Le ministre Sapin est un homme énervé. Il n’aime pas que l’on dise que la France risque de se faire retoquer son budget par Bruxelles. Il n’apprécie pas que l’on estime insuffisants les efforts de réduction de la dépense publique qu’il promet dans un grand flou. Il s’agace, s’enferme dans le déni et assène que la France ne fera pas un effort de plus que prévu. Car la France est la France, que diable.
L’ex-ministre Moscovici est un homme ennuyé. Il n’aime pas que l’on pense que son vote de confiance à Manuel Valls, il y a quelques jours, signifiait qu’il soit d’accord sur tout ce que fait la France, en particulier sur le plan budgétaire. Il n’apprécie pas de lire le doute dans le
regard des Européens à qui il promet intransigeance et qui entendent indulgence. Il se désespère d’être humilié, contraint parce que français de repasser en deuxième semaine son examen d’admission à la Commission. Car diantre, la France est un pays fondateur de l’Europe.
Le président Hollande est un homme contrarié. Il n’aime pas qu’on l’oblige à accélérer les réformes pour respecter ses engagements européens. Il n’apprécie pas de devoir rendre des comptes à Bruxelles, ni de quémander une flexibilité des traités à tous ces pays qui nous harcèlent sous prétexte qu’ils sont soit plus puissants, soit plus en forme, soit de droite, soit les trois. Car sacrebleu, la France est une grande nation dont la souveraineté ne se divise pas.
Le Français est un Européen déboussolé. Cela faisait longtemps que son gouvernement ne lui avait pas expliqué avec tant de force que les règles européennes ne seraient pas appliquées et que la politique de la France ne se faisait pas à Bruxelles. Il croyait, naïf, que l’avenir était dans l’espace européen, mais il comprend que la France s’isole. Il ne faudra pas s’offusquer de son prochain vote.
Nicolas Beytout
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