L’affaire Leonarda a plombé pour longtemps la politique migratoire de la France. Comment imaginer que la majorité puisse désormais s’atteler dans la sérénité au grand projet de loi surl’immigration que Manuel Valls est censé préparer pour 2014 ? Le cas de la famille Dibrani a pourtant mis en évidence, jusqu’à la caricature, la perversion des mécanismes d’accueil et d’installation des étrangers non communautaires en France. Elle témoigne de l’abus du droit d’asile par certains, de la lenteur des procédures d’examen (4 ans et 10 mois !), mais aussi du système d’assistanat hypertrophié dans notre pays. Un Etat providence qui est d’ailleurs doublement onéreux puisqu’il faut non seulement le gaver sans fin mais aussi en interdire l’accès aux autres, en érigeant des barrières toujours plus hautes aux frontières européennes.
Pour fonctionner sainement, une économie moderne a besoin d’une main d’œuvre mobile,
éduquée, formée et capable de s’adapter. Or, en raison du vieillissement continu des populations, l’immigration en France et en Europe doit se poursuivre, et devra même vraisemblablement s’accélérer à partir de 2025. Pour cela, elle doit être organisée et ses flux doivent être maîtrisés, si nécessaire en instituant des quotas catégoriels. Le regroupement familial, le droit d’asile, les régularisations, les naturalisations comme les expulsions sont des outils indispensables qui doivent être préservés. Le défi est d’autant plus lourd à relever en période de repli nationaliste, de crispation identitaire et de progression continue du Front national. Face à ces enjeux, les dégâts causés par la communication pitoyable du président François Hollande autour de l’affaire Leonarda sont, hélas ! immenses.
Luc de Barochez