Or,
si on veut « lutter » efficacement contre cette économie « souterraine » –
estimée au moins à plusieurs dizaines de milliards d’euros en France – il est
indispensable d’en supprimer la cause commune et première, à savoir un
encadrement fiscal et réglementaire trop strict.
L’économie souterraine : des causes
réglementaires et fiscales
Les
prohibitions ont toujours donné
naissance à de la contrebandes qu’il s’agisse du café, interdit par le
sultan
Amurat II au XVe siècle, de l’alcool ou du tabac.
Le poids élevé de la fiscalité et des prélèvements
obligatoires favorise aussi l’apparition et l’expansion de l’économie
souterraine. Il
s’agit de :
- Vendre ou acheter « au noir »
pour échapper à l’impôt sur le revenu ou à la TVA.
- Procéder à une relation de
travail « au noir » à cause du décalage, créé par les charges sociales,
entre ce que l’employé coûte à l’entreprise et ce qu’il reçoit en salaire.
- Échapper à une fiscalité
spécifique jugée trop lourde sur certains produits : alcool, tabac, ou
aliments.
- Au
Royaume-Uni, la part du marché illicite est ainsi estimée à 13% pour les
spiritueux et à 16% pour les cigarettes.
- En
France, le commerce parallèle a décollé après les hausses de taxes en
2003/2004. En 2011, 20% des cigarettes ont été vendues en dehors du
réseau officiel.
- Au
Danemark, les taxes sur les sodas, bière et produits gras ont poussé de
nombreux Danois à abandonner le marché domestique pour s’approvisionner
en parallèle à l’étranger.
- Au
Québec, les ventes officielles de cigarettes ont baissé de 61% au début
des années 90 après de fortes hausses de taxes. Deux
cigarettes sur trois étant alors vendues au noir.
Durcir la répression : une solution
contre-productive
La
répression – sans autre changement du cadre légal – est une « fausse »
solution. Coûteuse, elle pourrait paradoxalement pénaliser l’économie
officielle en ne traitant pas les causes réelles du problème.
- La disparition de l’économie
souterraine ne signifie pas son transfert automatique dans l’économie
officielle car des prix plus élevés y découragent les consommateurs.
- 78% des Allemands interrogés en
2007 indiquaient ainsi qu’ils ne feraient pas appel au marché officiel, si
l’économie parallèle disparaissait.
- Près des 2/3 des revenus gagnés
dans l’économie parallèle sont dépensés dans l’économie officielle.
Il
s’avère que les marchés légaux et souterrains sont liés. Il n’y a pas moyen de
réprimer l’un sans nuire à l’autre. Par conséquent, le meilleur moyen de lutter
efficacement contre la fraude, est de redonner au marché officiel son dynamisme
et sa compétitivité.
Le
cas du Québec est frappant. La baisse des taxes sur le tabac en 1994 (après
leur très forte hausse) y a pratiquement fait disparaître le marché noir et
permis « la restauration complète du marché légal », selon le gouvernement du
Québec. Les ventes légales ont triplé dans les deux mois qui ont suivi la
baisse des taxes. Le gouvernement danois a supprimé sa fat tax en 2012 pour les mêmes raisons et a annoncé la suppression
de la taxe sur les sodas et sur la bière.
«
Libérer » le marché officiel de ses entraves fiscales et réglementaires est la
seule solution pérenne pour « lutter » efficacement contre l’économie
souterraine, conclut l’étude.
Intitulée Les cause fiscales et
réglementaires de l’« économie souterraine », l'étude est disponible à: www.institutmolinari.org
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire