Il faut regarder la réalité en face : la religion du paritarisme est en train de mourir. Le sabordage du dialogue social par quelques-uns de ses grands prêtres, ce schisme créé en pleine cérémonie annuelle de la Conférence sociale, a signé la fin de cette liturgie surannée, de ses codes, ses faux-semblants et ses miracles imaginaires annoncés à grand renfort de bulles triomphales. Il faut regarder les chiffres en face : ce rite ne sert plus à rien, et aucune de ces grands-messes n’a jamais créé un seul emploi.
Les moines-soldats du paritarisme – il s’en recrute chez les syndicats comme au patronat – se grifferont le visage et lacéreront leurs vêtements. Normal : avec l’effondrement du
dialogue social, c’est une manne qui s’envole et manquera à leurs chapelles. Les autres, ceux qui regardent avec les yeux du XXIe siècle ces célébrations héritées de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, se persuaderont que c’est au contraire une chance. Non que le dialogue social soit inutile ou les négociations vaines, ce serait blasphémer. Mais parce que cette religion, comme cela s’est produit plusieurs fois dans l’histoire, est arrivée au bout de ce qu’elle pouvait offrir : écrasée sous le poids des Ecritures (le Code du travail bouffi, obèse), elle ne vit plus que pour elle-même, pas pour ceux qu’elle doit protéger, salariés, chefs d’entreprise, demandeurs d’emploi.
Il faut regarder l’avenir en face : ce néant sorti de « la » cérémonie sociale de l’année offre une bonne occasion au pouvoir de tordre le cou à ces pèlerinages païens pour s’en remettre aux accords de terrain, au dialogue d’entreprise. De quitter les grandes envolées évangéliques pour le concret des créations d’emplois. Pour une fois, François Hollande aurait une chance de transformer un échec politique en début de succès social. Un miracle.
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