En attendant j'aimerais lire des COMMENTAIRES afin de mesurer comment vous recevez cette nouvelle formule et en particulier la publication de modules de formation. Merci
Les faits - Chaque année, Cofremca Sociovision réalise une grande enquête qualitative auprès d’un panel de Français (la dernière a été réalisée en octobre 2014). PDG de l’institut de sondages, Marie José Forissier revient sur les attentes des 15-74 ans et sur les valeurs auxquelles ils sont attachés.
Que révèle votre dernière enquête ?
Nous avons demandé aux gens de classer les choses qui raisonnent le plus dans leur cœur, ce à quoi ils sont le plus attachés. Nous leur avons soumis une vingtaine de mots, comme la laïcité, la liberté, le respect, la solidarité, etc.… Les valeurs qui arrivent en tête – et de loin – sont le respect et la liberté. La liberté passe bien avant l’égalité. L’année dernière déjà,
l’enquête avait souligné cette aspiration. Et on le voit aussi sur d’autres réponses faites autour de l’emploi, de la façon dont les Français envisagent leur situation : ils ressentent un sentiment très fort d’être corsetés, enfermés, d’évoluer dans une société contrainte. Ainsi, pour eux, la France est un pays où il est difficile de réussir, et si on entreprend, on est taxé. Cette aspiration à la liberté émerge depuis quelques années, mais se renforce toujours un peu plus. La demande de facilitation, de simplification n’a jamais été aussi forte.
Ce ne sont pas les valeurs que met en avant François Hollande. Se trompe-t-il ?
Le gouvernement est arrivé au pouvoir en redonnant un gros coup de barre vers le partage, la redistribution, l’égalité, la solidarité. Or, en réalité, les Français souhaitent plus d’autonomie, d’individualisation. Les valeurs sur lesquelles Nicolas Sarkozy avait surfé en 2007 sont encore d’actualité. Au fond, dans cette première partie du quinquennat, le gouvernement est à contre discours. D’où, peut-être, les scores de popularité assez bas que François Hollande enregistre…
Est-ce que les manifestations massives qui ont suivi les attentats de janvier ne sont pas, au contraire, l’expression d’une envie de solidarité, de collectif ?
Je ne veux pas jouer les rabat-joie, mais je ne crois pas. Le gouvernement surfe, de façon très habile, sur ces événements comme si c’était le signe d’une demande de fraternité collective, une envie de se serrer les coudes. Certes, ce mouvement de masse et spontané était admirable, tout comme l’était d’ailleurs, La Marseillaise chantée dans l’Hémicycle de l’Assemblée nationale. Mais de là à conclure que c’est la révélation de la défense d’un vivre ensemble, ou l’expression d’une solidarité collective... Pas sûr. Je crois que les Français ont surtout exprimé leur besoin fondamental de liberté et de sécurité. Ces drames ont surtout atteint leur liberté de circuler, comme de faire leurs courses dans une épicerie. C’est surtout leur sécurité qui est en péril. Et avec Charlie Hebdo, on a touché à leur liberté d’expression. Dans ces deux cas de figure, la liberté est le dénominateur commun. D’ailleurs, c’est bien le cœur de l’Occident. Et c’est pour cela que les chefs d’Etat sont venus manifester à Paris.
La solidarité ne fait-elle plus recette ?
Disons que les solidarités collectives sont très menacées. Les Français misent beaucoup plus sur les solidarités de proximité. Ils sont prêts à se mobiliser pour leur communauté, la famille, l’entreprise, leur quartier… des solidarités internes. Les gens comptent sur leur patron, leurs collègues, sur les entraides de quartiers, des écosystèmes, sur ces multiples petits villages. Mais la grande solidarité d’après guerre, c’est fini. D’ailleurs, 82 % d’entre eux pensent « qu’en France, c’est chacun pour soi ». Pour eux, la société va générer des exclus. Et face à cela, ils croient moins à l’Etat providence qu’à eux-mêmes. C’est très net sur des sujets comme la retraite. Même chez les jeunes, l’idée que les retraites de demain seront minables fait son chemin. Ils ont conscience qu’il faut qu’ils s’en occupent eux-mêmes. De la même façon qu’ils se préoccupent de leur santé, de leur avenir. Ils sont prêts à miser plus pour eux et leurs proches. Mais la générosité avec leurs contemporains faiblit. L’aspiration à plus de libertés passe bien devant celle sur l’égalité. D’ailleurs, ils estiment que chacun doit se prendre en charge. Lorsque François Rebsamen évoque le contrôle des chômeurs, on le moque, mais c’est une attente profonde. 74 % des Français trouvent normal que « l’assurance chômage cesse d’indemniser des chômeurs qui ne font pas les efforts suffisants pour trouver du travail ». Ils ne sont pas égalitaristes. Et la solidarité du grand partage, les discours sur de l’égalité ont plutôt créé de l’amertume et du sarcasme. Les Français ne sont pas dupes, par exemple, des vertus de la discrimination positive. Ils sont agacés par ce côté un peu romantique de l’aide pour tous. Le fameux vivre ensemble a du plomb dans l’aile. Certains observateurs en arrivent à prédire la mort du modèle assimilationniste républicain et l’émergence d’une société multiculturelle.
Qu’est-ce qu’attendent les Français de leur Président ?
Ils attendent qu’on leur donne du sens, une vision commune. C’est paradoxal, car, par ailleurs, les Français sont très détachés du personnel politique. Ils ne croient plus en la parole des élites. 80 % des Français aimeraient un but commun. Ils sont mûrs pour des réformes, des changements. Ils veulent sortir de l’immobilisme. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si les Français se réconcilient depuis deux ans avec l’entreprise. Ils ont toujours plébiscité les petites, mais les grandes reprennent de la couleur. Ils veulent de la croissance et ont bien compris que les grands groupes y contribuent.
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