Mauvais génie ou maladresse ? Manque de chance ou incompétence ? Chaque fois que François Hollande se risque à une prévision, il se fait vivement démentir le lendemain. On avait déjà connu le ridicule des mots : « l’inversion de la courbe du chômage en un an », « la reprise est là », « le retournement économique arrive ». Voici maintenant celui des chiffres : une croissance de 1% en 2015, explique le chef de l’Etat, « c’est réaliste ». A peine avait-il prononcé ces mots que, déjà fragilisé par un avis très sévère du Haut Conseil des Finances
publiques, il se faisait humilier par l’Insee dont les dernières statistiques sont catastrophiques.
Une fois de plus, la France est en panne. Mais une fois de plus, ses dirigeants nient cette réalité et la camouflent derrière un halo de promesses en se rengorgeant de leur petite audace réformatrice. Et pourtant, rien ne se passe. Le pouvoir semble paralysé, enfermé dans un carré diabolique, entre impopularité présidentielle, délitement de la majorité, épuisement de l’économie, et garrot budgétaire.
Ainsi, plus le temps s’écoule, plus il devient clair qu’il sera impossible de sortir de ce piège sans un choc, une action réformatrice en profondeur. La France est embourbée, divisée et n’a plus confiance en elle. Les dégâts provoqués par la politique économique et sociale menée depuis 30 mois sur un terrain déjà fragile ont tellement abîmé le pays que la kyrielle des réformes homéopathiques, plaisante à essayer en temps normal, est devenue hors de proportion avec l’état du malade. Ceux qui aspirent à gouverner demain la France doivent en prendre conscience. Et le dire à ceux dont ils solliciteront les suffrages. Dans le combat d’idées qui s’annonce déjà en vue de 2017, l’audace sera un marqueur essentiel.
Nicolas Beytout
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