Qui croire ? Manuel Valls qui, le lundi, dit à Londres qu’il veut réformer le système de l’assurance-chômage, ou Valls Manuel qui signe le mardi un décret sur la pénibilité ? Le Premier ministre qui prétend devant les Anglais vouloir remettre en cause des 35 heures, ou le chef du gouvernement qui, à Paris, dégrade brutalement le régime de retraite ? Celui qui s’épanouit en tournée promotionnelle au pays du libéralisme ou celui qui cède au harcèlement de sa gauche ? Celui qui promet de simplifier ou celui qui alourdit la paperasse ? Celui qui dit « J’aime l’entreprise » ou celui qui complique la vie des chefs d’entreprise ?
Toute l’ambiguïté du pouvoir est là, dans ce carambolage de projets, cette accumulation de zigzags dont il ne ressort rien que de la confusion. On en connaît la cause : le flou originel de
François Hollande, l’écran derrière lequel il a construit sa campagne électorale et rassemblé sa majorité. Ce rideau de fumée s’efface peu à peu et dévoile un pouvoir écartelé entre une ligne « Bruxelles » sur laquelle il s’est engagé, et une ligne « Frondeurs » avec laquelle il doit temporiser.
Lors de l’arrivée de Manuel Valls à Matignon, beaucoup se sont enthousiasmés pour sa profession de foi sociale-démocrate. Venant après celles, multiples mais restées sans effet, de François Hollande, elle donnait le sentiment que la gauche allait vraiment se moderniser.
Mais non : la social-démocratie se réduit pour l’heure à la juxtaposition d’idées contraires – un coup vers la gauche, un coup vers la droite – dans l’espoir que cette claudication fera une politique. Erreur : cette juxtaposition de contraires ne fait, le plus souvent, que des déçus. Et ne donne pas de résultat.
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