Manuel Valls a raison : l’essentiel, c’est de redonner confiance dans l’avenir. Mais le Premier ministre a tort de penser qu’il suffit de déconstruire les années Ayrault pour mieux remonter le moral des Français. Et il se trompe s’il croit « soutenir la croissance » par une réduction différée des déficits. Même enrobée de références mendésistes, cette ritournelle fleure bon les politiques de facilité du passé. N’en déplaise à l’aile gauche du PS qu’il s’agit paraît-il de rassurer, on sait où ce non choix – du flou et du mou – a mené : au chômage de masse et à une croissance anémiée.
Lisez David Ricardo, Monsieur le Premier ministre ! Il y a deux siècles, l’économiste anglais
expliquait déjà pourquoi prendre les contribuables pour des gogos menait droit dans le mur. Confrontés à des déficits chroniques, les ménages anticipent des hausses d’impôts futures ou une réduction des transferts sociaux et, du coup, se replient, attendent, épargnent en prévision de lendemains difficiles. Nous y sommes. Comment ne pas voir que les nouvelles promesses fiscales, parce qu’elles ne sont pas financées, nous exposent aux foudres de Bruxelles et à des restrictions bien plus douloureuses que les 50 milliards d’euros d’économies annoncés ?
Ainsi, la seule manière de recouvrer l’espoir, c’est d’accompagner l’ajustement drastique du fardeau fiscal d’une diminution tout aussi massive des dépenses improductives. D’autres l’ont fait. Avec succès. Encore faut-il être crédible. C’est-à-dire annoncer la couleur (la douleur), et s’y tenir, année après année. A mille lieues des zigzags, reniements, tête-à-queue et autres virages d’un hollandisme si anxiogène.