samedi 17 mai 2014

Baisses et exonérations d’impôts pour les plus modestes : pourquoi cette mesure mal financée finira en mauvais coup pour les Français (y compris ceux qui vont payer moins)


Manuel Valls a annoncé que son geste fiscal pour les 1,8 millions de ménages exonérés de l'impôt serait financé grâce à des gains issus de la lutte contre la fraude fiscale. Il est fort probable que l'on assiste à un véritable jeu de bonneteau avec à la clef la création de taxes diverses et variées, ou la majoration de taxes existantes.
Atlantico : En annonçant "un geste" fiscal d'un milliard d'euros pour 1,8 million de ménages, Manuel Valls a souhaité montrer que le gouvernement était prêt à épargner les Français les plus défavorisés en pleine crise. En période d'économies pour le gouvernement, ce "cadeau" ne risque-t-il pas d'être payé d'une autre manière par une fraction de plus en plus retreinte de Français ? En quoi cette mesure va-t-elle se retourner contre ceux qui sont censés en bénéficier ?

Philippe Crevel : Depuis sa nomination, Manuel Valls pratique la guerre de mouvement en multipliant les effets d’annonce. Après la baisse des charges sociales salariales pour les salariés ayant une rémunération inférieure à 1,3 fois le SMIC, le Premier ministre a décidé de réduire l’impôt sur le revenu de 3 millions de Français.
Initialement, le geste en faveur des contribuables modestes, prévu dans le pacte de solidarité, devait se limiter à 500 millions d’euros. Il est porté à 1 milliard d’euros. Il a annoncé que cette mesure serait financée grâce à des gains issus de la lutte contre la fraude fiscale. Il est fort probable que nous assistions à un véritable jeu de bonneteau avec à
la clef, au moment de la discussion du collectif budgétaire au mois de juin, la création de taxes diverses et variées ou la majoration de taxes existantes. Avec une croissance qui se dérobe, avec un objectif de 3% de déficit public à atteindre, le gouvernement ne peut pas jeter l’argent qu’il n’a pas par les fenêtres. Le geste du Premier Ministre intervient à dix jours d’une élection délicate pour le pouvoir, les élections européennes. Il y a le feu au lac. Il tente d’amadouer les 1,9 million de foyers fiscaux qui sont devenus imposables essentiellement à cause du gel du barème de l’impôt sur le revenu. En 2012 comme en 2013, 900 000 assujettis supplémentaire ont été enregistrés chaque année, soit un bond de 500 000 par rapport aux années précédentes. Avec la fiscalisation des majorations de pension pour les retraités ayant plus de 3 enfants, avec le plafonnement du quotient familial, la fronde fiscale ne peut que se poursuivre cette année même si le barème n’est plus gelé. Il a été, en effet, actualisé de 0,8 %. Avec la baisse annoncée le 16 mai, le Premier Ministre ne répond que très partiellement au problème. En effet, le sentiment d’exaspération est lié au fait que l’impôt sur le revenu est passé de 50 à plus de 70 milliards d’euros en cinq ans.
Les contribuables modestes pourraient re-rentrer dans le barème de l’impôt sur le revenu avec l’allègement des charges salariales prévu dans le pacte de solidarité. C’est un jeu sans fin qui est en route. Il aurait mieux valu atténuer les taux d’imposition ou de mieux actualiser les tranches du barème. Les pouvoirs publics risquent par ailleurs d'augmenter les taxes sur l’alcool, les tabacs ou sur les boissons sucrées. Ce que l’on gagne d’un côté, on risque de le perdre assez vite…
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