mardi 17 septembre 2013

Une mission parlementaire se penche sur l’AFP : pour reconnaître qu’elle est de gauche ?

16 septembre 2013, 13:51 Auteur :  Robin Enquête & Débat


afpNous avons appris ces derniers jours qu’une mission parlementaire, confiée au député Michel Françaix, va se pencher sur les conditions législatives, réglementaires et financières d’exercice des missions de l’Agence France Presse. Les socialistes, qui sont à la manœuvre, vont-ils tenter de noyer le poisson et de faire diversion de la véritable question qui se pose : pourquoi l’AFP est-elle de gauche ? Le collectif Contre-Attaque a envoyé un courrier à ce député socialiste afin d’être reçu.
On apprenait le 13 septembre 2013 que “Le gouvernement va mandater un député, le socialiste Michel Françaix, pour se pencher sur l’AFP et les conditions dans lesquelles elle exerce ses missions, a annoncé jeudi soir la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti. [...] Il s’agit de se pencher sur les conditions législatives, réglementaires et financières d’exercice des missions de l’Agence”, a-t-elle déclaré dans un discours prononcé lors du dîner annuel du quotidien L’Humanité qui réunit tous les plus hauts responsables de la presse française.” [1]
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça part mal. Un gouvernement socialiste nomme un député socialiste comme responsable de la mission parlementaire et l’annonce au dîner annuel du quotidien l’Humanité. C’est si caricatural qu’il n’est nul besoin d’en rajouter. On peut dès lors douter de la suite de
la déclaration de la ministre : “Cette mission s’effectuera dans le respect des principes fondateurs de l’AFP que sont l’indépendance, la fiabilité et l’exhaustivité de l’information en envisageant son évolution. Les relations qu’entretiennent l’Etat et l’Agence sont en cours de rénovation. L’État est un client essentiel de l’AFP, mais il est aussi le prescripteur de missions transversales d’intérêt général dont la première est de garantir une information indépendante, complète et de qualité, en France et à l’étranger. L’AFP doit constamment être dans l’innovation et trouver les voies et moyens de son développement. Depuis février 2012, la loi confère à l’AFP une mission d’intérêt général, “une évolution qui sera au coeur de notre dialogue avec l’Agence.” [1]
Indépendance : l’AFP dépend quasiment entièrement de l’État.
Fiabilité et exhaustivité : l’AFP est de gauche, refuse des communiqués provenant d’un collectif de droite, et assume cette partialité de la base à la direction.
Garantir une information indépendante, complète et de qualité : comprenez “de gauche”.
Mission d’intérêt général : entendez “favorable à la gauche”.
Naturellement, Emmanuel Hoog, le PDG de l’AFP, se réjouit qu’un socialiste dirige cette mission parlementaire : “Je prends acte avec satisfaction de la mission parlementaire confiée au député Michel Françaix, qui doit contribuer à éclairer les conditions opérationnelles grâce auxquelles, dans un esprit d’innovation, l’AFP peut et doit continuer à se développer en France et à l’étranger, en portant haut ses valeurs d’indépendance et de fiabilité.” [1]
L’AFP discute actuellement du contrat d’objectifs et de moyens (COM) qui doit régir les relations Etat/AFP pour les années à venir.
Communiqué Michel Françaix
Le lendemain, 14 septembre, le député socialiste Michel Françaix publiait le communiqué suivant :
« Par décret, je viens d’être nommé parlementaire en mission auprès de Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication. Je veux remercier le Premier Ministre, monsieur Jean-Marc AYRAULT, pour cette marque de confiance puisqu’il a pris soin de préciser « qu’il nous a semblé légitime de faire appel à un parlementaire ayant une large expérience de la presse et des médias tel que vous ». Depuis de nombreuses années, en tant que Président du groupe d’étude sur la presse, je n’ai eu de cesse de plaider pour « une exception culturelle » de l’Agence France-Presse. Une exigence fondamentale : l’indépendance éditoriale absolue constitue la marque de fabrique de l’AFP. Elle fonde même son prestige international. La préservation de cette indépendance doit donc être prise en compte dans toute réflexion. C’est d’ailleurs la volonté du Président de la République qui a exprimé son souhait de « renforcer cette indépendance dans un contexte où l’économie des médias est fragilisée et où la concurrence, exacerbée, rend indispensable la capacité à innover ». Présente dans 150 pays, avec un service d’information en six langues assuré par 1 500 journalistes et près de 2 300 collaborateurs, l’Agence France-Presse (AFP) est la plus ancienne des grandes agences internationales et fait aujourd’hui partie des trois agences de presse d’ampleur mondiale. Le premier ministre ayant préalablement rappelé que « ses personnels en constituent le premier actif ; l’indépendance éditoriale, la première valeur. » La mission qui m’a été confiée porte sur l’évaluation des conditions législatives, réglementaires et financières d’exercice des missions de l’Agence France-Presse. Dans l’analyse, je porterai une attention toute particulière aux « relations entre l’Etat et l’agence qui sont en cours d’évolution : les discussions des derniers mois avec la Commission européenne a permis de remettre l’intérêt général au cœur de la relation entre l’AFP et l’Etat ». Les missions d’intérêt général de l’Agence, déterminées par la loi, fourniront tout naturellement les axes du prochain Contrat d’Objectifs et de Moyens (2014-2018). Préalablement, il conviendra donc de tirer le bilan sur la mise en œuvre du COM, sous l’angle des réalisations, des financements et de la prospective. Le financement de ces missions dans le prochain COM respectera bien évidemment le droit européen. Autrement dit, Il me reviendra, dans le cadre d’une très large concertation, sans oublier d’être imaginatif, de proposer « un éventuel nouveau modèle qui permette à l’AFP de garantir son indépendance éditoriale, de trouver des sources de financement durables et de respecter le droit européen de la concurrence ». Je remettrai mes conclusions au cours du mois de mars 2014. »[2]
Contre-Attaque a saisi l’occasion pour envoyer un mail à M. Françaix, qui ne nous a pas encore répondu. Voici le mail que nous lui avons fait parvenir :
Monsieur le Député,
Vous venez d’être nommé ce 14 septembre 2013 par le premier ministre, parlementaire en mission sur l’Agence France-Presse, comme vous l’annoncez vous-mêmes sur votre blog www.michelfrancaix.fr.
Notre collectif Contre-Attaque tient par conséquent à vous informer de l’affaire très grave qui vient de se passer et qui met directement en cause et en question l’indépendance politique de l’AFP.
Vous trouverez tous les éléments de cette affaire sur ce lien : http://www.enquete-debat.fr/archives/scandale-lafp-assume-le-refus-de-communiques-dun-collectif-de-droite-95142/
Puisque nous sommes en démocratie, nous demandons à être reçus par vous-mêmes, étant donné que l’AFP se refuse à nous répondre.
Nous reproduisons sur notre site ce mail qui vous est adressé.
Cordialement
Jean Robin
Président de Contre-Attaque
www.contre-attaque.org

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