samedi 26 avril 2014

Pour Agnès Verdier-Molinié*, directeur de la Fondation iFRAP et orfèvre en la matière, ce sont au bas mot 60 milliards par an qu’il faudrait économiser



    Alea jacta est, le sort en est donc jeté : poussé dans ses derniers retranchements, le pouvoir socialiste se jette à l’eau à reculons et va même, dans une démarche quasi-mystique, jusqu’à aller tirer de son sommeil Jean Jaurès dans sa bonne ville de Carmaux. 

    Mais cinquante milliards d’euros d’économies sur trois ans suffiront-ils jamais à conjurer le mal français ? Encore qu’il serait plus judicieux de parler de cinquante milliards par an, soit en tout cent cinquante milliards répartis sur la période considérée 2015-2017.

    Or même en admettant que cinquante milliards d’euros représentent, aux yeux du gouvernement, un effort insurpassable sans
quoi tout serait politiquement perdu, il n’en demeure pas moins vrai que, déjà, les carottes sont cuites... Voici pourquoi.

    Dans un savant (?) flou artistique, Manuel Valls a détaillé la ventilation des cinquante milliards d’euros d’économies sur trois ans : 21 milliards en 2015 suivis de 16 milliards en 2016 et enfin 13 milliards en 2017 : 21+16+13 = 50 milliards et vogue la galère.

    Pour Agnès Verdier-Molinié*, directeur de la Fondation iFRAP et orfèvre en la matière, ce sont au bas mot 60 milliards par an qu’il faudrait économiser pour espérer venir à bout de l’apparente malédiction qui, depuis quarante ans, retient la France en otage :

    “Maintenant, il est temps de présenter l’addition : elle est salée. Ces services publics, que les autres pays nous envient de moins en moins, nous ont en partie ruinés et une bonne part de notre dette est imputable au fait que que nous “surpayons” ces services. Ce surcoût peut être évalué à 60 milliards d’euros par an : 18,5 milliards au niveau de l’Etat, 11,6 à l’échelon local et 29,9 sur le social”.

    Diantre !! Mais Mme Verdier-Molinié ne fait certainement pas état d’un tel montant, en effet faramineux surtout s’il s’agit d’en démultiplier le montant intégral sur plusieurs années, sans s’être auparavant assurée d’en justifier sans conteste tous les termes. Ainsi :

    “Quand notre pays dépense 27,7% de sa richesse nationale à produire ses services publics, les pays de l’Union européenne dépensent 24,9%, sans différence notable en termes de qualité du service public et de niveau des prestations. La différence entre ces deux chiffres ? 60 milliards d’euros, qui pourraient donc être économisés chaque année à un horizon de sept ans si l’effort commençait en 2013 !”.

    Pour faire court, les 50 milliards sur trois ans du pacte de responsabilité prôné par François Hollande et dont Manuel Valls est prié d’assurer le service après vente représentent-ils, à eux seuls, les 2,8% du PIB (en trop) qui nous séparent de nos voisins immédiats ?

    Poser la question c’est y répondre et il est donc fort à craindre que Bruxelles, si le malheur voulait que nous ne concevions pas l’urgente nécessité d’amender notre point de vue, ne se trouve alors dans l’ardente obligation de nous faire publiquement la leçon.

    François de Closets** : “Le plus insupportable, dans de telles circonstances, c’est de voir le club de naufrageurs, les hommes politiques et les partis qui ont ruiné le pays, garder les commandes et s’apitoyer sur le sort des naufragés. Ne laissons pas l’indignation aveugler la réflexion et pas davantage le long terme nous voiler le court terme. Nous aurons bien des défis à relever dans les vingt, trente ou cinquante ans à venir, mais il faut d’abord nous interroger sur ceux qui nous attendent dans les prochaines années”.

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* A. Verdier-Molinié : “60 milliards d’économies (oui... mais tous les ans)” (Albin Michel, février 2013).
**François de Closets : “Maintenant ou jamais (Une dernière chance pour la France)” chez Fayard, septembre 2013.     
     

Librement !
Philippe S. Robert
http://sully1.typepad.com

02400 FRANCE

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