En toute logique, François Hollande devrait reporter sine die la réforme du statut des auto-entrepreneurs. C’est une question de cohérence politique, pas d’idéologie !
Contradiction 1 : Pierre Moscovici dit entendre le «ras-le-bol fiscal» des Français. Or le projet présenté mercredi par Sylvia Pinel finira bien par alourdir les charges et les impôts, et pas sur les plus riches. Contradiction 2 : des députés socialistes regrettent la «trop rapide» refiscalisation des heures supplémentaires, au motif qu'elle est préjudiciable aux salariés modestes. Or le texte de la ministre de l’Artisanat aboutira à décourager l’initiative privée sur un public tout sauf favorisé.
Ainsi le gouvernement s’apprête-t-il à doubler son erreur économique d’une faute politique.
Dans leur grande majorité, les 900 000 auto-entrepreneurs sont moins des crypto-professionnels de l’optimisation fiscale que des particuliers, parfois anciens chômeurs, assez volontaires pour créer leur propre emploi. Mais voilà, le dogme socialiste a ses raisons que la raison ignore… L’exécutif préfère abîmer un régime apprécié pour sa souplesse et sa simplicité plutôt que de s’attaquer à la complexité du droit du travail, au maquis des normes, aux rentes. Il choisit de dénaturer un statut utilisé dans une création d’entreprise sur deux préférent s’en remettre aux seuls contrats aidés budgétivores dans sa lutte contre le chômage.
Conscient malgré tout du danger, Matignon semble préparer un enterrement de première classe : amendée après négociations, la loi sera au mieux votée en juin 2014 et applicable... en 2015. Mais source de doutes, ce recul honteux laissera des traces.
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