lundi 16 décembre 2013

Afrique : le désastre de la décolonisation

15 DÉCEMBRE 2013 par THIEULLOY (DE) GUILLAUME dans LA UNE, SOCIÉTÉ avec 0 COMMENTAIRE

L‘actualité de ces derniers jours a orienté nos regards vers l’Afrique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le bilan est mauvais, très mauvais. Alors que l’Afrique est, probablement, le continent le plus riche en matières premières, il est aussi le plus pauvre et le plus ravagé.
Mais voyons ces actualités de plus près.
La première actualité était liée à la mort de Nelson Mandela. Cette mort était attendue depuis des mois, d’une part, parce que l’intéressé avait at­teint un âge respectable (il avait dé­passé 95 ans) et, d’autre part, parce qu’il était hospitalisé dans un état critique depuis longtemps.
Le chœur planétaire à l’occasion de la mort de « l’icône de la nation arc-en-ciel » était, lui aussi, prévisible, mais j’avoue qu’il m’a surpris par son ampleur. La mise en berne des drapeaux dans nombre de pays occidentaux, dont la France, était peut-être un tantinet exagérée. À moins que la mort de Mandela soit, pour nous, Français, un deuil national ?
Mais, surtout, ce qui m’a frappé, c’est la parfaite absence de mesure – et même de cohérence – dans les commentaires.
De toute évidence, Mandela était un homme courageux, qui avait mis sa vie au service de ses convictions. En particulier, passer 27 ans en prison pour motif politique force évidemment le respect.
Il n’en reste pas moins que les convictions, les méthodes et les résultats étaient fort discutables.
Les convictions étaient celles d’un révolutionnaire marxiste, ce qui, à l’époque, était sans doute à la mode, mais ce qui reste l’un des pires totalitarismes de l’histoire. On me dira que l’apartheid n’était pas défendable. Certes. Mais il me semble hautement contestable de combattre un mal par un mal pire encore.
Les méthodes furent tout aussi révolutionnaires. On oublie trop souvent (et il faut remercier le grand africaniste Bernard Lugan pour sa magistrale mise au point qui a beaucoup circulé sur internet) que Mandela a coordonné plus de 200 attentats et sabotages.
Quant aux résultats, ils sont catastrophiques. J’ignore s’il était possible de faire mieux que n’a fait Mandela à la tête de l’Afrique du Sud. Mais, enfin, il n’y a tout de même pas de quoi vanter la magnifique « réconciliation de la nation arc-en-ciel », comme l’ont fait mes excellents confrères. Depuis l’arrivée au pouvoir du « pacificateur », en 1994, 2 000 fermiers blancs ont été assassinés. En moyenne, l’Afrique du Sud compte 43 meurtres chaque jour. Comme pacification, on peut rêver mieux !
Il était d’ailleurs frappant de constater, en écoutant les médias bien-pensants, qu’après l’éloge obligatoire de l’icône-planétaire-du-camp-du-bien, pratiquement tous les reportages sur l’héritage de Mandela parlaient, en réalité, du désastre de la société sud-africaine contemporaine.
Car la cohérence n’est pas le fort de mes chers confrères. Il faut d’ailleurs avouer que la franchise non plus.
En ce domaine, les commentaires sur l’autre actualité africaine, la situation en République centrafricaine, brillent par le refus systématique de désigner le mal. Tout le monde sait que le problème tient à l’existence de milices islamistes armées. Pourtant, cela n’est pratiquement jamais évoqué. J’ai même entendu une radio d’État dénoncer vigoureusement des massacres perpétrés par des milices chrétiennes, sans qu’il soit possible, en écoutant le reportage, de comprendre à quoi réagissaient lesdites milices. Tout se passe comme si ce conflit sanglant était une génération spontanée !
Le politiquement correct n’est pas simplement un tic de langage. On voit à quel point il peut obscurcir l’esprit et occulter la vérité.
En tout cas, ce que je constate, c’est que la décolonisation et la fin de l’apartheid, qui devaient être, dans le discours bien-pensant, le début d’une ère radieuse de paix et de prospérité, sont des échecs sanglants. À tel point que l’on vient demander à l’ancien colonisateur de s’interposer pour imposer la paix par la force !
Mais je constate aussi – on le voit mieux quand on regarde loin que lorsqu’on regarde chez soi – le poids considérable de la politique dans la vie quotidienne.
Encore une fois, l’Afrique a tout pour être prospère. Tout, sauf une vie politique digne de ce nom : la corruption, la démagogie, les guerres civiles pourrissent tout.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il me semble évident qu’à brève échéance, la démagogie et l’incompétence de « nos » dirigeants politiques vont entraîner pour nous le même chaos qu’en Afrique. À moins de nous débarrasser rapidement de ces politiciens et de reprendre en main notre destin commun. 

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