Un ministre qui rebrousse chemin devant une poignée d’intermittents en colère, un président de la République qui renonce aux déplacements en province et ne sort plus de l’Elysée que pour des visites surprises ou, comme au Salon de l’automobile, pour inaugurer en catimini, loin de la presse et des badauds, l’une des expositions populaires les plus importantes de l’année. Petit à petit, le pouvoir se claquemure et perd le lien avec les Français. Comme s’il avait peur de ses réactions et redoutait d’affronter les effets de sa propre politique.
Pourtant – et c’est un des grands enseignements du sondage que nous publions aujourd’hui – les Français prennent de plus en plus conscience de la nécessité de la réforme. Ils ont en majorité intégré que la France décrochait, que son modèle social dérapait, et qu’il fallait
remettre en question le rôle de l’Etat et son poids. Et s’ils manifestent, ce n’est pas tant parce que les réformes sont douloureuses, mais parce qu’elles sont mal préparées, mal partagées, mal conduites. Mal préparées, toutes celles qui viennent en contradiction flagrante avec ce qui avait été promis par le candidat Hollande. Mal partagés, ces bouleversements de société qui, à l’instar de la question du mariage des homosexuels, ont été utilisés pour cliver et rassembler un camp contre un autre. Mal conduites, toutes ces réformes qui font l’objet de zigzags permanents, donnant le sentiment d’un pouvoir qui, si même il savait ce qu’il voulait, ne saurait pas comment le faire.
Découragés par les effets catastrophiques de la politique actuelle, échaudés par l’accumulation des promesses bidon du pouvoir, les Français ont perdu confiance. Mais ils prennent conscience de la nécessité d’une transformation radicale de notre société. Même s’ils ne savent pas encore comment y parvenir. Ni avec qui.
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