que la réserve parlementaire, les subventions et les emplois aidés.
Selon une estimation de Jean-Philippe Delsol, dans son ouvrage, Pourquoi je vais quitter la France, si l’on ajoute le nombre d’agents de la fonction publique au nombre d’agents du secteur parapublic (2 millions), de chômeurs (3,2 millions), de personnes qui bénéficient de minimas sociaux (1,3 million), de salariés du secteur associatif rémunérés par de l’argent public (1 million), d’employés ou de travailleurs temporaires dans le secteur agricole grandement subventionné (1 million), - aux 750 000 emplois aidés, on arrive à un total de 14,5 millions de personnes - rétribuées par les deniers publics !
Cela représente plus de 50% de la population active, qui semble en effet être un chiffre plus proche de la réalité, si l’on tient compte du fait que les dépenses totales des administrations publiques représentent environ 57% du PIB (voir graphique ci-dessous) ; la rémunération de la fonction publique, stricto sensu, ne constituant en réalité qu’une partie infime de la dépense publique...

Ratio de dépenses publiques sur PIB (%)

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De plus, Ms. Algan, Cahuc et Zylberberg, en 2002, ont pu démontrer que, dans 17 pays de l’OCDE, pour la période de 1960 à 2000, toute nouvelle création d’un emploi public détruisait en moyenne 1,5 emploi dans le secteur privé et augmentait de 0,3 le nombre de chômeurs.[1]
Sans compter que l’effet d’exclusion de l’activité professionnelle est plus marqué dans les pays où le secteur public est davantage pléthorique et où les rentes et les privilèges publics sont plus importants. En effet, la production du secteur public, se substituant à la production du secteur privé, plus le ratio secteur public/secteur privé est important, plus l’augmentation marginale du nombre d’emplois publics a un impact sur le ralentissement de la création d’emplois privés et l’augmentation du chômage. Dans la mesure où il existe une corrélation positive entre la création de nouveaux postes dans le secteur public, ou parapublic, et l’augmentation du chômage, on peut en conclure que l’accroissement du secteur public est une des causes de l’accroissement du chômage. Les 60 000 créations de postes dans l’Education nationale pourraient ainsi potentiellement détruire au moins 90 000 emplois privés et augmenter d’autant le nombre de chômeurs, sans doute d’au moins 18 000 personnes.
L’urgence de la réforme devrait donc conduire le gouvernement à accélérer la réduction des dépenses publiques, la baisse des dépenses de fonctionnement, qui représentaient en 2011 34,2% des dépenses totales des administrations publiques selon la Direction du budget, et la réduction du nombre d’agents publics et d’effectifs privés à financement public, plutôt qu’à perdre son temps, son énergie et ses efforts dans un combat pour la loi Macron, qui devrait elle-même produire des effets limités sur la relance de l’activité économique.

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