vendredi 10 mai 2013

Crise française: c'est que le début, d'accord, d'accord...

Ce texte est une adaptation d'un article paru dans le quotidien suisse Le Matin
CRISE - La France m'inquiète. Oui, je sais: ce n'est pas nouveau... et je ne suis pas le seul. Mais récemment, j'ai pu mesurer l'ampleur des dégâts: des sénateurs français étaient en visite à Berne. Deux jours en Suisse, en toute amitié. Avec, toutefois, un ou deux sujets (fiscaux) qui fâchent.
On s'attendait à du lourd: on a été servis. La totale. Il y eut d'abord ce ton, ce style inimitable: un sénateur français ne parle pas, il explique. Au repas déjà, chez l'ambassadeur, une sénatrice "explique" à ma table que la France est un pays ultra-libéral. Oui, Madame. Elle nous raconte les us et coutumes des habitants de cette terre lointaine. Inconnue. Je lui fais remarquer que, si la France est un pays "ultra-libéral", la Suisse est un
club échangiste. Sous ecstasy.
Quelques minutes plus tard, en séance, un sénateur nous "explique" que nous ne comprenons pas la France. Et sa fiscalité. Il faut savoir que, pour un élu français en tournée en province, si on n'est pas d'accord, c'est qu'on ne l'a pas compris. Alors il réexplique, plus lentement. Il articule. C'est inintéressant, mais joli à entendre.
Puis, devant notre lenteur -toute helvétique- une sénatrice admet alors que, dans le fond, nous "ne pouvons pas" comprendre la question fiscale française. Car la Suisse est, je cite, "en retard en matière de dépenses publiques". La preuve par les crèches. Je n'invente rien.
Désarmante France. Quarante ans de déficit, une dette abyssale, mais elle fait la leçon. Elle donne un cours de gestion de faillite au pays le plus riche du monde. Le cancre fait la nique au premier de classe: le panache laisse coi. Admirable. Encore!
Moralité: la crise française est plus grave que prévu. On se trompe, notamment, sur sa cause. La France ne souffre ni de son chômage, ni de sa dette: elle est malade de son aveuglement. Incapable de se remettre en question. Le fameux "déni": l'Allemagne a tort, la Suisse a tort, tout le monde a tort.
Et la France? Elle a raison. D'accord? D'accord. Et pendant ce temps, elle coule. Encore et encore. C'est que le début. D'accord, d'accord...
 

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