Dans un pays qui doute désormais profondément de la parole publique et qui – malgré deux prix Nobel dans la même année – a perdu une bonne part de sa confiance en soi, le sketch joué par l’Elysée et le gouvernement sur la réforme de l’assurance-chômage devrait entrer sans difficulté dans la liste des best-of du flou. En une semaine en effet, nous avons assisté à trois allers et retours sur ce sujet explosif : réforme ou pas réforme, maintenant ou plus tard, avec ou sans l’Etat, François Hollande a tout fait pour que plus personne ne sache à quoi s’attendre sur ce sujet.
Bien malin serait aujourd’hui celui qui pourrait dire ce qu’il adviendra du traitement des
chômeurs. Le double jeu de l’Elysée a fonctionné à merveille : Bruxelles peut avoir entendu que le gouvernement français allait enfin s’attaquer à une grande réforme structurelle, et la gauche du PS peut tout aussi bien avoir compris que le régime d’assurance-chômage serait préservé ; les syndicats peuvent se rassurer : il n’y aura rien dans l’immédiat, et le patronat peut espérer : le temps viendra où l’Etat s’en occupera et où l’on pourra tendre vers une diminution des charges sociales qui financent ce grand paquebot à la dérive. En attendant, il ne se passera rien.
On sait pourtant, pour en avoir vu les effets en grandeur nature chez la plupart de nos voisins, que la réforme de la protection contre le chômage est un point de passage obligé de la lutte pour l’emploi. De tous les blocages de la société française, la préférence pour le chômage est le plus constamment et le plus anciennement diagnostiqué. François Hollande le sait mais, par nature et par goût des jeux d’équilibre au cœur du pouvoir, il préfère continuer à faire comme s’il n’y avait pas un demi-million de chômeurs de plus depuis son arrivée à l’Elysée.
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