Nathalie Yamb | LIDER | 29 septembre 2014
J’ai lu que le ministre du Commerce a établi que le franc cfa «pose un sérieux problème de compétitivité au pays», tout en ne remettant pas en cause «sa force et son utilité». Je me suis demandée pourquoi donc M. Billon veut changer quelque chose de fort et d’utile. Le ministre est certainement contraint à ce genre de contorsions rhétoriques, parce que même s’il sait pertinemment que le cfa est fondamentalement inique, il ne peut se permettre d’être trop frontal envers une monnaie que le gouvernement auquel il appartient, qui est dirigé par M. Ouattara -ex gouverneur de la Bceao- , n’a aucune intention de remettre en cause.
C’est sans doute pourquoi le ministre Billon se contente de réclamer une flexibilité du cfa sans évoquer une sortie. Je crains fort que dans cette optique, la flexibilité envisagée se résume à une dévaluation du fcfa, ce qui aurait des conséquences inflationnistes regrettables pour les entreprises africaines n’exportant généralement pas de produits manufacturés, et pour les populations des 14 pays concernés, qui pâtiront inéluctablement de l’explosion du coût de la vie qui s’ensuivrait.
A LIDER, notre position est connue, assumée et revendiquée : Il faut rompre avec le franc cfa. Ce n’est pas la valeur de la monnaie qui est en cause, c’est le principe de l’organisation actuelle du cfa qui pose de sérieux problèmes. Nous pensons qu’il est temps que les populations africaines de la zone cfa se donnent des dirigeants qui ne rechigneront pas à conquérir une souveraineté monétaire essentielle au développement économique de leurs pays respectifs. Les Ivoiriens ont la chance d’avoir la possibilité de réaliser cela l’an prochain, en élisant Mamadou Koulibaly à la présidence la République. Et que l’on ne vienne pas nous dire que LIDER ou
Mamadou Koulibaly sont anti-français. Nous n’avons rien contre les français ou même contre la France. Mais ce qui nous intéresse nous, c’est le bonheur des Ivoiriens. Et cela passe par une sortie du fcfa et la mise en place d’une nouvelle monnaie arrimée à un panier de monnaies selon des calculs basés sur le volume des exportations et des importations (dollar 30%, euro 30%, yuan 20% et yen 20%, par exemple) et qui fluctuera selon les cours du jour, favorisant l’émergence d’un marché de change et d’un marché financier. Ainsi, nos banquiers centraux pourront enfin faire leur travail au lieu de se contenter de jouer aux coursiers de luxe pour la France, en récoltant 50% des devises des pays de la zone cfa pour aller les déposer dare-dare dans les caisses du Trésor public français, où elles sont gérées en toute opacité au sein d’un compte d’opération à propos duquel même les chefs d’Etat des pays concernés n’ont aucune information valable.
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