De tous les maux dont souffrait le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, son manque de professionnalisme dans la conception, de tenue dans l’exécution et de rigueur dans la communication était l’un des plus marquants. De ce point de vue, l’arrivée de Manuel Valls à Matignon donne le signal d’une nouvelle époque. Tant mieux.
Nouvelle époque aussi, du moins faut-il l’espérer, en ce qui concerne les choix politiques du pouvoir. Après tout, Manuel Valls a souvent été minoritaire dans son parti mais majoritaire dans l’opinion publique. Sa vision débarrassée de tout angélisme sur les questions de sécurité et d’immigration, ses prises de position sur les 35 heures et le pouvoir d’achat ou encore sur la TVA, ont forgé de lui l’image d’un homme libéré des raideurs idéologiques qui paralysent encore une partie de sa famille politique.
Sur tous ces sujets, il faut espérer que Manuel Valls tiendra le cap et fera sa part de chemin
vers une France réformée. Il faut lui souhaiter de la réussite pour que sorte de la crise ce pays fatigué de subir. Bien entendu, cela ne dépend pas que de lui. Il n’aura de la part de l’Europe ni délai, ni indulgence : la France a tellement joué avec ses engagements que Bruxelles et les pays qui, eux, ont attaqué de front la réforme seront intransigeants. Il n’aura pas davantage l’adhésion spontanée d’une partie de la gauche face à laquelle il devra tenir plutôt que manœuvrer : le pire serait qu’il renonce à ses idées en pensant survivre avec celles des autres, celles-là même qui ont amené la gauche à la débâcle électorale. Il lui manquera enfin ce qui a tant fait défaut à son prédécesseur : la constance dans les orientations du chef de l’Etat, la clarté dans son mode de gouvernement. Après tout, le principal problème de Jean-Marc Ayrault se nommait François Hollande. Et ce handicap-là est toujours bien présent.
Nicolas Beytout