Sale temps pour François Rebsamen. Pour le ministre du Travail et du Dialogue social, il est devenu dangereux d’aller sur le terrain. Au point que ce vendredi 3 octobre, le socialiste a été contraint d'annuler un déplacement à Lille pour rencontrer des jeunes pour parler apprentissage. L’ancien maire de Dijon redoute le comité d'accueil des intermittents. La veille, jeudi, alors qu’il se rendait à un forum de l’emploi, place de la Concorde, à Paris, il a été violemment interpellé par une trentaine de professionnels du spectacle qui l’ont obligé à battre en retraite, après l’avoir aspergé d’un seau d’eau. L’élu a rebroussé chemin sous les cris d’un «Resbamen à rien». En septembre dernier, le ministre avait également annulé un déplacement dans une agence Pôle emploi suite à ses propos sur le contrôle des chômeurs qui avaient fait polémique.
Mais ce n'est pas tout. Ce vendredi, une interview dans à un journal local de Bourgogne, Miroir Mag , a été retirée. Le cabinet du ministre justifie ce retrait par l’inexactitude des
propos rapportés. En réalité, François Rebsamen ne craint-il pas d'avoir gaffé une fois encore, d'être allé trop loin ? Les propos livrés à la presse régionale sont loin d’être dénués d’intérêt... François Rebsamen revient sur ces premiers mois dans ce ministère difficile. Alors qu’il n’a jamais caché s’être préparé plutôt sur les questions de sécurité, le sexagénaire juge le portefeuille dont il a hérité difficile : «Lors de la passation avec Michel Sapin, - l’ancien ministre du Travail - j’ai souligné la beauté de ce ministère mais je n’en mesurais pas encore la difficulté». Mais surtout, dans cet article, François Rebsamen s’avance : «Je ne suis pas l’ennemi de l’entreprise, je ne suis pas pour l’économie administrée, ni pour les pays communistes. Je me bats depuis longtemps pour une vision libérale de l’économie, de la vie de l’entreprise. Avec des droits sociaux et une protection de l’individu». De quoi faire grincer les intermittents, mais aussi les électeurs de gauche. Pas sûr que son propre camp soit en phase avec cette ligne. François Rebsamen n'en est pas moins lucide. «Malheureusement, le Parti socialiste ou du moins son secrétaire national refuse toutes les avancées. Il ne veut pas casser les tabous, se pose en garant de l’ordre social établi», explique François Rebsamen, qui a bien du mal à se frotter au corps social... Le ministre devra bientôt se contenter de ne recevoir que dans son ministère. Cela tombe bien, celui-ci vient d’être rénové.