Quel ennui d’avoir une majorité, doit se dire aujourd’hui François Hollande. Après avoir décrété une sorte de « pause familiale » en repoussant aux calendes grecques tout projet d’autoriser la gestation pour autrui et la procréation médicalement assistée pour tous (la GPA et la PMA), le chef de l’Etat se retrouve en effet confronté à l’hostilité de ceux des députés socialistes qui veulent au contraire imposer cette réforme, ici et maintenant. Ils ont benoîtement cru aux arguments employés tout le week-end par les leurs pour ridiculiser et caricaturer les manifestants, ces « cathos », ces « tradis », tous ringards, forcément ringards. Et ils ont naïvement pensé qu’envoyer des salves de bons vieux marqueurs de gauche serait du meilleur effet sur leur électorat déboussolé par les embardées plus ou moins social-démocrates de leur président.
Quel ennui d’avoir une majorité, doit se dire aujourd’hui Pierre Moscovici. Après avoir sonné
le tocsin du « ras-le-bol » fiscal, le voici confronté en pleine « pause fiscale » à un projet parlementaire de réforme de la CSG et de l’impôt sur le revenu, réforme qui conduirait inévitablement à alourdir les ponctions sur les classes moyennes et supérieures. Tout cela au nom –bien entendu- de la justice fiscale, ce bon vieux leitmotiv de gauche qui vaut à la France ses taux records de pression fiscale.
Dans les deux cas, ordres et contre-ordres se succèdent au rythme des zigs et des zags si typiques de la méthode Hollande. Et dans les deux cas, ils justifient que l’on doute de la sincérité des engagements du président de la République. C’est tout le problème du chef de l’Etat : il a si souvent changé de pied, en particulier sur ces dossiers fondamentaux que sont la famille et les impôts, que lui faire confiance sera toujours un risque.
Nicolas Beytout