vendredi 27 septembre 2013
Entre les marinières de Montebourg, le dernier bouquin de François Lenglet (1) et Complément d'enquête hier, l'ambiance en France semble clairement s'orienter vers le protectionnisme. Bien qu'on sache que le protectionnisme a accentué la crise des années 30, il semble revenir à la mode. Et si le protectionnisme se pare des habits de la morale, banco !
Les propos de Benoit Duquesne hier étaient à ce titre très évocateurs. En résumé :
- Oh mon dieu ! De méchants chinois et turcs, odieux capitalistes sans foi ni loi, exploitent des éthiopiens payés 40 euros par mois pour exporter des t-shirts et des chaussures vers l'Europe et les Etats Unis, parce que la Chine, la Turquie ou le Bengladesh sont devenu trop chers !
Eh oui ! Il y a 30 ans, l'Ethiopie, c'était ce pays vers lequel nous envoyions des sacs de riz. Maintenant, ce sont des usines de textile qui tournent H 24 (2).
Certes, l'Ethiopie n'est pas encore le Danemark ou la Suède, très loin de la. Mais, qu'est ce que nous croyons ? Que les Ethiopiens veulent, volontairement, rester dans le sous-développement ?
Alors, effectivement, le droit du travail n'est pas le même que chez nous, pays touristique mais qui empêche ses salariés volontaires pour travailler en soirée de servir des clients après 21.00 sur les Champs Elysées (3). Bien sûr, les salaires éthiopiens sont très bas en comparaison des nôtres.
Oui, des gens de moins de 18 ans travaillent dans des usines, avec la complicité de contrôles assez flous. Et certes, les usines polluent l'eau des lacs.
Mais, d'une part, n'oublions pas que 40 dollars par mois, quand on a un loyer mensuel de 20 dollar, c'est une paye acceptable. Souvenons-nous aussi que, quand la Lorraine ou le Nord Pas de Calais se sont développés, il y a 150 ou 200 ans, aucune ONG chinoise ou éthiopienne n'est allé fourrer son nez dans nos affaires. Quand. la France était le leader mondial de l'opium (4), aucun expert de l'ONU n'est venu se pencher sur la moralité de ce business. Alors, si on laissait un peu de répit aux pays émergeants ?
Rassurons-nous ! Un jour, comme en Chine, comme en Turquie, les éthiopiens en auront marre de travailler 12 ou 14 heures par jour, et réclameront le même niveau de protection sociale que nous. Mais en attendant, on fait quoi ? On laisse détruire l'industrie française ?
En fait, non. Déjà, en tant que consommateurs, on est bien content d'avoir des prix bas sur tous ces produits qui arrivent chez nous. N'oublions pas que le pouvoir d'achat, c'est les revenus / prix. Si les revenus n'augmentent pas, les baisses de prix, c'est bien ! Sinon, en ce qui concerne l'emploi, toujours dans le reportage de Complément d'enquête, on a vu que l'entrepreneur turc qui avait ouvert son usine en Ethiopie avait acheté des machines à tisser Suisses. Le problème de la France, ce n'est pas la concurrence des émergeant, mais la concurrence des économies Européennes, voisines et comparables, qui, elles exportent ce dont les pays émergeants ont besoin.
Dans cette course au développement qui aboutira un jour à ce que, à métier donné et quelque soit le pays, il n'y aura plus de différence significative de rémunération (déjà presque le cas pour quelques rares métiers mondialisés comme footballeur), la France a quand même un énorme atout : un patrimoine touristique et symbolique non délocalisable, en plus de son niveau scolaire moyen élevé.Alors, plutôt que regretter que le monde cherche à se développer, si nous faisions en sorte qu'un jour, la future classe moyenne éthiopienne vienne s'acheter un parfum chez Sephora, sur les Champs Elysées ?
Ne nous laissons pas avoir par les contradictions du socialisme qui veut (et doit) ériger des barrières protectionnistes autour de la France et, en même temps, taxer les transactions financières ou les billets d'avions pour aider ces pauvres petits pays africains pas assez grands pour se développer eux-mêmes.
(2) La Tribune : L'Ethiopie, nouvel eldorado des industries textiles européennes ?
(3) groupe Facebook : Travail de nuit : liberté pour Sephora Champs Elysées
(4) Le Nouvel Economiste : Quand la France était leader mondial de l’opium
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