Pierre Moscovici s’était déjà inspiré de l’art de l’imposition défini par le contrôleur général des finances : « Plumer l’oie sans la faire criailler». Il a échoué : le ras-le-bol fiscal monte. Le ministre de Louis XIV n’en continue pas moins d’inspirer nos ministres. Sans doute lassé d’être taxé de sauveur de canards boiteux, Arnaud Montebourg ne jure plus que par le « colbertisme participatif », un étrange mélange de projets d’avenir portés par des entreprises privées et des subventions publiques.
Ce retour vers le passé porte un message simple : seul l’Etat stratège peut dessiner la croissance du futur. Et ses déclinaisons claquent comme autant de slogans simplistes :
puisque le « méchant Mittal » délocalise, osons une nationalisation temporaire ; puisque la « mauvaise finance » asphyxie les PME, créons une Banque Publique d’Investissement ; puisque la désindustrialisation saigne le pays, aidons les filières.
Ne nous y trompons pas : ce néo-colbertisme décomplexé cache un nouvel interventionnisme, capitalisme de subsides mâtiné de volontarisme politique. Dormez tranquille, l’Etat veille… On sait ce que sont devenus le Crédit Lyonnais public, le Bull champion mondial ou le Google à la française - des milliards d’euros dilapidés venus grossir la dette.
Oui, l’Etat peut beaucoup : dans la lutte contre les rentes, dans la simplification des réglementations, dans l’attractivité fiscale… Oui, l’Etat a toute sa légitimité dans les investissements structurels, la promotion de la recherche, les projets à forte rentabilité sociale. Pour le reste, Jean-Baptiste Colbert est mort en 1683.
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