FIGAROVOX/TRIBUNE - Alors que le gouvernement n'arrive plus à réunir les partenaires sociaux dans sa grande Conférence sociale, Daniel Augereau lance un appel pour une réduction des réglementations du marché du travail, vitale pour notre économie dans le contexte mondial.
Daniel Augereau est le PDG du groupe Synergie, spécialisé dans le domaine du travail temporaire.
Notre pays a l'art de mobiliser ses énergies sur les sujets accessoires et de les disperser sur les problèmes vitaux. L'urgence, ce n'est pas le bricolage de notre carte territoriale, c'est la réforme de notre appareil productif. Je parcours l'Europe et je connais bien la Chine : partout, l'accent est mis sur la compétitivité et le travail, partout on s'efforce de faire sauter les freins qui brident l'innovation et l'emploi. A Pékin, les «communistes» chinois héroïsent leurs entrepreneurs, chez nous, ils sont assiégés de contraintes. Lorsque ca n'est pas des impôts nouveaux ce sont de nouvelles normes, quand ce ne sont pas de
nouvelles normes ce sont des leçons de patriotisme. Nous sommes tous patriotes et européens mais encore faudrait-il qu'on donne à la France les armes pour affronter la mondialisation!
Combien de temps faudra-t-il attendre pour comprendre que la bataille de la croissance dépend de la place accordée à ceux qui créent des richesses et des emplois? Un tapis rouge devrait être déroulé sur les pieds des entrepreneurs, des créateurs et investisseurs ; leurs recommandations et leurs avertissements devraient avoir encore plus de poids que ceux que la BCE ou le FMI adressent à notre Etat! Mais non, chez nous, les entreprises restent des interlocutrices secondaires. A l'évidence, la culture de nos élites administratives et politiques n'est pas forgée au contact des réalités économiques. Quand j'entends le pouvoir dire, «Allez-y! Investissez! Embauchez», j'ai l'impression d'avoir affaire à un entraineur qui n'a jamais mis les pieds sur un terrain de sport et qui veut nous fait disputer une course mondiale en nous retenant par les bretelles.
Certes, après bien des atermoiements, le gouvernement entend baisser les charges des entreprises, mais cette baisse compense tout juste l'augmentation des impôts des dernières années; certes, chacun y va de son couplet pour dénoncer l'excès de réglementation, mais tout est fait pour compliquer les choses. La mise en place du compte pénibilité, qui exigera la tenue de fiches pour chaque salarié, est un véritable casse-tête. L'obligation de fixer le temps partiel à 24 heures hebdomadaires minimum est un boulet supplémentaire contre l'emploi. Quant à l'observatoire des contreparties, prévu par le pacte de responsabilité, c'est une usine technocratique. Toujours plus de contraintes et toujours moins de confiance! A chaque fois, l'argument est le même: moins de liberté pour l'entreprise, c'est plus de sécurité pour le salarié et la solidarité.
Cet argument nous tue collectivement. La France est à plat, sa croissance est en berne, son chômage atteint des sommets. L'heure est venue de tenter radicalement autre chose! «C'est risqué», disent tous ceux qui ont les moyens de se protéger de la crise. Oui ç'est risqué, mais cela l'est moins que de mettre des rustines sur un système qui coule.
Puisque l'économie administrée ne marche plus, puisque le socialisme ne marche pas, si nous essayions vraiment la liberté? Ca n'est pas une question de droite ou de gauche, c'est une question de survie! Choisissons la liberté des entreprises et des demandeurs d'emploi en assouplissant le code du travail qui constitue un carcan, largement responsable du chômage de masse. Osons la liberté de négocier dans chaque entreprise l'organisation et le temps de travail, dans la cadre des limites fixées au niveau européen. Choisissons de mettre entre parenthèse les seuils sociaux qui figent l'emploi dans nos PME. Donnons aux entreprises et aux salariés le pouvoir de gérer leurs relations sans être menacés à tout instant par des réglementations d'une autre époque et certains syndicats qui feraient bien d'accomplir enfin leur révolution culturelle. Oui, essayons la liberté qui va de pair avec la responsabilité. Qu'avons nous à perdre? Rien, car le statu quo nous menace davantage que l'audace et cette liberté dont nous avons tant besoin à l'aube de ce 21e siècle.
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