Il fallait un certain courage à Pierre Moscovici pour aller plancher, comme il l’a fait jeudi, devant des milliers de patrons réunis pour leurs Universités d’été. Et nul doute que s’il était arrivé les mains vides, avec pour seul message quelques promesses verbales gentiment fleuries, le risque existait d’un dérapage, d’une bronca de cette assemblée de chefs d’entreprises souvent exaspérés, parfois même découragés. Mais le ministre de l’Economie est habile : il a promis qu’une campagne de simplification et d’allègement des charges démarrerait dès la semaine prochaine.
Il fallait aussi une certaine audace à Pierre Gattaz pour organiser une confrontation entre le
ministre et ses troupes, au risque d’un chahut fort peu républicain. Mais le président du Medef est habile : il a fait applaudir la petite phrase de Pierre Moscovici sur le ras-le-bol fiscal.
Pour autant, les nuages entre les chefs d’entreprise et le gouvernement n’ont pas tous été dissipés. La relation entre le monde économique et la majorité s’était dégradée dès l’arrivée de François Hollande, et rien n’a été fait depuis pour la restaurer. Les zig-zags sur la fiscalité, les allers-retours sur les charges, les discours à géométrie variable des différentes voix de la majorité ont durablement esquinté la confiance des entrepreneurs. Et la réforme bâclée et coûteuse sur les retraites, annoncée mardi dernier, a bien failli tourner au « remake » des 35 heures, lorsque le CNPF d’alors s’était fait proprement rouler par Lionel Jospin.
Le Medef a donc tout intérêt à rester vigilant sur les prochains dossiers à risque, l’assurance-maladie, et l’assurance-chômage en particulier : une taxe est si vite arrivée. Et puis, on le sait maintenant, François Hollande est toujours habile, rarement audacieux, encore moins courageux
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