La gauche morale ne s'est jamais vraiment battue en France pour que dans
la publicité, les films, les médias en général, une réelle parité puisse avoir
lieu entre gens de toutes origines à compétences égales. Où est le
Sydney Poitier français des années 70 alors qu'il était
déjà là aux USA pourtant toujours montrés du doigt.
Et lorsque certaines têtes bronzées apparaissent dans la TV française
cela a été souvent pour jouer le voyou de service, les principaux acteurs ayant
des rôles majeurs étant plutôt profilés selon les demandes des réseaux
dominants. Car cette discrimination est le résultat d'un double processus
objectif : celui des réseaux idéologiques et de la victimisation ; s'agissant
du premier il faut avoir fait partie d'un courant adoubé, les circuits du
cinéma français fonctionnant en vase clos à la différence du cinéma américain
plus ouvert avec ses producteurs indépendants. La mode est plus ouverte,
également les médias institutionnels liés au Sénat ou à l'Assemblée Nationale
d'où est issue par exemple Sonia
Mabrouk qui précisément concernant le second volet, la
victimisation, avait énoncé des choses assez justes en stipulant que loin de
sans arrêt pleurer sur leur sort les supposées victimes feraient mieux de ne
pas ressasser un ressenti et aller de l'avant.
Sauf que ce n'est pas possible pour certains idéologues adeptes du
"décolonial" qui se distingue de la "décolonisation" en ce
qu'il ne s'agit pas pour eux de lutter contre les discriminations comme il est
prétendu (puisqu'en réalité ils les enveniment) mais de lutter contre
l'intégration et l'assimilation afin d'empêcher la constitution d'un corps
"national" car celui-ci entre en concurrence avec leur idée de
construire un corps de "dominés" un nouveau "prolétariat"
hybridation d'ouvrierisme, de tiersmondisme, de queerisme, ce que leurs guru
(les frères Fassin et Cie) nomment "l'intersectionnalité" ou comment
faire converger des courants contradictoire en créant une nouvelle
"race" de fait, une race "métaphysique" comme l'indiquait
Heidegger, une race rectifiée, purifiée, s'appuyant sur une souche ethnique
(les "non blancs") mais ayant intégré les nouvelles dimensions
spirituelles posant l'humanité blanche comme ennemi de la Terre, sacralisée,
avec comme Code une sorte de nouvelle Gnose comme l'indique Chantal
Delsol récemment mêlant peurs millénaristes, fascination
perverse envers la technique vilipendée et en même temps instrumentalisée en
vue de créer des nouveaux genres d'humains, des mixtes "non genrées",
sans oublier le droit à l'enfant (tout en niant rigoureusement ceci,
absolument).
En face d'eux, de ce nouveau lyssenkisme,
une tentative (charmante)
de régénération identitaire française tente à nouveau de renouer avec le suc
carolingien réel, celui de Charlemagne et de Roncevaux, cette âme fondatrice
qu'un Chateaubriand a vu sous ses yeux démantelée, guillotinée (dans le livre
VII de ses Mémoires), sans pour autant avoir la force, semble-t-il, de
comprendre pourquoi cette âme en se corrompant dans l'absolutisme (malgré les
efforts de Bodin) c'est-à-dire le refus d'intégrer la question de la limitation
du pouvoir (comme l'on fait les Anglais et Américains avec Aristote Montesquieu
et Locke) ce qui fait que la noblesse française, ivre de sa puissance
redondante, n'a pas pu repousser les assauts du nihilisme mystique qui a
toujours été en creux dans le négatif humain incapable d'affinement (ainsi ces
donatistes qui se jetaient du haut des falaises pour montrer leur foi indique
St Augustin) et qui a donné Robespierre, St Just, du moins si l'on y réfléchit
un peu, une soif de mort telle qu'elle a créé ces
Colonnes infernales, le premier génocide sans doute (tant
admiré par Lénine) celui de la Vendée, qui ne peut
être oublié, en effet, qui ne doit pas, et tous ceux qui s'en
réclament sont les mêmes qui ont soutenu et soutiennent encore les massacres
communistes.
Il semble donc bien en tout cas que ce courant tente aujourd'hui de se
recomposer, sauf qu'il puise toujours ses thèses principales dans ce
maurrasisme du ressenti défensif s'en prenant aux juifs qui sont
pourtant pour rien dans la défaite spirituelle puis politique de la
monarchie française puis russe (quand bien même la proportion de juifs dans les
rangs révolutionnaires allemands et russes, mais guère chez les français…) ; et
pourquoi la monarchie anglaise, le parlementarisme hollandais, le
républicanisme américain n'ont jamais été antisémite ?.
Et pourquoi réinventer le pétainisme, même insufflé de souffle "troubadour"
? Voire d'esprit bonapartiste et gaulliste pour d'autres comme Zemmour ? Ces
deux derniers souffles sont d'ailleurs des anachronismes qui au fond ont certes
sauvé les meubles à chaque fois mais ont été bien incapables de hisser
réellement à nouveau la France à hauteur de jeu face aux Anglo-saxons et au
Germains, sans parler des Russes par la suite, aujourd'hui des Chinois.
Quelque chose ne tourne pas rond dans ces revival d'un côté,
dans ce nihilisme autodestructeur de l'autre, celui-ci se nourrissant de
l'implosion anglo-saxonne et germaine en voie d'accélération, celui-là espérant
dans le renouveau orthodoxe slave, mais semblant redonner dans les mêmes
impasses qui ont créé l'implosion de 1940.
Tout ceci ne veut cependant pas dire que le néo-centrisme actuel incarné
par le macronisme sache répondre lui aussi aux défis de l'heure, d'autant qu'il
ne saisit pas les enjeux portés à la marge par les courants racialistes en
termes de crise identitaire de conservation et d'affinement des acquis
civilisationnels (sociaux, sociétaux, culturels).
Le 31/12/2017
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