C’est le sujet qui monte, qui monte : après avoir obtenu le report de l’écotaxe, l’annulation de la taxe diesel et la révision de la taxation de l’épargne, il faut imposer au gouvernement de renoncer à la hausse de la TVA. Un petit nombre de voix au PS le disent déjà, Jean-Luc Mélenchon prépare une nouvelle « Bastillade » et l’on entend même quelques députés de la droite et du centre soutenir l’idée d’un abandon ou, au mieux, d’un report.
Ce serait pourtant une grave erreur. C’est peut-être difficile à défendre dans le climat d’exaspération actuel : le rejet fiscal est tellement puissant. Pourtant, la TVA est la moins mauvaise des solutions à une partie de nos problèmes : elle touche tout le monde et offre
donc un rendement élevé avec de faibles taux, alors que la tradition française est de frapper lourdement un petit nombre de contribuables ; elle permet de financer notre modèle social autrement qu’en surtaxant le travail, ce qui est bon pour notre compétitivité ; et même si la droite en avait complètement raté la mise en place, le principe d’une hausse de la TVA a été voté par l’ancienne comme par la nouvelle majorité. Dans l’idéal, voilà donc un magnifique objet de consensus.
Il faut donc que le gouvernement tienne. Ce qui suppose de surmonter quelques difficultés : d’abord, régler le problème des artisans qui, à juste titre, s’estiment assommés de charges. Pour une fois, la passion du gouvernement pour les systèmes de compensation aurait un sens. Ensuite, enclencher un programme -crédible !- de baisse des dépenses et de la pression fiscale. Il faut aussi que la droite se retienne de s’engouffrer dans la brèche, pour le seul bénéfice de fragiliser encore un peu plus le pouvoir. Enfin, il faut que François Hollande reste ferme sur cette position. Je sais, ce n’est pas gagné.
Nicolas Beytout