dimanche 11 mai 2014

Recherche désespérément 3ème révolution industrielle sous peine de croissance molle ad vitam aeternam : les pistes qui pourraient nous sortir du marasme

Imprimantes 4-D, dispositifs de stockage d’énergie, gestion informatisée de l'offre et la demande, voitures autonomes... de nombreuses opportunités de développement économique apparaissent aujourd'hui de plus en plus réalisables. L'enjeu devient pour les pays développés d'adapter leurs forces de production sous peine de s'installer lentement dans des modèles de croissance mathématiquement voués à l'échec.

Une idée, quelqu'un ?

Publié le 11 mai 2014
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 Crédit Reuters

Atlantico : Au-delà des aspects destructeurs de la crise financière, les économies développées ne souffrent-elle pas en amont d'un modèle de production aujourd'hui proche de la panne... voire de la récession ? Jusqu'à quel point doit-on s'inquiéter de ce "passage à vide" ?

Jean Michel Quatrepoint : Nous vivons actuellement une période que l'on pourrait qualifier de "troisième révolution industrielle", période qui a démarrée avec l'informatisation deux à trois décennies plus tôt. Il s'agit toutefois de processus de très long terme (aux environs d'une centaine d'années), et qui sont composés de différentes phases : le démarrage, la transition, l'arrivée à maturité et enfin la période de "saturation" qui coïncide elle-même avec le démarrage d'un autre cycle.
Nos économies développées se situent aujourd'hui dans cette période de flottement, le nouveau "démarrage" industriel ayant notamment été retardé à la suite de plusieurs choix stratégiques faits par les multinationales. Ces dernières, en choisissant dans les années 80/90 de délocaliser leurs productions dans des pays à bas coût de main-d’œuvre (Asie-Pacifique, Tiers-Monde, ex-satellites soviétiques...), ont dans le même temps trop peu investi dans les nouvelles technologies qui commençaient à émerger, perdant ainsi 15 à 20 ans d'avancées pourtant déterminantes sur le plan économique. La phase de délocalisation, portant déjà sur une "vieille logique" de production de masse au plus bas-coût, a en quelque sorte été un anachronisme alors que l'opportunité d'évolution était pourtant déjà bien présente. N'oublions pas que les smartphones actuels sont, d'une façon, les descendants du principe de "télématique", autrement dit la fusion du téléphone et de l'ordinateur, déjà théorisée dans les années 70 ( tandis que le premier échange de mail a eu lieu en 1971 suite à l'expérience de l'ingénieur américain Ray Tomlinson, NDLR).
On peut distinguer dans l'absolu deux tendances fondamentales à cette troisième révolution : d'un côté la microélectronique, à savoir la capacité à placer des processeurs de plus en plus puissants dans des objets de plus en plus petits, de l'autre la "mise en réseau du monde" qui permet peu à peu de rendre instantané n'importe quel échange d'informations tout en reliant de manière optimale l'offre et la demande. 

On a cru à tort dans les années 90 et 2000 que l'essor d'Internet nous offrirait la croissance de demain, une erreur d'analyse récemment confirmée par les faibles performances en bourse des "géants du Web" (Facebook, Twitter...). Comment distinguer une véritable innovation structurelle d'une simple évolution de secteur ?

Michel Volle : La troisième révolution industrielle ne se réduit pas au "numérique". Le rapport social du cerveau-d’œuvre, son articulation avec l'informatique, ont transformé le système productif. La nature des produits, la façon de produire, de s'organiser, de coopérer, de commercialiser, et aussi les modes de vie, les représentations du destin individuel, les relations entre générations ne sont plus les mêmes que dans l'économie et la société antérieures. La crise que nous connaissons aujourd'hui est essentiellement une crise d'adaptation, de transition vers la nouvelle forme de la vie en société que nous nommons "iconomie". Comme toujours dans de telles périodes, la crise est aggravée par une spéculation qui s'exagère d'abord les possibilités à court terme, puis s'effondre lorsqu'elles ne se concrétisent pas. Les bulles ne se forment que pour éclater, comme l'a fait celle de l'Internet en mars 2000. Il ne faut pas que l'écume de ces phénomènes conjoncturels masque le raz-de-marée structurel, il ne faut pas que le chatoiement du "numérique" masque l'exigence d'une construction patiente mais résolue d'une iconomiequi s'appuie sur l'informatisation.

Imprimantes 3D et 4D

Michel Volle : La troisième révolution industrielle est en cours, mais la voyons nous ? La comprenons nous ? L'impression 3D (et encore plus récemment l'impression 4D) en offre un exemple. Sa technique additive a vocation a remplacer la technique soustractive des machines-outils à cinq axes. Elle permet de produire des objets qui, comme les os des oiseaux, présentent le meilleur compromis entre solidité et légèreté : la construction aéronautique en tire déjà parti. Plus profondément, elle surmonte la frontière qui sépare le réel du virtuel : tandis que le scanner procure une représentation d'un objet réel que l'on pourra modifier à loisir, elle fait surgir dans le réel physique la matérialisation d'une image informatique. Les particuliers fabriqueront à domicile de petits objets en matière plastique, les usines produiront des pièces en métal de plus grande taille. C'est, après la robotisation, une deuxième grande transformation pour la production industrielle.
Jean Michel Quatrepoint : On parle ici d'un potentiel de production et de réduction des coûts qui défie toute les proportions actuelles, proportions que nous devons pourtant développer sans tarder pour continuer à exister. Pour se réaliser, la troisième révolution industrielle devra ainsi être une course à l'innovation permanente pour s'adapter au rythme de plus en plus effréné des avancées contemporaines. Ce principe d'accroissement toujours plus vertigineux des possibilités avait d'ailleurs déjà été évoqué dans la seconde loi de Moore (1975), loi qui doit son nom à l'ingénieur qui avait su prédire avec exactitude que la densité des transistors doublerait chaque année sur les machines électroniques, ce qui aboutit évidemment à une réduction phénoménale des coûts ainsi qu'à une extension des possibilités dont nous apercevons mal les limites. Cette révolution électronique, loin de s'arrêter à la simple production de biens immatériels, amène donc à une révolution "physique" de la production des biens.

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