Ainsi donc, la France s’apprête à réclamer un nouveau délai pour se conformer aux règles européennes de stabilité budgétaire. Une France qui aurait le front d’exiger de ses partenaires, qui ont accompli des réformes douloureuses, un troisième report consécutif pour ramener son déficit public sous la barre des 3 % de la richesse nationale, après les sursis déjà obtenus par Nicolas Sarkozy en 2008 et François Hollande en 2012. Une France qui, manifestement, croit au Père Noël.
Michel Sapin, le nouveau ministre des Finances, va plaider sa cause ce lundi à Berlin. Il faut s’imaginer un instant Wolfgang Schäuble, dans son fauteuil roulant, voyant arriver à lui son quatrième homologue français successif depuis cinq ans qu’il est grand argentier allemand, et
l’entendant répéter le sempiternel discours : « Nous sommes désolés, nous ne pourrons pas tenir nos promesses tout de suite, mais nous allons faire les réformes nécessaires, plus tard, croix de bois, croix de fer. »
Point n’est besoin de maîtriser la langue de Goethe (Schäuble parle d’ailleurs le français) pour imaginer la réponse. Pourquoi nos partenaires nous feraient-ils confiance, alors qu’en lieu et place des réformes structurelles promises en 2012, nous leur avons servi une non-réforme des retraites et une pseudo-réforme du marché du travail ? Pourquoi nous croiraient-ils, alors que nous leur faisons miroiter depuis des mois des économies de 50 milliards d’euros, dont nous n’avons toujours pas identifié le premier milliard ? D’un gouvernement à l’autre, ce qui est immuable, hélas, c’est la légèreté des dirigeants français qui, par leur laxisme, mettent en péril la cohésion de l’Europe.
@lucdebarochez
(*) Pas de nouveau sursis pour la France